𝐁𝐋𝐔𝐄 𝐋𝐎𝐂𝐊 ❘❘ 𝐎𝐧𝐞𝐬𝐡𝐨𝐭𝐬 ツ

𝐈 - 𝐇𝐘𝐎𝐌𝐀 𝐂𝐇𝐈𝐆𝐈𝐑𝐈

En cette période d'hiver, les festivités sont nombreuses. Les familles sont réunies, les allées décorées et illuminées et les tables pleines de différents mets tous plus délicieux les uns que les autres.

Seulement moi, Hyoma Chigiri, suis bel et bien seul pour les fêtes de fin d'année. Depuis quelques semaines, le Japon s'active pour les préparations de Noël mais tout cela a peu d'importance pour moi car cette année encore, je n'aurais qu'à ma table, mon ballon de foot et moi même.

Le comble à vrai dire pour une fête qui se partage en famille ou entre amis mais je n'ai personne à mes côtés une fois encore. Il n'y a qu'une seule personne que j'aurais aimé voir en ces temps. Cette fille qui depuis mon premier entraînement, m'obsède.

Je l'eus croisé plusieurs fois dans la ruelle la plus fréquentée de notre ville. Vêtue de son long manteau et attendant patiemment qu'on lui serve une tasse de soupe bien chaude. Je suis persuadé qu'elle vient tout les jours ici, les patrons du stand ont l'air de bien la connaître.

Je n'ai jamais osé lui parler, j'ai peur qu'elle ne me porte aucun intérêt et qu'elle pense que je suis ennuyeux. En réalité, mes peurs sont totalement infondées. Cette fille est de loin la plus gentille et serviable que je connaisse. Je ne l'ai jamais vu faire preuve d'irrespect envers qui que ce soit.

J'aimerais tant passer ces fêtes d'hiver auprès d'elle. Malheureusement, elle doit avoir un tas de gens avec qui fêter Noël...

Les illuminations de la ville commençaient à me déprimer et il se faisait déjà tard alors je mis sur le chemin du retour. La route la plus courte m'oblige à passer sur le pont qui donne vue sur le terrain de football. C'est à ce moment que j'aperçus une silhouette au loin tirant à plusieurs reprises dans les cages.

Huit ballons sur dix de marqués. Pas mauvais mais à cette distance, impossible de voir qui jouait à une heure si tardive. J'approche du grillage et réussis à distinguer sa silhouette. La fille qui m'avait tant hanté l'esprit ces derniers temps se trouvait là, seule sur le terrain, tirant à multiples reprises dans des ballons.

Elle est de dos mais n'a pas l'air enjouée ?

Je veux aller la voir mais quelque chose m'en empêche. Je rentre chez moi ? Ou je dépasse ma peur insensée ?

J'étais sur le point de faire demi-tour lorsque je m'arrêta, respira un grand coup et éleva la voix pour qu'elle m'entende.

« - Eh, tu vas te faire mal, le gazon est glissant et tu n'as pas une tenue adéquate ! »

Elle cessa de bouger, se retourna et me fixa assez longtemps pour que je remarque qu'elle....pleurait ?

« - Chigiri ? Chigiri Hyoma ? » souffla-t-elle dans son écharpe qui couvrait presque l'intégralité de son visage.

Je m'empressa de la rejoindre en sautant par dessus le petit portail jamais ouvert, sans aucun doute celui qu'elle avait également emprunté.

Je me retrouva devant elle, essouflé, presque gêné de la proximité mais malgré les quelques rougeurs apparues sur mon visage que je tenta de cacher avec mes longs cheveux, je lui tendis un mouchoir en tissu qu'elle saisissait rapidement.

On resta un long moment à ne rien dire, mes yeux refusant de quitter le sol tant la situation me rendait nerveux. Quand à elle, elle tenait toujours le ballon du bout de ses pieds faisant des allers-retours.

« - Tu es placée trop loin des cages pour ta force de frappe, c'est pour ça que tu as manqué deux tirs, ai-je tenté d'articuler afin de détendre l'atmosphère.

- Alors pourquoi en ai-je réussi huit ? Tous tirés dans les même conditions, répondit-elle.
- Laisse moi corriger ton tir. S'il te plaît. »

Chigiri paraissait alors bien plus sérieux et sûr de lui qu'à l'instant. Il lui pris son ballon afin de l'inciter à venir le chercher. Elle le regardait, jouer seul, des étincelles dans les yeux.

Chigiri Hyoma, ce garçon si calme, à l'apparence féminine était en vérité tout sauf tranquille lorsqu'il s'agissait de football.
La fille qui lui plaisait tant se prêta au jeu et tenta à multiples reprises de lui voler le ballon sans grand succès.

Ce ne fut qu'une heure plus tard qu'ils se rendirent compte qu'en plus de ne pas avoir vu l'heure passer, il s'était mit à neiger.

« Tu es incroyable Chigiri ! Je n'ai pas réussi une seule fois à te le prendre, ton talent au football est indéniable !! lui lança-t-elle »

La jeune fille, sous l'éclairage du terrain et de la neige tombante, offrit à Hyoma le sourire le plus beau et sincère qui lui ait été donné de voir.

Aux yeux du jeune homme, le temps s'était comme figé. Il resta là, planté sur le terrain à la regarder avec une tendresse inégalable.

"Je suis amoureux"

C'était désormais certain, son cœur fut dérobé et il n'était pas prêt de le récupérer.