𝐕𝐈𝐈𝐈 - 𝐑𝐄𝐍𝐒𝐔𝐊𝐄 𝐊𝐔𝐍𝐈𝐆𝐀𝐌𝐈

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Il est actuellement 15h30 et c'est l'heure pour mes petits poussins de s'entraîner.
Dans l'école primaire de notre ville, je suis coach de l'équipe junior de football.
Sous peu, mes petits génies vont affronter l'école primaire de la ville voisine.
Autant dire que depuis l'annonce du match, ils se donnent tous à fond.
J'aime l'énergie que dégage ces enfants. Ils sont joyeux, volontaires et fair-play ; jamais ils ne m'ont déçue.

« - Coach ! Est-ce que je pourrais jouer avant-centre pour la rencontre de la semaine prochaine ?
- Non ! C'est moi qui jouerait à ce poste !
- Bah, et pourquoi ce serait toi ? Moi aussi je veux jouer en attaque.
- Ça suffit ! Je ne veux aucune dispute. Pour décider de qui jouera la semaine prochaine, on va faire des tests. À la fin de la séance et selon les résultats, je déciderais de qui pourra jouer alors donnez vous à fond comme d'habitude d'accord ?
- D'ACCORD !! »

La fin des jeux avait sonnée, les résultats parlent pour eux même. La joueuse au maillot n°4 sera celle en avant-centre.
Cette petite brillait plus que quiconque sur le terrain, elle saura mener son équipe à la victoire.

Plusieurs déceptions se firent entendre, particulièrement venant des garçons qui n'acceptent pas qu'une fille les surpassent.
L'égo masculin n'a pas d'âge visiblement.
Je tenta alors de détendre l'atmosphère mais rien à faire, personne n'écoutait.

Les parents venaient d'arriver afin de récupérer leurs enfants. J'étais assise sur les gradins, tendant des serviettes et de l'eau à mes petits joueurs lorsqu'un homme d'âge mûr s'avança vers moi l'air furieux.

« - Qu'est-ce que ça veut dire ?! Mon fils ne jouera pas en avant la semaine prochaine ? Pire encore, une fillette stupide occupera son poste ?! C'est ridicule, changez-moi cette organisation immédiatement !
- Monsieur, je vous prie de vous calmer, on peut discuter de ce sujet correctement mais sachez que je ne changerais pas d'avis. Tout a déjà été décidé.
- Sale garce, tu vas voir ! »

Le ton désagréable de cet homme montait, je ne voulais pas que les enfants entendent cette conversation qui tournait plutôt mal.

J'étais sur le point de tenter de le raisonner mais avant de pouvoir faire quoi que ce soit, il leva sa main, prêt à me gifler.
Paralysée par l'idée que d'autres me voit complètement impuissante, je resta immobile, les yeux fermés me préparant au choc.

Quelques secondes s'écoulèrent sans aucun bruit.
Aucune gifle ?

Je rouvris doucement les yeux et à ma surprise, le bras de l'homme était toujours en l'air, mais fortement retenu par un autre.
Un jeune homme bien plus grand et à la carrure bien plus imposante l'avait empêché de me frapper.

« - N'avez-vous jamais appris que ce n'est pas ainsi qu'on traite une femme ?
- ....lâchez-moi !
- Présentez vos excuses à cette jeune femme d'abord et à ma petite sœur également.
- Votre petite sœur ?
- Vous l'avez insulté de fillette stupide avant de vous en prendre à sa coach si je ne me trompe pas. Vous croyez que c'est normal ? »

Sa poigne se resserrait causant davantage de douleur à ce faiblard.

« - D'accord, d'accord ! Je m'excuse, pardon d'avoir voulu vous gifler et pardonnez moi pour mes paroles. Je ne recommencerais plus.
- Évidemment que vous ne recommencerez plus, n'est-ce pas évident ?
- Oui ! Je le jure.
- Vous acceptez ses excuses mademoiselle ?
- ...Oui, vous pouvez le lâcher. »

Le jeune homme laissa partir cet homme avec son fils.
Il se retourna soudainement et se baissa avant de prendre dans ses bras une petite fille qui s'empressa de le serrer dans ses bras.

« Grand frère ! »

« - Est-ce que vous allez bien toutes les deux ? demanda-t-il,
- Oui, merci beaucoup pour votre aide.
- Moi aussi je vais bien !!
- Tant mieux, je m'appelle Kunigami Rensuke, je suis le grand frère de cette petite championne, enchanté de faire enfin votre connaissance.
- Enfin ? Ravie de vous rencontrer également, j'ai beaucoup entendu parler de votre carrière de footballer.
- Oui, elle me parle tout le temps de vous. Elle dit que vous êtes gentille, belle, drôle et j'en passe...
- Que d'éloges, c'est adorable. Votre sœur est un ange et une excellente joueuse pour son jeune âge. Elle a de l'avenir. »

Kunigami ne me quittait pas du regard, un regard plein de bienveillance.
Il était sûrement très heureux d'apprendre que les efforts de sa petite sœur payaient.

