17. Rancœur Sportive

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AARON

— Bordel, Aria ! Je vais pas t'acheter une putain de voiture !

Je tente de traverser les couloirs bondés d'élèves agités tout en ayant la rouquine agaçante à mes trousses. Elle ne s'arrête vraiment pas. Un sac bien trop lourd sur les épaules, je m'approche de mon casier en redoublant ma vitesse pour pouvoir la semer et me libérer de ce fardeau qui ne m'est plus utile pour le reste de la journée. Toutefois, tandis que j'effectue mon code pour déverrouiller mon cadenas, j'entends Aria souffler loin derrière moi, n'ayant sûrement pas anticipé ma précipitation – je dois quand même la féliciter d'avoir fait tout ce chemin aussi rapidement avec les talons qu'elle porte. Sans plus me préoccuper d'elle, j'ouvre mon casier et y dépose tout ce dont je n'aurais pas besoin pour demain. Mon harceleuse arrive finalement à ma hauteur et s'appuie contre le casier près du mien, retenant sa respiration haletante et faisant mine qu'elle n'a pas couru pour me rattraper. Les talons ont vraiment donné du fil à retordre parce qu'Aria est quelqu'un de sportif.

Elle ne se laisse pas avoir comme ça.

— Pourquoi ? se plaint-elle. C'est pour mes dix-huit ans !

Encore moins pour quelque chose comme ça.

Je roule des yeux en claquant violemment mon casier.

— Va te faire foutre, Aria. Tu m'as offert un téléphone pour mon anniversaire. Rien avoir avec la Lamborghini que tu me demandes !

Passant mon sac sur mon épaule, je reprends tranquillement ma route en espérant naïvement lui avoir échappé. Pourtant, ses maudits talons qui résonnent bruyamment contre le sol dans mon dos me prouvent le contraire. Je retourne en me stoppant net ; elle en fait de même, surprise, avant de me rejoindre en me souriant.

— Tes parents sont les plus riches de tout Seattle, tu pourrais faire un effort, non ?

À l'entendre, on croirait presque qu'elle n'est pas la fille d'acteurs renommés.

— Tes parents ont bien assez d'argent pour t'acheter tout ce que tu veux. T'as qu'à leur demander.

— Je peux pas ! Ils ont déjà prévu de m'offrir un appartement.

Je soupire.

— C'est pas toi qui souhaitais ne plus reposer sur tes parents et mériter les choses par ton travail ?

Cette remarque la fait taire immédiatement. Je continue donc mon chemin jusqu'aux vestiaires où mes coéquipiers vont bientôt s'impatienter si je ne viens pas dans les cinq prochaines minutes. Slalomant entre tous les élèves que je croise, j'essaie d'en bousculer aucun et de n'être bousculé par personne. Je ne suis pas particulièrement d'humeur ces derniers temps, même si j'essaie de prétendre que c'est le cas. Le football, c'est l'une des seules choses qui me permettent de me vider l'esprit et j'en suis reconnaissant. Ce sport, c'est vraiment toute ma vie ; jamais je ne pourrais imaginer une vie sans. Alors quand je dois trouver un moyen de ne pas me laisser tomber, il faut bien que je trouve quelque chose. C'est pour ça que je suis heureux qu'on commence enfin les entraînements pour le tournoi. Les gars et moi, on va commencer tout ça ce week-end pour être amplement préparé pour le jour venu.

C'est l'une des raisons pour lesquelles je parviens à garder le sourire.

— Oui, mais eux ne sont pas d'accord avec ça. Ils m'ont déjà inscrite dans une école à L.A. et ils veulent absolument que je me concentre uniquement sur mon jeu d'actrice.

Bordel, elle est toujours là ?

Je souffle. Chaque année, c'est la même chose : Aria me prend la tête pour son anniversaire. Habituellement, elle n'organise pas de soirée et préfère le célébrer en petit comité. Seulement, je ne sais pour quelle raison, elle a décidé d'organiser « la plus grosse soirée de l'année » pour notre dernière année au lycée. Même si les chances pour que sa soirée soit meilleure que celles que j'organise sont relativement nulles, elle a tout même décidé d'y mettre le paquet et pour ça, elle veut que je lui achète une putain de bagnole à plusieurs centaines de milliers de dollars. J'ignore ce qui lui est passé par la tête en croyant que je lui en achèterais réellement une, mais il faut vraiment qu'elle remettre tout ça en ordre parce que je commence sérieusement à m'inquiéter pour son état mental. Elle a toujours du mal à se faire à l'idée que mes parents sont riches et que je ne peux pas jouir de toutes les folies qu'elle me suggère.

Sensitive Love II : SubmersionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant