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Takemichi

Je me réveillai en plein milieu de la nuit quittant mon doux sommeil. Une semaine s'était écoulée depuis ma fête d'anniversaire et pas grand chose n'avait changé si ce n'est le fait que j'avais repris mon travail à mon plus grand dam.

Manjiro avait profité du weekend pour m'emmener "chez lui" soi-disant parce qu'il en avait marre des murs trop fins chez moi mais j'avais une autre théorie.  À chaque fois qu'Aiko, ma voisine, venait nous rendre visite il claquait sa langue contre son palais, geste signifiant qu'il était agacé. N'étant pas dupe je me doutais bien qu'il était énervé de sa présence mais lorsque je lui posai la question il ravalait sa jalousie pour prétexter une envie soudaine de faire bouger sa langue comme si cela n'avait rien d'anormal.

Celui-ci dormait d'ailleurs paisiblement à mes côtés, ses gigotements auparavant habituels étaient devenus de plus en plus rares jusqu'à ne plus se montrer. J'en étais rassuré, je ne savais pas pourquoi Manjiro bougeait dans son sommeil et lui non plus mais s'il ne le faisait plus c'est que quelque chose s'était arrangé.

Je m'appuyai sur ma main et le contemplai d'un meilleur angle. La lumière étouffée par les rideaux rendait ses traits plus fins. Ses longs cils recouvraient ses iris noirâtres qui tranchaient avec le blanc de ses cheveux. Sa peau blanchâtre au soleil semblait grise en l'absence de celui-ci.

J'approchais ma main de lui et avec l'aide de mon index je traçais le contours de sa mâchoire aussi fine soit elle. Je le descendis petit à petit vers son cou suivant les petits renflements de celui-ci. Tout était mince sur lui, certes beaucoup moins qu'avant mais il avait quand même une certaine maigreur qui subsistait tout comme ses lourdes cernes.

Je fis rouler mon corps pour m'installer sur lui et je me tins légèrement surélevé pour continuer ma contemplation. Je rapprochais une nouvelle fois ma main de son visage pour toucher ses cernes avec mon pouce.
Ça allait prendre un certain temps avec qu'il guérisse entièrement.

Je sais pertinemment que les épreuves par lesquelles il était passé l'avaient épuisé, c'est d'ailleurs pour ça que je le laissais prendre son temps sans le brusquer. Il s'était déjà rendu compte que la violence n'était pas un idylle et cette révélation changeait la donne. Pour l'instant il ne pouvait pas l'éviter tout simplement pour rester dans son rôle encore quelque temps... Juste le temps qu'il trouve de lui-même la solution. Oui je vais l'y aider et le guider mais ça ne sera pas moi qui lui exposerait.

Je déposai ma tête sur son épaule tenant son poignet entre mes doigts et me rendormis.

Aussitôt fus-je réveillé, je remarquais son absence. Je n'avais pas eu besoin de lever une seule paupière, le simple fait de ne pas sentir son odeur m'amenait la réponse.
Il avait jusque là toujours tenu sa promesse "Je te ne laisserais pas seul Takemichou". Eh bien mon gars il me semble qu'il y'a eu tromperie sur la marchandise. Je me tournais dans l'espoir que mon nez se soit fait des illusions mais même à l'autre bout de la chambre il n'y avait aucune trace de sa présence. Résigné, je me levais à contrecœur qui avait envie de déambuler dans un environnement qu'il n'avait visité que 4 fois ? Sûrement pas moi et encore moins ici. J'enfilais vite fait un haut et un bas ainsi que mes chaussures, je récupérais d'un mouvement mon écharpe et j'étais fin prêt à mettre les pieds dans cette nouvelle jungle.

J'eus tout de même une pensée pour Manjiro, s'il était parti un dimanche matin sans me prévenir c'est que la situation devait être chaotique.

Non mais sérieux, tout était fait pour me rassurer aujourd'hui !

Je descendis les escaliers priant pour ne croiser personne, pas même un chat. J'allais directement au rez-de-chaussée sans même passer une tête aux autres étages, premièrement parce que j'étais dans le QG du plus grand cartel du Japon et ensuite parce que je ne souhaitais pas voir des choses quelque peu... dérangeantes si vous voyez ce que je veux dire. Je fais bien évidemment référence à une jambe solitaire ou bien encore du sang ou peut-être même de la cer- tais toi Takemichou tu te fais peur toi même.

Une étoile //MitakeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant