Sensitive Love II : Submersion

01. Prise de Conscience

AARON

Aujourd'hui,

— OK. Il va vraiment falloir que t'arrêtes de finir chez moi complètement bourré parce que j'ai pas envie que ça devienne une habitude.

La main sur mon front, je lâche un grognement de frustration avant de me redresser sur le canapé qui est devenu comme mon second lit. Par la fenêtre, j'aperçois le soleil couchant qui m'indique que j'ai sans aucun doute dormi toute la journée.

Il faut aussi dire que je n'ai pas été de main morte sur les verres d'alcool – j'aurais largement pu continuer si un prof ne m'avait pas repéré et viré du bal.

Dans un état pareil, je ne me voyais pas appeler ma mère pour qu'elle vienne me chercher – surtout que je suis censé être chez Jayden, même si elle ne le croit pas –, alors j'ai opté pour celle qui semble être devenue ma nouvelle baby-sitter.

Comme les nombreuses fois précédentes, elle n'a pas manqué de me sermonner en me répétant à quel point je suis en train de vriller ces derniers temps avec ma redescente dans l'alcool. J'aimerais la contredire et lui dire que j'ai la situation sous contrôle avec sincérité, mais la vérité, c'est que c'est loin d'être le cas.

Je n'ai plus le pouvoir sur quoi que ce soit.

— Quoi ? Tu n'es pas contente de me revoir ?

Karen lève les yeux au ciel avant de quitter la pièce.

Je ne me souviens que très vaguement de la fin de soirée, mais il y a bien un certain moment qui risque de rester ancré dans mon esprit – celui où j'ai menacé Wes de raconter son secret à Alison.

J'ignore ce qui m'a pris en disant ça ; j'étais tellement en colère contre lui, contre moi-même et avec l'alcool dans mon sang, je n'ai juste pas pu m'en empêcher. Tout de suite, il doit sûrement être en train de flipper et il va falloir que je règle les choses avec lui pour lui faire comprendre que je n'étais pas dans mon état normal et qu'il n'a rien à craindre.

C'était stupide de faire ça.

C'est vrai que c'est ce que je souhaite faire depuis le début, mais ça ne devrait pas se passer ainsi. Je ne sais pas si c'est une chose que nous pourrons faire un jour, mais je suis persuadé que ça nécessitera énormément de courage, de raisonnement et de calme pour que rien ne dérape – mais bon, ce jour n'arrivera certainement jamais.

La tête toujours aussi douloureuse, je parviens à récupérer mon téléphone déposé sur la table du salon pour vérifier l'heure. Sans même pouvoir la voir, je tombe sur un écran rempli de messages et d'appels manqués de la part de mon père, Wesley et Aria.

Encore assommé par l'alcool, je me passe la main sur le visage comme si ça pouvait effacer toutes les conneries que j'ai faites la veille. Pourquoi tout le monde a décidé de me contacter au pire moment ?

Je lâche un long soupir et m'assois correctement sur le canapé et balance mon téléphone sur le fauteuil d'en face avant de me prendre la tête dans les mains. Même avec ça, le son de l'arrivée de nouveaux messages continue de retentir et tout ça ne fait qu'agrandir l'explosion qui a lieu dans ma tête.

Dans tout ça, j'entends les pas de Karen revenir. Elle s'abaisse pour récupérer mon téléphone et en éteint le son avant de me le jeter pile-poil dans mes mains.

— C'était pas si compliqué.

Je lâche un râlement en récupérant l'objet de ma torture.

— Il sonne depuis que je t'ai ramené, m'informe mon amie. T'as de la chance que je sois patiente avec toi.