Why her ? ( Why Me Tome 2)

Chapitre 77

Je m'assois à ses côtés, le regard rivé sur mes mains posées sur mes fines cuisses. J'ai l'impression que je vais me faire gronder comme une petite fille. Je lance un rapide regard vers Bart. Il est adossé contre le dossier, la tête posée sur celui-ci et regardant le ciel. Il soupire et prend enfin la parole.

- Pardon d'avoir réagi comme ça. Je ne voulais pas te mettre la pression ou t'effrayer. J'ai été un peu trop euphorique à l'idée de peut-être devenir papa. Je sais qu'on a eu une enfance totalement différente l'un de l'autre et qu'on n'a pas la même image maternelle, mais être maman ça s'apprend.

- Je sais...

- J'ai besoin de savoir une chose. J'insiste, mais... Est-ce que tu penses être un jour maman ? Est-ce que tu voudrais avoir un ou plusieurs enfants ?

- Je ne sais pas Bart, répondé-je après un long silence. Je ne sais pas comment ça va se passer entre nous, je ne sais pas comment je vais évoluer, comment nous allons évoluer. Je n'en sais rien, c'est trop tôt pour en parler. Laisse-moi du temps s'il te plaît.

- J'arrive à un âge où j'ai des volontés et je préfère être clair avec toi. Je veux me marier et fonder une famille. Je n'ai pas envie de m'engager dans une relation où nous ne sommes pas sur la même longueur d'onde.

Les larmes me montent aux yeux. Est-ce qu'il est en train de rompre ? Je lève les yeux vers lui de terreur. Pas une deuxième fois, par pitié. Je ne m'en remettrai pas.

- Arrêter notre relation n'est pas une option pour moi, Khlayne... Je t'aime et je n'ai pas envie de te perdre. Attendons de voir comment nous nous développons à deux et nous en discuterons de nouveau.

- Merci, chuchoté-je.

Je le prends dans mes bras et il passe sa main autour de ma taille. Je dépose un baiser sur sa joue et dépose ma tête sur son épaule. Je respire enfin?

- J'ai pensé que tu voudrais me quitter, dis-je d'une petite voix.

- Si tu continues de dormir avec des chaussettes, alors, c'est un motif de rupture.

- Laisse mes chaussettes tranquilles !

Je lui donne un coup sur le bras et nous éclatons de rire. Je sais qu'il essaie de détendre l'atmosphère et ça fonctionne, mais notre conversation reste dans un coin de ma tête. Nous discutons un moment puis nous retournons dans notre chambre afin de faire nos sacs. Il est déjà l'heure de partir. J'ai beaucoup apprécié ce weekend en compagnie de sa famille. Il avait raison, je n'avais pas besoin de stresser autant, sa famille est adorable. Retour à la vie quotidienne après cette escapade riche en émotion. Mon stage en réanimation chirurgicale est terminé, je vais désormais en neurologie. Ce n'est pas le domaine qui m'intéresse, mais je dois y passer. Nous disons au revoir à toute sa famille, sachant pertinemment que nous nous reverrons au prochain week-end de trois jours chez leurs grands-parents maternels, puis nous reprenons la route en direction de la maison.

*

- À quoi tu ressemblais plus jeune ? me demande mon amoureux.

Allongés sur mon lit, je lève les yeux de mes révisions et réfléchis. Cela fait une semaine que nous sommes rentrés de chez ses parents et tout se passe pour le mieux entre nous. Bart est allongé à mes côtés, me fixant sans cligner des yeux, ses lunettes sur le bout du nez. Il a laissé tomber son ordinateur portable et ses fichiers excel.

- Je crois que je te les avais déjà montrées, non ?

- Oui, mais très rapidement, j'ai à peine eu le temps de les voir.

- J'ai quelques photos, mais je les regarde rarement. C'est trop douloureux pour moi.

Je me lève, sors ma boîte à souvenirs de sous mon lit et la pose sur la couverture. Je la dépoussière et l'ouvre délicatement. Ça faisait longtemps que je n'avais pas ouvert cette boîte. En fait depuis mon déménagement. Quelques objets qui me tiennent à cœur se trouvent dedans. Je sors les photos que j'ai prises durant ma semaine passée chez Béatrice.

- Voilà, ce sont les seules que j'ai.

- T'étais toute mignonne. T'as toujours la même tête.

Je souris, nostalgique de ces moments passés.

- C'est donc à ça que ressemblera notre fille ?

- Peut-être... En revanche, j'espère qu'elle sera plus heureuse.

- Je n'ai aucun doute là-dessus, répond-il en posant son menton sur ma cuisse.

Je reprends mes photos et les remets dans ma boîte. Monsieur râle, car il veut continuer de les regarder. Je la range sous mon lit et m'allonge à côté de Bart. Il se redresse, s'appuie sur son coude et me fixe.

- Arrête de me fixer comme ça.

- Khlayne, tu serais d'accord pour me parler encore un peu de ton passé ?

Je soupire, ce n'est pas ce qui m'enchante le plus. Je lui en ai déjà raconté beaucoup de choses, mais c'est normal qu'il se pose encore des questions. J'ai toujours été très vague dans mes récits, même quand je lui ai tout raconté.

- Qu'est-ce que tu veux savoir ?

- Tu sais ce qu'est devenu ton beau-père ?

Je grimace de dégoût. Je déteste parler de lui. Je le hais et j'aimerais l'effacer de ma mémoire. Je réponds :

- Non et je suis bien contente. Son départ a été un réel soulagement. Certes, j'allais me retrouver seule avec ma mère, mais c'était moins pire que de me retrouver avec lui.

- Tu ne penses pas que tu ne ferais plus de cauchemars, si tu le savais derrière les barreaux ?

Je reste quelques secondes silencieuse, je n'y ai jamais pensé. Est-ce que cela me permettrait de passer plus de nuits complètes sans être réveillée par mes souvenirs du passé ? Je suis habituée à être réveillé en larmes malgré que cela ait drastiquement diminué depuis que j'ai rencontré Bart. Cela dit, je ne rêve plus de ma mère depuis qu'elle est en prison et ça fait un bien fou.

- Je ne me suis jamais posé la question.

- Et le médecin qui t'as soigné ? Tu sais ce qu'il est devenu ?

- Je n'en ai aucune idée de qui il est. Je l'ai aperçu, mais la douleur était telle que j'ai oublié tout ce qu'il s'est passé ce jour-là. Pour être honnête, je ne souhaite pas me rappeler donc j'aimerais vraiment qu'on arrête d'en parler s'il te plaît.

- Oui bien sûr, je suis désolé de t'en demander autant, je suis trop curieux.

- C'est normal, j'ai tendance à être très mystérieuse sur mon passé, mais c'est juste que c'est toujours douloureux.

Je me faufile sous la couette aux côtés de Bart. Je l'invite à se blottir dans mes bras et il ne se fait pas prier. Il pose sa tête sur ma poitrine et je passe mon bras autour de ses épaules. Épuisée, je ne me rends pas compte que je tombe dans les bras de morphée.