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Takemichi

Après cette découverte, mon corps se crispa, ma vue se brouilla et mes mains tombèrent mollement de chaque côté  laissant la télécommande se fracasser au sol.

En état de choc je restai un long moment comme ça, dissocié de mon corps, enfermé dans mes pensées ou plutôt dans un silence mortuaire car je n'arrivais plus à réfléchir.

J'aurais pu deviner que Manjiro faisait partie du Bonten. Il avait toujours une écharpe autour de sa nuque et quand il l'enlevait il la cachait, il ne m'avait jamais donné d'explication sur son tatouage devenant froid et distant quand je lui avais fait remarquer que celui-ci était visible. En plus de cela la forme rectangulaire et la couleur aurait dû m'interpeller, j'avais dû faire face à ce symbole plusieurs fois en vrai ou non, je le connaissais très bien et je savais à quoi elle ressemblait alors pourquoi avec lui je ne l'avais pas reconnu ? J'étais parano à cette période et un rien m'interpellait !

Quand nous étions allés dans cette boutique, il ne portait pas d'écharpe car il m'avait prêté la sienne et comme de par hasard dès qu'il s'était retrouvé dos à une glace et que j'avais la possibilité d'apercevoir le symbole du Bonten il était sur ses gardes et s'était retourné dès que j'avais relevé les yeux. Comme ce jour où nous étions allés à la plage, je lui avais fait remarquer que son tatouage était visible et il s'était retourné vers moi complètement paniqué ! Son état portait à confusion et pourtant j'avais une nouvelle fois laisser passer.

Maintenant que je me remémorais les moments suspects des dizaines et des dizaines d'indices qui auraient dû me mettre sur la voie me venaient en tête.

La fois où un soi-disant collègue de travail s'était ouvert le genoux, son écharpe était remplie de sang et une simple plaie n'aurait pas pu faire ça c'était d'ailleurs étrange qu'ils appellent les pompiers mais qu'ils se permettent de descendre cet homme.

Me rendant compte que j'avais fait face à un cadavre, mes doigts furent agités de tremblements que tous mes membres ne tardèrent pas à suivre.

Maintenant que j'y pense, notre rencontre s'est passée le lendemain de mon interrogatoire. Il était rentré sur mon lieu de travail et a fusé vers les toilettes, il en est sorti une vingtaine de minutes après, comme s'il avait cherché diverses preuves sur comment le précédent homme aurait pu s'enfuir. Ce qui me frustre le plus c'est que je m'en étais posé des questions mais naïf comme je suis, j'avais pensé que je n'avais aucune raison de m'en faire et j'ai laissé faire les choses comme un idiot.

Manjiro ne m'avait jamais parlé de son métier me disant que ce n'était pas important alors qu'il était friqué comme jamais. Toutes ces fois où il avait des impératifs et qu'il ne pouvait pas rester... Ou encore tous nos rendez vous n'étaient jamais prévus à l'avance et c'était un peu la surprise de le voir débarquer !

Tout ça aurait pu me mettre sur la voie... Des larmes dévalèrent enfin mes joues. J'avais été pris pour un idiot. Bon sang je sortais avec le leader du Bonten sans le savoir et maintenant que je suis au courant je me sens dégoûté. Pour une fois que je trouvais quelqu'un qui me correspondait, pour une fois que j'aimais quelqu'un à ce point et pour une fois que cette personne m'aimait en retour il fallait que tout ça soit faux !

Le Bonten est un gang horrible, ils enchaînent les meurtres contre de l'argent, les vols, ils sont impliqués dans des affaires de prostitution et j'en passe et Manjiro est le boss de cette connerie. C'est étrange, la nouvelle m'affecte énormément mais ça n'entache pas mes sentiments et juste ça... Ça me dégoûte.

Je me levai soudainement, enroulai son écharpe autour de mon cou et me precipitai chez mon ami le plus proche, Mitsuya. Je toquai furieusement à sa porte le souffle court et les joues inondaient de larmes.

Une étoile //MitakeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant