Chapitre 9 : Niveau 6

198 27 1
                                    

On sait très peu de choses sur la structure réelle du niveau 6, car le niveau est plongé dans l'obscurité totale et complète. Gale et moi, nous nous sommes accroché les poignets à l'aide d'une corde que nous avons assez serrée pour être sûr de ne pas pouvoir s'en détacher. Aucune lumière ne pénètre dans le niveau. Peter m'avait énormément mit en garde sur celui-ci. Aucune entité n'y habite mais la majorité des voyageurs qui y sont rentrés ne sont jamais sortis. Seulement, il fallait l'emprunter si on voulait revoir un jour notre réalité.



Le niveau est composé d'une série apparemment sans fin de couloirs étroits faits d'un matériau lisse et froid. Explorer le niveau 6, c'est se soumettre à un lent voyage dans l'obscurité totale, le silence total et l'isolement total. Ainsi, la plupart des personnes qui ont passé plus de quelques minutes au niveau 6 ont signalé des sentiments de paranoïa, de terreur, d'anxiété et de tension croissante en raison de la nature inconnaissable de ce qui peut se trouver dans l'obscurité qui les entoure.



Le couloir de la chaufferie du niveau 5 devenait de plus en plus sombre, tellement que nous avons dû nous arrêter à plusieurs reprises pour que nos yeux s'habituent à l'obscurité. Mais ce rituel fut abandonné lorsque nos yeux ne s'habituaient plus à rien. Le noir était tellement épais que nous n'y voyons tout simplement plus rien. Nous avions essayé d'allumer notre lampe torche en espérant qu'elle nous éclaire un minimum pour ne plus avancer à l'aveuglette mais la lumière semblait absorbée par l'obscurité. J'essayai de respirer calmement mais le fait de ne rien voir me faisait paniquer au plus haut point. Je gardais ma main qui n'était pas attachée, la gauche, à toucher tous les murs autour de moi pour de pas foncer dedans. Je détestais cet endroit. Je voulais continuer à croire que tout ceci n'étais qu'une blague et qu'on allait m'y faire partir mais je n'y arrivais plus. Je voulais rentrer chez moi, retrouver ma vie d'avant, je me disais que plus jamais je ne me plaindrais pour quoi que ce soit si je partais d'ici, maintenant, mais ça n'y faisait rien. J'étais bloquée ici jusqu'à ce que je trouve un moyen de partir.



Si vous tombez dans les backrooms, essayez un maximum d'ignorer vos sentiments. Cela vous paraîtra égoïste de ma part mais si vous continuez à vous morfondre vous tomberez très vite dans une sorte de psychose ou une dépression. Vous vous surprendrez vous-même à essayer de vous rappeler ce qui vous rendait heureux avant ce cauchemar ou à prendre des décisions sans aucun sens.



Il n'y avait pas de niveau calme avant un bon bout de temps et je ne savais même pas si on allait pouvoir dormir pendant les prochains jours.

-Gale, tu les entends toi aussi hein?

Les bruits gisaient tous dans ma tête dès que l'un d'entre eux se stoppait, il autre survenait. Des chuchotements, des aboiements de chiens, des discussions, des bruits de Facelings,...

-De quel bruit tu parles toi? J'en entends des dizaines personnellement, me répondit-il.

Entendre sa voix me rassura. Je pouvais sentir, à son ton, qu'il ne paniquait toujours pas. J'essayai alors de continuer à parler pour briser le silence. Peter m'avait dit que si je marchais assez alors je tomberais sur une cage d'escalier que je devrais descendre et elle nous mènera directement au niveau 7. Il avait tenté de nous aider en faisant une carte du début du chemin à emprunter pour sortir, j'avais essayé de la retenir avant d'entrer mais celle-ci était bien trop approximative à cause du fait qu'il l'a dessiné dans le noir.



Cela faisait presque 3 heures que nous avancions dans ce dédale, j'avais épuisé tout les sujets de conversation et les hallucinations m'empêchaient de continuer à parler donc elles s'amplifiaient petit à petit. Je me demandais si c'était la même chose du côté de Gale, lui qui garde toujours son calme. En tous cas, je ne l'entendais pas respirer bruyamment comme moi, à cause de la panique. Le son d'une horloge se mêla aux autres. Tic, une personne me chuchotait des choses horribles dans l'oreille. Tac, un grondement de chien me parvenait aux oreilles. Tic, la forme de la créature de l'étage 2 apparue en face de moi. Tac, une petite voix chuchotait en boucle mon prénom.

-Talia!

La voix de Gale me retira à nouveau de mes folies.

-Talia, la corde!

Je réalisai alors que je ne sentais plus la corde qui nous attachait avec Gale.

-Gale! Suis ma voix!

Ne l'entendant plus, je continuai à crier son nom en courant comme je pouvais dans l'obscurité du couloir. Il était hors de question que je l'abandonne dans ce niveau. Il était hors de question que je continue mon chemin sans lui. J'essayai d'ignorer les voix qui me parlaient dans ma tête et de me concentrer sur les sons que j'entendais mais c'était impossible. Je heurtai une chose en plein fouet et hurlai en étant persuadée d'avoir touché une entité.

-C'est moi Talia, c'est moi, tu ne m'entendais pas t'appeler? Je t'ai dit de ne pas bouger et de continuer à parler pour que je te rejoindre.

Je réalisais alors que mes hallucinations étaient plus fortes que ce que je pensais. Elles m'ont empêché d'entendre quoi que ce soit. Je tremblais de tout mon corps en essayant d'articuler une phrase sans pleurer.

-Non j'ai rien entendu, on continue à marcher.

Je restais accrochée à son bras pendant le reste de notre traversée. Il a surement du comprendre que l'allure confiante que j'essayai de maintenir depuis le début avait disparu vu la force avec laquelle je tenait son bras. Et c'est ainsi que, quelques heures plus tard, je trébuchai sur une marche d'escaliers et que nous revoyons la lumière. Nos pieds étaient recouverts des 10 centimètres d'eau de la salle d'entrée du niveau 7.


BACKROOMSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant