Acte IV, scène 1

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Le salon

Mesdames et messieurs, un nouveau personnage entre en scène.

Hoseok ne sait pas comment il doit se sentir. Sidéré, il observe son colocataire, bras dessus, bras dessous avec l'inconnu en uniforme comme s'il venait de braver un combat. Une guerre. Une fin du monde.

Ce dernier lâche son sac, un énorme fourre-tout trempé comme une serpillère, et les salue simplement d'un mouvement de main. Il a le visage frappé par le vent et la pluie, presque les yeux d'un illuminé, entre l'adrénaline et l'état de choc.

Jin les regarde, cligne des yeux puis se tourne vers Hoseok. Il ne comprend pas tout. Vous non plus.

C'est bien, c'est le but.

— Je l'emmène à la salle de bain, annonce Jungkook.

Il a une attitude héroïque, sûre de lui et aussi rapidement qu'ils sont entrés, les deux héros trempés disparaissent dans le couloir opposé.

De nouveau le locataire et l'invité se retrouvent en tête à tête.

— Qui est ce type ? Tu le connais ? s'étonne Jin.

— C'est compliqué... je ne le connais pas vraiment...

— C'était le type qui était dehors y a quelques minutes ?

L'invité soupire :

— Faut avoir un grain pour sortir comme ça sous un typhon, il aurait pu se tuer.

Le silence s'impose mais Jin fronce les sourcils :

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Rien, c'est juste...

Des éclats de rire se font entendre depuis l'autre bout de l'appartement – qui n'est tout de même pas bien grand – et Hoseok tend l'oreille.

Cette journée est vraiment la plus déroutante qu'il n'a jamais vécue.

— Comment on est censés faire avec quelqu'un en plus ? interroge Jin, l'air profondément inquiet.

— Comment ça ?

— Une nouvelle bouche à nourrir alors que vous n'avez rien à manger.

Hoseok n'a pas pensé à ça. Il se dirige alors vers le frigo.

La cuisine

À l'intérieur du corps de Henry – le frigo toujours – tout est sombre. L'électricité a de nouveau flanché et ne semble pas prête à redémarrer. Hoseok retire les rares aliments qu'il voit : des glaces, trois cônes menthe chocolat, du poisson cru en train de décongeler, des fruits rouges en décongélation aussi. Un yaourt, un fond de lait et de jus de fruit.

Jin se permet d'ouvrir les placards et lui aussi se met à disposer, sur le seul espace de travail pas encombré de vaisselle sale, ses trouvailles : des petits crackers périmés, deux trois cookies bien secs, un sachet entier de céréales, des amandes et de la sauce tomate.

Hoseok consulte l'heure sur la petite horloge accrochée au mur. Le constat est sans appel, il va être difficile de tenir encore vingt et une heure dans ces circonstances alimentaires.

Le trésor est pauvre et l'invité fixe la boîte de crackers périmés avec une moue dégoûtée.

— C'est dingue d'avoir si peu de vivres dans des conditions pareilles...

— On n'est pas tous nés avec une cuillère en argent dans la bouche, réplique Hoseok machinalement.

— Ce n'est pas le cas, s'irrite son interlocuteur.

La TempêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant