Chapitre 4:

41 5 0
                                    

KATE

25 novembre, Magnificent Mile, Chicago

   Je me réveille vers neuf heures quand j'entends des voix dans le salon. Qui m'a mère a-t-elle bien pu inviter aussi tôt et pourquoi ? Je déambule dans le couloir avec mon peignoir blanc en laine, les yeux à moitié fermés, pour aller dire bonjour au potentiel voisin qui vient certainement emprunter de la farine à ma mère ou quelque chose dans le genre. Je m'arrête net lorsque je vois enfin de qui il s'agit.

-Mark ?

-Bonjour à toi aussi, Kate.

-Il est gentiment venu te rapporter des affaires que tu avais oubliées hier au magasin ! Reprends ma mère.

-M-merci, mais comment nous as-tu retrouvé ? Arrivais-je à placer entre deux bégaiements.

-Tu m'as laissé le numéro de téléphone de ta maman en créant sa carte de fidélité. Je l'ai appelé dès que je m'en suis rendu compte.

-Je lui ai dit de passer ce matin. Ajoute-elle.

La bonne nouvelle, c'est que je ne me suis pas trompée de numéro hier, la mauvaise c'est que : MARK EST DEVANT MOI ET QUE JE SUIS EN VIEUX PEIGNOIR. Il a dû remarquer ma gène car il s'empresse d'ajouter :

-Je vais devoir vous laisser, le travail m'attend. Merci pour le thé et les biscuits Madame Wood. C'était délicieux.

-C'est Kate qu'il faut remercier ! Elle fait des miracles en cuisine.

-Je te remercie Kate, à bientôt j'espère.

Immédiatement après avoir fermé la porte derrière lui, ma mère me lance un regard qui veut dire : tu devrais l'inviter à diner.

En effet, trois jours plus tard, Mark est invité par ma mère, qui est partie faire des courses, je me retrouve donc seule avec lui (je la soupçonne d'avoir fait exprès). Après m'avoir demandé des dizaines de fois de lui montrer mes fameux talents de pâtissière, je finis par céder et commence la préparation de roulés à la cannelle en sa compagnie. Il se charge de me donner les ingrédients et je prépare la pâte ainsi que la garniture. Alors qu'il passe son bras autour de moi pour prendre le petit récipient de cannelle, un frisson parcourt mon dos. Je continue ma cuisine et baisse ma tête pour cacher mon rougissement.

Ce doit être la meilleure pâtisserie qui existe sur terre. Son odeur rappelle les festivités de l'hiver et son goût réchauffe le cœur. Mark en a embarqué quelques-uns avant de retourner travailler. Finalement il n'est pas si pénible, je pourrais même l'apprécier. Nous avons échangé nos numéros de téléphone, ce qui nous évitera de communiquer grâce à celui de ma mère. Cette nuit je rentre à l'hôtel, parfois il est important de se retrouver seul. Je prévois de passer ma soirée à visionner des films de noël à l'eau de rose. A défaut de n'avoir aucune vie sentimentale, je peux pleurer devant un film avec un bon chocolat chaud sans me faire juger, bien que je n'aurais pas à le faire si j'avais un amoureux.

Sept jours se sont écoulées et je n'ai rien fait de plus. J'appelle ma mère tous les jours et nous avons déjeuné ensemble samedi. Elle pense que je visite la ville mais je passe surtout mes journées dans l'hôtel à regarder des films ou faire de la pâtisserie. Je me prépare à regarder un film qui ressemble aux trois précédent quand que je reçois un message.

Coucou ! C'est mark. Tu veux prendre un café ?

Je panique totalement et je ne réponds pas ce que j'aurais aimé dire. Bien sûr que j'en ai envie mais je ne peux pas y aller comme ça ! Je reste en pyjamas depuis deux jours et le lavage de mes cheveux remonte à la même date.

En fait je préfère le chocolat chaud.

C'est vrai que je ne t'ai pas demandé tes préférences. Alors un chocolat chaud ça te dis ?

Avec plaisir ! Laisse-moi juste une petite heure pour me préparer.

Pas de soucis ! Envoie-moi l'adresse de ton hôtel et je passe te chercher.

Je lui communique l'adresse en vitesse et me précipite vers la douche. J'enfile un jean large bleu ainsi qu'un gros pull en laine rouge aux rayures blanches et je n'oublie pas mon manteau et mes gants qui éviterons mes doigts de tomber à cause du froid. Je le rejoins d'un pas pressé et il nous emmène au Leonidas Café Chocolaterie, parfait pour me réchauffer. Après avoir commandé nos boissons, je commence par lui demander ce qu'il faisait le premier jour où nous nous sommes vus, au beau milieu de la nuit, alors qu'il a déjà un appartement dans cette ville.

-Je m'occupais d'une livraison mais ma voiture n'a pas apprécié la neige. Je suis directeur marketing de l'entreprise familiale de la boutique dans laquelle on s'est vus l'autre fois.

-Je comprends mieux.

-Et toi tu es ici à cause d'un événement qui est annulé c'est ça ? Demande-t-il.

-J'avais un concours de pâtisserie à Los Angeles mais il n'a pas eu lieu à cause de la tempête. Personne n'a réussi à venir et la compétition s'étendait sur un mois environ.

-Donc c'est sûr, tu ne restes pas ?

-Mon vol retour est le vingt-sept décembre, ça me laisse le temps de passer noël avec ma famille, ensuite je rentre à New-York.

-Oh.

Je sens une légère déception dans sa voix. C'est vrai que je me plais ici. Le paysage est beau, je suis proche de ma mère, je me fais des amis...Mais je n'ai pas la boutique dans laquelle je travail et, même si je cherche une autre pâtisserie dans laquelle je serais mieux rémunérer que celle actuelle, j'ai peur de ne pas me plaire à Chicago sur le long terme. Je m'y rendrai pendant les vacances, ça devrait me plaire ainsi.

Nous passons l'après-midi à rigoler et à faire les magasins. J'ai acheté quelques cadeaux pour le dîner du vingt-cinq décembre et lui de même. Nous nous baladons dans le Millennium Park et Mark repère une patinoire. Il me tire dans sa direction mais je résiste. Pas la peine de me ridiculiser et de tomber devant tout le monde ! Je ne suis pas une très bonne patineuse, je préfère rester sur la terre ferme et je lui fais savoir.

-Je suis sûre que tu n'es pas si nulle que ça. Dit-il en enfilant ses patins à glace.

J'ai finalement cédé, c'est sûr que je vais rigoler mais mon postérieur va certainement aussi en prendre un coup.

-Crois moi c'est catastrophique, j'ai l'agilité et la souplesse d'un éléphant ! Promets-moi de ne pas me lâcher.

Il me regarde en rigolant et prends mon bras.

-Je te le promets, Kate.

Je pose finalement mon pied sur la glace, d'un pas peureux, toujours accrochée au bras de Mark. Nous avançons très lentement jusqu'à la barrière à l'autre bout de la piste et je m'accoude à la rambarde pour soulager mes jambes. Il me fait remarquer que je m'en sors bien mais je sais qu'il ment, je suis actuellement plus rigide qu'un balai. Quand j'essaie de repartir, seule cette fois, la lame de mon patin se prend dans l'autre et je manque de tomber. Mark attrape mon bras et me rapproche de lui pour que je ne trébuche pas. Je sens mes joues chauffer lorsque je remarque que nos visages ne sont plus qu'à une vingtaine de centimètres et je détourne la tête avant qu'il s'en aperçoive. Puis je le remercie de m'avoir évité une chute. Il doit me trouver tellement ridicule. Le grand brun me propose enfin de partir après un énième fou rire à cause d'une de mes cascades. On récupère nos sacs puis nous continuons notre marche. Mon téléphone sonne mais je l'ignore, je veux profiter de ce moment, de l'air frais qui chatouille mes cheveux châtains, des arbres qui perdent peu à peu leurs feuilles rougeâtres, le léger craquement de la neige fine sous mes pieds, du chant des oiseaux, et aussi de mon ami qui m'a sorti de mon hibernation. Je m'excuse quand il sonne une deuxième fois.

-Tu devrais répondre. Me suggère-t-il. C'est peut-être important.

Sur ces mots, je décroche.

𝑼𝒏 𝒏𝒐𝒆𝒍 𝒂 𝑪𝒉𝒊𝒄𝒂𝒈𝒐Où les histoires vivent. Découvrez maintenant