Chapitre 6

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- Lâche moi ou je crie. Tu ne voudrais pas encore faire la une des magazines.

- Au point où j'en suis Khlayne, j'en ai plus rien à foutre.

- Je ne le répéterai pas.

On se regarde dans le blanc des yeux. Pour une fois, c'est lui qui a l'air déstabilisé. Ses yeux d'habitude pleins d'éclats, ont l'air vide. Il desserre légèrement son emprise.Nous nous fixons jusqu'à ce que le vigile vienne à ma rescousse. Je n'ai rien dit Jésus.

- Il y a un problème mademoiselle ? Il vous embête ?

- Non c'est bon il allait justement partir merci.

Bart me regarde toujours puis lâche mon bras. Je tourne les talons et fais ce que j'ai à faire c'est à dire ranger la marchandise dans les rayons, chamboulée.

Quand je rentre, tout est calme. Aucun bruit, ça me fait mal au cœur. Je repense aux moments passés avec lui sur le canapé́ à jouer ou encore dans la cuisine à cuisiner et bavarder. Mon cœur se serre mais je m'empêche de pleurer. C'est ce que je redoutais, cette douleur, cette sensation de solitude. Il m'avait promis qu'il ne me blesserai jamais et il a mentis. J'ai mal, beaucoup trop mal et je m'en veux d'avoir été aussi naïve. Je m'assois sur le canapé et passe mes mains sur mon visage puis dans mes cheveux. ça ne fait même pas 24h que nous sommes séparés mais j'ai l'impression que ça fait mille ans. Mon téléphone vibre, j'ai reçu un message. C'est Bart. Mon cœur s'emballe.

*De Bart* 22h30 : Sache que je t'aime.

Je supprime son numéro -ce qui est totalement stupide puisque je le connais par cœur-, puis jette mon téléphone sur le canapé. Je ne vais pas le balancer par terre non, il ne faut pas exagérer j'y tiens quand même à ce téléphone, ça coûte cher. Mais c'est surtout la première chose qu'il m'a offerte. Sans même m'en rendre compte, des larmes perlent le long de mes joues. Je pensais que ça irait, je pensais que la douleur partirait vite. Soudain, on sonne à la porte, je sèche mes larmes aussi vite que je peux et affiche un visage aussi neutre que possible. J'ouvre la porte et fais face à Maya. Lorsqu'elle me voit, elle fronce les sourcils. Mes yeux rouges et bouffis ont dû me trahir. Elle me prend dans ses bras et je finis par éclater en sanglot. Je déteste pleurer autant.

- Il m'a mentis Maya, il m'a dit qu'il ne me ferait jamais de mal.

- Je suis tellement désolée Khlayne.

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Je vous passe quelques jours, plus précisément deux. Je suis au plus bas, je ne me rappelais plus de ce qu'était la tristesse et la douleur depuis que je l'ai rencontré́. C'est étrange, je suis à la fois malheureuse et en colère. En colère contre moi parce que je suis aussi mal depuis qu'on est séparé mais surtout contre lui et sa foutue trahison. Les journées passent lentement très lentement et le fait qu'il soit toujours là à m'attendre où que j'aille n'aide en rien... A chaque fois nos regards se croisent, à chaque fois mon coeur manque d'exploser et à chaque fois je suis sur le point de craquer et de retourner vers lui pour le sentir contre moi. Nous sommes vendredi matin, je rentre du bloc après avoir passé toute la nuit à regarder une opération exceptionnelle. C'était facultatif mais je ne pouvais pas rater ça. Une greffe de poumon qui m'a foi était extrêmement intéressante. Ma matinée a donc été banalisée, je vais juste devoir aller en cours cette après-midi. Je n'ai pas envie d'avoir à confronter les regards pleins de jugement de mes camarades mais je n'ai pas le choix. Je m'y étais habituée pourtant. Will me ramène de l'hôpital. J'ai réussi à négocier avec mes tuteurs pour qu'il vienne. Il était super content. Nous entrons tous les deux dans l'immeuble et je récupère le courrier d'hier que je n'ai pas eu le temps de récupérer. Cette fois-ci ce n'est pas comme d'habitude... J'ai au moins quinze lettres dans ma boite. Il n'y a pas d'adresse d'expéditeur.

