Chapitre 1 : Commencement

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Cette histoire va sûrement vous sembler absurde. Peut-être même que vous penserez que je suis une menteuse. Je le comprendrais. Mais écoutez-moi bien : si vous atterrissez un jour dans les Backrooms, vous devez savoir quoi faire. Vous devez adopter les bons réflexes immédiatement. Sinon... vous ne reverrez jamais le monde que vous avez connu. Je fais partie des rares à être revenue vivante. Et croyez-moi, ce n'est pas grâce à mon intelligence, mon courage ou je ne sais quelle connerie héroïque. C'était juste de la chance. Rien d'autre. Avant ça, j'étais une ado comme les autres. Une élève ordinaire. Jusqu'à ce que tout déraille.


Je courais à perdre haleine à travers des couloirs interminables bordés de tuyaux métalliques. Mon sac semblait peser une tonne. Ma vision se brouillait, sans que je comprenne pourquoi. Mes jambes ralentissaient, trahies par la fatigue. Et derrière moi, quelque chose grondait. Un bruit sourd, lourd, qui s'approchait.

Puis, d'un coup, tout s'éteignit.

-Je te tiens, petite merdeuse !

La voix claqua dans l'air comme un coup de tonnerre. J'ouvris les yeux. Juste... le collège. Et un concierge furieux.

-Monsieur Pillard ! Non mais vous allez jamais deviner ce qui vient de se passer !

-Oh, crois-moi Talia Golden, j'ai tout deviné. Tu as joyeusement repeint la porte du hall et tu t'es enfuie comme une lâche.

Son sourire était immense. Fier. Carnassier.

-Ce n'est pas vraiment ce qu'il s'est...

-FERME-LA !

Je n'ai pas insisté. Je savais que c'était peine perdue. Monsieur Pillard avait une obsession maladive pour les règles et l'ordre. Le genre d'adulte qui pense qu'un chewing-gum collé sous une table mérite la prison à vie.

Il m'attrapa par l'épaule et me traîna vers le bureau du proviseur.

La vérité ? C'était mes amis qui avaient peint cette foutue porte, sans même me prévenir. J'avais ri, bêtement, en découvrant leurs dessins ridicules sur la vitre fraîchement lavée. Je n'aurais pas dû. Surtout pas quand j'ai vu leurs têtes s'éloigner doucement, comme si elles fuyaient quelque chose. Quelqu'un.

Mais ils ne m'avaient pas prévenue que Monsieur Pillard arrivait dans mon dos.

J'ai couru. Par réflexe. 

Et j'ai payé.

Au bureau du proviseur, j'ai gardé le silence. J'ai assumé. Tout. Je ne voulais pas balancer. Je ne sais pas pourquoi. Fierté ? Loyauté mal placée ? En tout cas, il n'a pas ri. Il m'a collé quatre heures de colle. Les deux premières, c'était pour ce soir. Ma mère a accepté sans discuter. Le proviseur, lui, s'est senti inspiré : inclusion toute la journée, discours moralisateurs, et grand sermon sur le coût du matériel scolaire.

Génial.


Ma retenue était encadrée par ma prof de français. Je l'aime bien d'habitude, mais dès qu'elle est de mauvaise humeur, elle devient terrifiante. Quand je suis entrée, elle m'a lancé un regard glacé et m'a tendu une pile d'exercices de grammaire. J'ai cru, pendant quelques secondes, qu'elle allait me laisser tranquille. Faux espoir. Dès que je me suis assise, elle a commencé à déblatérer sur « la génération TikTok », le manque de respect, la fin de la civilisation... Tout ça pendant que je remplissais mes fiches en silence.

Au bout d'1h30, j'avais tout terminé.

-Madame ? Excusez-moi, j'ai fini. Je peux partir en avance ?

Elle m'a toisée un instant, puis a hoché la tête. Je me suis levée, soulagée. Mais alors que je passais la porte :

-Talia ? Peux-tu déposer ça en vie scolaire, s'il te plaît ? Ce sont les objets confisqués de la semaine.

-Bien sûr. Bonne soirée.

Je pris la boîte. À l'intérieur : des téléphones, des chewing-gums, de la nourriture, et... un bonnet. Un bonnet ? Qui se fait confisquer un bonnet ?

Je traversai le hall. Une brise glaciale s'infiltrait par une porte entrouverte. Un agent d'entretien nettoyait les vitres, les sourcils froncés. J'accélérai le pas, tête baissée. Puis je repassai dans le couloir des tuyaux.

C'est là que je l'ai vue.

Une porte. Étrange. Je ne l'avais jamais remarquée auparavant. Elle était entrebâillée, laissant entrevoir une pièce sombre et silencieuse.

La curiosité fut plus forte.

Je poussai la porte.

Une grande salle vide m'attendait. Étrangement silencieuse. Il y avait une autre porte, au fond. Je l'ouvris.

Et là...

Des murs couverts de papier peint jaune pâle, moisi. Des lumières fluorescentes, clignotantes, qui bourdonnaient au plafond comme des essaims d'insectes.

Je souris, un peu amusée.

-Dément, murmurai-je.

Et c'est là que le cauchemar commença.


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