La Tempête

Acte II, scène 1

La chambre

Hoseok fouille dans son armoire ou fait mine de fouiller dans son armoire. Il ne sait pas trop. En réalité, il a tendance à s'échapper dans ses pensées quand ces dernières deviennent trop tumultueuses.

Le truc, c'est que Jin, lui, attend toujours et en serviette, au milieu de la chambre.

N'étant pas dans un dramas, le jeune homme, n'a pas de serviette enroulée autour de ses hanches et le torse encore dégoulinant d'humidité. On aime le cliché mais il ne faut pas non plus abuser. Il est emmailloté dans sa serviette comme un hot dog décongelé. Il trépigne d'un pied sur l'autre, frigorifié, avant de demander :

— Besoin d'aide ?

Cette simple phrase vient réveiller Hoseok qui se rappelle alors ce qu'il est censé faire. Dans un réflexe, il se relève pour se retourner, se cogne la tête, fait basculer l'étagère mal vissée de son armoire Ikea mal montée.

Le tout s'ébranle sans se détruire mais les vêtements empilés – pour ne pas dire "rangés", ce serait une aberration – s'écroulent sur le sol.

Toute sa collection, notamment, de caleçons Pokémon et Saint Seiya.

Jin baisse les yeux et même si la luminosité de la chambre n'est pas optimale il voit, et Hoseok voit qu'il voit alors il tente, discrètement, d'un coup de pied de les glisser sous le meuble.

Discrètement est le mot à rayer de la phrase précédente.

— J'ai... se racle-t-il la gorge, un ensemble de jogging à te prêter.

— Ce sera parfait.

Hoseok est rassuré, l'autre n'a fait aucun commentaire sur les caleçons. Il lui tend les vêtements et, voulant les attraper, Jin sort un bras de sa serviette. Le tissu glisse tandis qu'il s'approche du lit.

Le locataire cligne des paupières, perdu, et quand il comprend que son interlocuteur va se changer, il panique, se retourne, cherche à sortir, trébuche sur un caleçon, tente de se rattraper de son autre pied dont l'orteil rencontre le meuble.

Chaotiquement, Hoseok se plie de douleur, étouffe un juron, serre les dents, souffle comme un bœuf et se redresse. Il est tout rouge, les larmes aux bords des yeux et clopine, dignement, pour rejoindre la sortie.

Jin n'a rien loupé mais il a déjà enfilé le jogging.

— Ça va ?

— À merveille.

Hoseok a l'impression d'avoir perdu son orteil à la guerre. C'est surtout sa dignité qui est littéralement écrabouillée.

— Merci pour les vêtements, j'aurais plus chaud comme ça. J'aime cette marque de jogging, tu pratiques quoi comme sport ?

— Je ne pratique pas vraiment de sport.

Ceci est un pyjama mais après la suite chaotique qui vient de se produire, Hoseok ne va pas ajouter cela à sa tirade.

— Enfin je voulais courir à un moment donné mais j'ai eu beaucoup de travail.

Faux.

— Et toi ?

— Je vais à la salle deux fois par semaine.

Hoseok, mortifié, tend le bras :

— On va mettre tes vêtements à sécher sur le radiateur de la salle de bain, si tu veux.

— Merci.

Il s'éloigne, son orteil semble ne pas avoir perdu toute sa sensibilité nerveuse, il va donc pouvoir remarcher.