- Eh ben, ça fait beaucoup de lettre dis-moi. Ça en fait des prétendants qui sont contents que tu sois célibataire.

Je lui lance un regard vide.

- Trop tôt ?

- Trop tôt.

- Désolé.

- C'est bon, ne t'inquiète pas. Je suis crevée, on se rejoint pour les cours ?

- Oui.

Je décide les ouvrir chez moi. Je me prends un verre de jus avec quelques gâteaux et m'assois par terre, le dos calé contre mon canapé, les jambes sous ma table basse. J'ouvre, une, deux, trois puis quatre lettres. Je ne m'attendais pas du tout à ça et ça me blesse plus qu'autre chose. Tout le monde est déjà au courant... Il n'y a que des insultes du style « T'es qu'une pute, tu n'as pas honte de blesser Barthélémy » ou encore « Si je te croise dans la rue, je te plante sale pute » ou bien « J'espère que tu vas crever, t'es qu'une grosse chienne »... Je me suis dit que je devrais m'arrêter là, c'est mieux pour moi. Les lettres sont d'une violence inouïe. J'avais presque oublié à quel point c'est dur de se faire insulter par les autres. Je reste un instant, le regard au loin, touchée par ses mots très blessants. Je ne sais pas ce qu'il me prend mais je regarde sur internet. Il y a une photo du moment où je l'ai giflé. Je regarde les commentaires mais je n'aurais peut-être pas dû. Je me fais lyncher, insulter et menacer de mort. Je décide de tout prendre et regarde par la fenêtre s'il est toujours là et évidemment, il l'est. Il regarde même vers ma fenêtre. Je mets mon manteau et redescends. Plus je m'approche de lui, plus mon cœur bat, fort. Quand il m'aperçoit, il se lève et s'approche aussi. Il a une sale mine. Il a des cernes et la peau terne, il n'a pas l'air d'avoir bien dormi. Il a les yeux rouges, a-t-il pleuré ? J'avoue que je suis dans le même état que lui. C'est juste plus simple pour moi de le cacher. J'ai des années d'expériences derrière moi. Il me regarde et m'analyse. Il essaie de lire en moi et de savoir quel comportement adopter. Je déteste quand son côté psychologue ressort. Il essaie toujours de deviner ce que je ressens. En temps normal ça ne m'aurait pas autant déranger mais là je n'en ai vraiment pas envie. J'ai juste envie de construire un mur entre nous. Je lui tends toutes les lettres. Il les prend en gardant trop longtemps le contact de nos mains que je coupe rapidement, sans me lâcher des yeux.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Lis.

Il ouvre les lettre, lit et à fur et à mesure qu'il parcourt les papiers, sa tête se décompose et sa mâchoire se contracte, laissant place à la colère.

- Je suis désolé, je vais régler ça.

Je hoche la tête doucement et on reste quelques secondes sans rien dire. Pourquoi je reste encore là moi ? Les larmes commencent à me monter aux yeux. J'en ai ma claque de pleurer. Il ouvre la bouche pour parler mais je le stoppe illico, je ne veux pas céder. Je ne dois pas.

- Non Bart, juste laisse-moi.

Il ne dit rien et je pars le cœur lourd. Je sens son regard peser sur moi. Je marche d'un pas peu assuré. Il a le don de me déstabiliser et je déteste ça. Je déteste agir comme ça lorsqu'il est près de moi. Je déteste perdre le peu d'assurance que j'avais. Je rentre chez moi, travaille pour me changer les idées puis m'allonge dans mon lit avant de m'endormir avec difficulté.

Why her ? ( Why Me Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant