Sensitive Love II : Submersion

12. Petit Remontant

ALISON

La cérémonie était une véritable torture.

Pendant de longues heures, nous avons dû rester assis à écouter tout un tas de discours sur cet homme qui m'ont seulement donné envie de quitter la ville. Néanmoins, assise à côté de Takeshi, j'ai dû me retenir de quitter la réception avant le bon moment. Par la même occasion, ils ont annoncé qu'une autre était prévue pour rendre officiel le nouveau rôle de Takeshi. En somme, tout était comme je l'avais imaginé : terrible. Aussitôt qu'on a pu sortir, je suis donc monté dans l'ascenseur pour me rendre jusqu'à mon ancienne chambre après avoir volé les clefs à la réception – apparemment, personne n'y séjourne. Maintenant que je m'y trouve, je profite donc de ce moment seul et en totale sérénité afin de pouvoir boire un coup de ma fiole que j'ai gardée précieusement dans ma veste. Depuis tout à l'heure, je meurs de chaud, alors pouvoir enfin la retirer, ça me soulage. La balançant à l'autre bout de la salle, j'ouvre mon petite remontant et commence à boire à petite gorgée.

Je m'allonge sur mon matelas et me mets à contempler le plafond tout en laissant l'alcool couler dans ma gorge. Je tente de calmer mon esprit qui hurle de plus en plus fort, mais ça me paraît juste impossible de faire cesser ces battements qui me déchirent les tympans. À la place donc, je me relève. Je récupère mon téléphone et le connecte à l'enceinte qui se trouve dans un coin de la pièce. Sans plus attendre, je laisse sortir la voix de Bruce Springsteen dans I'm On Fire. C'est encore une chanson que mon père m'a fait écouter un million de fois, alors je ne perds pas de temps pour la chanter à pleins poumons. Je lève la fiole en l'air et me mets à boire et à boire et à boire encore une fois tout en me laissant entraîner par cette mélodie qui fait enfin taire mon mal de tête. Je ne me préoccupe plus de rien, c'est tellement paisible. Pendant un court instant, j'ai juste cette sensation d'aller mieux. Alors je puise là-dedans, je récupère tout ce que je peux prendre avec moi et persévère à maintenir ce niveau d'apaisement.

Rapidement, d'autres chansons du même album s'enchaînent, alors je fais l'exacte même chose que pour les autres chansons. Je me laisse entraînée, emportée par la musique. Néanmoins, je suis subitement arrêtée par un bruit dans mon dos qui manque de faire tomber ma fiole. Faisant volte-face, je fais face à Takeshi, toujours dans son costume noir, qui me regarde comme si je venais de tuer quelqu'un. Cette pensée me fait rire sans que je ne puisse m'en empêcher, mais ce que je récupère chez Takeshi n'est pas de l'amusement. Bien au contraire.

— Qu'est-ce que c'est ?

Il pointe la fiole de la tête, ce qui me pousse à la cacher dans mon dos.

— Rien.

— Alison, je ne plaisante pas. Tu bois ?

Je fronce les sourcils.

— Évidemment, oui. Comme tout le monde. C'est vital, Takeshi. Tu devrais le savoir.

Il s'approche de moi en m'examinant comme une sorte de cobaye qu'il étudie. Après ça, il vient éteindre l'enceinte, ce qui me fait lâcher une plainte qu'il ne prend pas en compte. Au contraire, il profite de ce manque d'attention pour récupérer la fiole de ma main pour la ramener à son nez.

— C'est de l'alcool, en conclut-il. Pourquoi tu bois de l'alcool ?

J'essaie de récupérer la bouteille, mais il m'en empêche en la levant en l'air.

— Parce que j'aime ça. Il n'y a rien de mal à ça.

— Alison–

— Rends-le moi ! m'exclamé-je en peinant à lever le bras pour le rattraper.

Avant que je n'essaie davantage, il recule pour poser la fiole sur le plus haut meuble de la chambre – un que je ne peux pas atteindre, évidemment. Je détourne immédiatement les yeux pour trouver quelque chose sur lequel monter pour le chercher, mais avant même que je ne puisse apercevoir la chaise, une main vient me saisir le bras, celle de Takeshi.