Sensitive Love II : Submersion

15. Bienvenue au Lycée

ALISON

M'observant attentivement dans le reflet du miroir, je ne manque aucun détail sur mon visage qui pourrait me trahir. J'applique une dernière touche d'anti-cernes sur ceux qui traînent sous mes yeux depuis des jours. Juste comme ça, je fais disparaître toute trace de mes dérapages aux yeux des autres. M'attaquant ensuite à mon odeur infestée par l'alcool, je récupère un flacon de parfum et m'en asperge sur les endroits à risque sans pour autant en mettre trop. Ça pourrait attirer les soupçons. De là, je recule de quelques pas afin de faire face à ma silhouette qui semble tellement plus saine que je ne le suis réellement. Je suis plus que satisfaite du résultat parce que là, on dirait que je suis normale. Qu'il n'y a pas eu de dérapage ces derniers jours. Que je reviens seulement d'une semaine où j'étais malade, rien de bien grave. Avec ça, je suis certaine que personne ne remarquera quoi que ce soit. Comment le pourraient-ils ?

Je pousse un soupir de soulagement avant de prendre mon sac de cours qui traîne sur mon lit. Je vérifie que toutes mes affaires sont bien en ordre, mais rapidement, je remarque que la pièce principale manque à l'appel. Tournant sur moi-même, je regarde minutieusement ma chambre, à la recherche de l'unique chose capable de me faire tenir la journée. Finalement, je retrouve la fiole par terre, près de la table de chevet. Je la secoue, vérifiant qu'elle soit pleine, mais me rends compte qu'elle est vide – je crois en avoir un peu trop abusé hier soir, de retour à Seattle. Poussant un soupir de frustration, je me ressaisis en me rappelant la bouteille de vodka que j'ai laissée sous mon lit, à l'abri des regards curieux – plus particulièrement celui d'Aria ; elle m'a à l'œil depuis que je suis rentrée. Je m'abaisse donc et étire mon bras pour récupérer cette bouteille que j'ai récupérée dans la cave de Collins – ils ne risquent pas de la remarquer parmi toute leur collection.

La bouteille dans la main droite, je tiens fermement le flacon dans la gauche afin d'y verser l'alcool sans en mettre partout.

— Alison, grouille-toi ! On va être en retard !

La voix d'Aria me fait lâcher un sursaut, mais je parviens à me contrôler suffisamment pour ne pas en renverser par terre.

— J'arrive ! m'exclamé-je. Encore quelques petites gouttes et... Voilà !

Je repose immédiatement la bouteille et retire le petit entonnoir du bouchon, satisfaite du résultat. Refermant la vodka avant de la remettre dans sa cachette improvisée, je lève la fiole en l'air, exactement comme un trophée. Je ne peux empêcher un sourire de s'afficher sur mes lèvres alors que je reprends mon sac et retire quelques livres qui me paraissent inutiles afin d'y déposer la flasque. Fin prête, je dévale les escaliers pour retrouver Aria qui m'attend à l'entrée de sa maison, les bras croisés contre sa poitrine. Je sais qu'elle n'apprécie pas particulièrement le retard, exactement comme Ruby. Elle ne dit rien en me voyant, se contentant de me filer mes baskets que j'enfile à la va-vite, sans même prendre le temps de les lacer avant de monter dans sa voiture qui est garée au parking de sa maison. Je ne suis pas particulièrement enjouée à l'idée de retourner au lycée, mais Aria m'y a en quelque sorte forcée, alors je ne conteste pas.

— Ça ira pour aujourd'hui ? me demande-t-elle une fois que nous sommes toutes les deux dans sa voiture. Ce sera pas trop dur ?

J'attache ma ceinture en posant un énorme sourire sur mon visage.

— Tout ira bien.

— Je sais que rien n'est facile pour toi, commence-t-elle, les mains sur le volant. Et ça t'a peut-être paru comme si je ne t'ai pas laissé de choix, mais si tu n'es pas encore prête à retourner en cours, je le comprendrais. Je pense que t'en as besoin, mais si toi tu sens que c'est trop tôt, je peux te ramener à tout moment.