Quelques minutes plus tard, les derniers parents partirent et il ne restait plus que moi sur le terrain, finissant de ranger le matériel.

La semaine suivante, j'encourageai mes petits prodiges à écraser l'équipe en face d'eux mais plus important encore, je voulais qu'ils s'amusent.
Tous étaient enjoués et prêts à en découdre sauf un ;

« Avec la sœur de Kunigami à l'avant, attendez vous plutôt à perdre. C'est une fille, qu'est-ce que vous espérez ? »

Ça suffit les remarques misogynes, il commence à sérieusement m'agacer et à stresser ses coéquipiers.

« Écoute, je sais que tu es déçu de ne pas jouer à sa place mais encore une de tes remarques et ce match, c'est sur le banc que tu vas le passer ! »

Il baissa le regard et acquiesça à contre cœur.

Le match débuta et jusqu'à présent, tout se déroulait comme prévu.
La numéro quatre assure et a déjà scotché de nombreux parents.
J'adore voir leur visage étonné quand une joueuse sous estimée est au coeur de l'action.

Au fur et à mesure que le match avançait, quelque chose changea.
L'adversaire devenait beaucoup plus agressif qu'au départ et l'arbitre me paraissait louche également.
Beaucoup de fautes auraient dues être sifflées ce qui n'a pas été le cas.
Même les parents commençaient à se poser des questions sur le respect des règles.

Je m'apprêtais à faire une remarque à voix haute mais quelqu'un se saisit de mon poignet et me murmura quelque chose dans l'oreille.

« - L'arbitre est corrompu.
- Kunigami ? Qu'est-ce tu racontes, non ça doit être un malentendu, c'est tout.
- L'homme de la dernière fois a payé l'arbitre pour que l'équipe adverse puisse gagner.
- Mais pourquoi faire ? Son fils est dans l'autre camp.
- Pour évincer ma petite sœur, pour que tu regrettes de ne pas l'avoir laissé jouer avant-centre.
- Je vais leur en toucher deux mots à ces tordus !
- Non ! Maintenant que l'arbitre est partisan d'une équipe, on ne peut rien faire. »

Ça me brisait le cœur pour mon équipe mais Kunigami avait raison.
C'est trop tard pour arrêter le match mais jamais trop tard pour réagir.

À la mi-temps, je rassembla tous les joueurs ainsi que Kunigami.
J'incita chacun à continuer de respecter les règles, de rester fair-play et surtout de ne pas rentrer dans le jeu adverse.

« Continuez de jouer comme vous le faites toujours, rendez fier vos parents, moi et le plus important, vous même. »

Mon nouvel ami m'observait du coin de l'œil, un tendre sourire aux lèvres.
C'est moi qui lui fait cet effet ?

Le match repris et comme on pouvait s'y attendre, mes talentueux petits perdirent trois buts à deux.
Malgré la défaite, j'étais fière d'eux.
À mes yeux, les vrais vainqueurs sont justes devant moi.

« J'avais dis quoi ? Personne ne m'a écouté mais j'avais raison. Une fille ne surpassera jamais un garçon au football. »

Il ne s'arrêtera jamais de dire des idioties, lui.

Heureusement, Kunigami et sa petite sœur se trouvaient un peu plus loin, aucun d'eux n'avait entendu.
La pauvre était si triste d'avoir perdu, elle qui était si impatiente de ramener une victoire à la maison.

Une dizaine de minutes plus tard, Kunigami se rapprocha de moi, la main derrière la nuque et sa sœur riant derrière sa jambe.

« - Excuse moi, je peux te demander une faveur ?
- Oui évidemment !
- Accepterais-tu une invitation à boire un verre tout les deux vendredi ?
- Moi ? Seule avec toi ?
- Tu vois, c'est la première fois que je rencontre une fille comme toi, tu es tellement bienveillante, belle et douce avec les enfants. Tu es parfaite. »

« Après tout, pourquoi pas ? Chacun a sa faiblesse et la mienne, c'est lui. »

𝐁𝐋𝐔𝐄 𝐋𝐎𝐂𝐊 ❘❘ 𝐎𝐧𝐞𝐬𝐡𝐨𝐭𝐬 ツOù les histoires vivent. Découvrez maintenant