16. Différente Perspective

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ALISON

— Et de quoi tu veux parler, exactement ?

Je croise les bras contre moi et continue de m'avancer vers Cameron, un léger rictus au coin des lèvres.

— Je sais pas trop, hésite-t-il en haussant les épaules. On a énormément de choses à rattraper, non ?

Mon ami s'approche de moi, un sourire collé aux lèvres tandis que je reste perplexe par sa soudaine initiative. Je n'ai prévenu personne de mon retour de Los Angeles, alors je suppose qu'Aria l'a prévenu. Je ne comprends pas très bien pourquoi il se trouve devant moi au lieu d'être en cours. Cameron n'est pas du genre à sécher, alors je ne peux pas m'attendre à ce qu'il veuille seulement « rattraper » le temps. Rien de ce qu'il dit ou fait est ce à quoi je m'attendais, encore moins ce que je voulais de sa part. Tout de suite, je veux seulement me retrouver seule. S'il est là, ce doit forcément être parce qu'il a une idée en tête. Laquelle ? Avec tout l'alcool que j'ai déjà avalé, toutes mes pensées se retrouvent en désordre. Elles sont troubles et m'empêchent de réfléchir correctement. Face à moi, Cameron apparaît donc comme la seule possibilité qui m'est offerte, tout de suite.

— Allez, viens.

Sans attendre qu'il réagisse, il me fait signe de le suivre sur le chemin opposé que je devrais prendre pour rentrer. Lâchant un léger grognement, j'attrape les bretelles de mon sac et me dirige donc dans la même direction que lui en courant, pensant naïvement le rattraper dans sa démarche rapide. Son sac de cours posé sur une épaule, Cameron s'arrête en voyant mon retard. Amusé, il lâche un rire discret que je perçois sans aucun problème et qui lui laisse un mauvais regard de ma part. Finalement, nous nous arrêtons tous deux à un arrêt de bus. Si Cameron s'assoit sur le banc, je reste debout, détaillant méticuleusement les alentours en restant incertaine de la raison de mon ami. Je tente de déterminer où nous nous dirigeons ; ce pourrait être un indice pour comprendre pourquoi il a décidé de sécher aujourd'hui. Néanmoins, restant avec aucune réponse, je finis par faire ce que Cameron en m'asseyant à la place près de lui. Il s'empare de son téléphone pour vérifier l'heure, mais pendant ce court laps de temps, j'ai l'occasion de voir autre chose sur son écran.

— Tiens, tiens, tiens...

Il remonte ses iris vers les miens, intrigué.

— Quoi ?

— Leyla, hein ?

Il tente de retenir un sourire en s'humidifiant les lèvres, démasqué. J'avais vu venir leur « relation » à des kilomètres, déjà, mais je ne peux m'empêcher d'en être étonné.

— Ce n'est pas comme ça, tente-t-il de se justifier.

— Ah, ouais ?

Il doit rapidement réaliser que je ne crois pas un seul instant son mensonge.

— Le bus est là.

Je ne vérifie pas son affirmation, bien trop concentrée à me moquer de sa pauvre tentative pour changer de sujet. Qu'il me le dise ou non, j'ai bien pu constater qu'il était étrangement de bonne humeur. D'habitude, ses pensées seraient redirigées vers sa mère et la maladie qu'elle doit affronter, mais ce n'est pas le cas tout de suite. Avec Leyla, il est évident qu'il a trouvé un moyen de ne pas se laisser engloutir par ses problèmes. C'est forcément une bonne chose. Sans discuter, je grimpe dans le bus qui s'arrête devant nous. Je n'ai toujours aucune idée d'où Cameron compte nous emmener, mais je ne remets pas en question ses actions. Je lui fais confiance, alors je le suis aveuglément. Tous les deux, nous nous installons au fond du bus, une place à laquelle Cameron semble être habitué. Il retire son sac de ses épaules et le pose devant lui tout en me laissant le même sourire que tout à l'heure.

Sensitive Love II : SubmersionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant