Sensitive Love II : Submersion

32. Le Bal de Promo

ALISON

Je commence sérieusement à déprimer.

Une cuillère remplie de glace dans ma bouche, je regarde cet épisode des Frères Scott que j'ai déjà visionné un nombre incalculable de fois, mais dont je ne me passerais jamais. À l'exception d'aujourd'hui. Je n'arrive à rien suivre ; je ne parviens même pas à rester intéressée quand Nathan arrive à l'écran. Les voix des personnages se transforment en échos et mon esprit se redirige vers ce que je suis en train de rater : le bal de promo. Aria a insisté pour que je vienne avec elle, clamant que personne ne me déteste. Je ne la crois pas. J'ai toujours voulu me rendre au bal de promo parce que j'ai l'impression que c'est le moment idéal pour immortaliser nos années passées au lycée. Et bien que je n'en aie pas énormément de bons souvenirs, j'en ai accumulé tout de même pas mal ces derniers temps depuis que je suis arrivée à Seattle. J'ai rencontré des personnes géniales dont je suis certaine de me souvenir encore longtemps.

Tout de suite, je devrais être auprès d'eux. Je devrais être à leurs côtés et m'amuser avec eux. Mais Aaron ne veut toujours rien entendre de moi. J'aimerais ne pas le comprendre, mais c'est tout le contraire. Parce qu'il n'y a qu'une seule raison pour laquelle il ne veut plus me parler, et c'est que je le dégoûte. Je lui évoque de la peur. De la colère. Et du dégoût. Je crains croiser son regard, crains d'y retrouver ce que je redoute plus que tout au monde. À quel point me haït-il, en ce moment ? À quel point me haïra-t-il encore ? Je ne peux que croire que son aversion envers moi ne fera qu'augmenter au fil du temps. Combien de temps encore puis-je garder la tête ? Combien de temps puis-je encore tenir ? Je veux craquer. Tout de suite, je ne pense qu'à ça. C'est presque comme si c'est la seule solution qu'il me reste.

Et je crois que c'est le cas.

Lorsque je ne parviens plus à faire semblant, j'éteins la télévision et ferme mon pot de glace, à moitié vide. Je pensais que me mettre en condition pourrait m'aider à extérioriser mes sentiments, mais ce n'est pas le cas. J'ai même l'impression que ça a empiré ma situation plus qu'autre chose. Dans la cuisine, je mets tout en ordre et suis tentée de faire un rangement général pour apaiser mon esprit, mais je ravale cette envie. Je m'installe au comptoir, un verre d'eau en main. Je ne sais plus quoi faire afin d'oublier ce qui infecte mon esprit. Quoi que je fasse, j'ai bien l'impression que ça ne fonctionnera pas. J'inspire profondément, laissant tomber ma tête contre la face du meuble, fermant les yeux. Je tente de penser à quelque chose qui pourrait me faire sourire, mais je ne trouve rien. Je ne sais pas ce qui pourrait soulager mon cœur, tout de suite. Je me sens tellement seule que je me contenterai de n'importe quelle présence.

— Regardez-moi ça ! Je n'ai même pas dû faire beaucoup d'efforts pour que tout le monde t'abandonne.

Peut-être pas n'importe quelle présence.

Je lève la tête vers Damien qui se trouve au milieu de la cuisine. Il détaille un moment la pièce avant de poser son regard bleu dans le mien.

— Qu'est-ce que tu fous là ?

J'ai l'impression de poser bien trop souvent cette question ces derniers temps. Damien s'approche et s'arrête tout juste devant moi. Il pose ses doigts sous mon menton pour que je garde les yeux droit dans les siens.

— Figure-toi que je suis ici pour t'accompagner au bal.

J'ai un mouvement de recul.

— Quoi ?

— Je suis prêt à t'accompagner à ton bal, répète-t-il. Considère ça comme un petit cadeau de ma part.

Je fronce les sourcils.