26. Réalité Horrifique

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AARON

Aujourd'hui,

Putain de bordel de merde.

J'essaie de faire sens dans mon esprit, mais tout reste embrouillé. Je ne sais pas quoi penser. Je ne sais pas comment réagir. J'ai aucune putain d'idée de ce que je suis censé faire maintenant que je sais. À l'instant même où ce blondinet est apparu et que le visage d'Alison s'est décomposé, je savais qu'il n'allait rien apporter de bon. Mais si j'imaginais le pire, je n'avais jamais envisagé ce pire. De ce tout ce que j'ai pu supposer, jamais un scénario comme celui-ci m'était venu. Jamais un truc aussi fou aurait pu même effleurer mon esprit. Parce que la Alison que je connais – ou celle que je pensais connaître – n'a rien de celle que j'ai vu sur cette vidéo. Comment ça pourrait être la même personne ? Comment cette fille avec qui j'ai vécu pendant des mois peut être cette même personne ? Impossible. Complètement impossible.

C'est forcément impossible, pas vrai ?

Je ne parviens pas à réfléchir correctement, tout de suite. Tout me paraît flou. Depuis hier, je n'arrive pas à trouver une ligne à suivre, tout ce que je rencontre, ce sont ces angles qui me bouchent le passage. Alison avait une arme, sur cette vidéo. Elle avait peut-être une cagoule, mais on a pu voir avant que c'était elle. Il n'y a aucun doute là-dessus. Elle était en train de cambrioler un magasin. Et elle a tiré sur un homme. Mais avant ça, ce sont ses yeux qui m'ont percuté. C'est eux qui m'ont avant quoi que ce soit d'autre. Ils m'ont percuté en plein cœur, m'ont renvoyé à un souvenir encore bien distinct. Je n'ai pas besoin d'explication : je sais pourquoi elle a fait ce qu'elle a fait. Je sais ce qui l'a poussé à faire ça. Et ce mec n'était pas une « vieille connaissance ». Tout est tellement plus profond que ça et dès les premières minutes de la vidéo, je l'ai compris. Je réalise maintenant que c'est le même regard que sur la vidéo de la piscine.

Parce qu'Alison n'avait pas bu, non.

Elle était sous drogue.

— Ça va, mec ?

Je relève la tête de ma manette et me tourne vers Jay.

— Ouais, ouais. On se refait une partie ?

— Justement. On est en pleine partie, là.

Sur la télé de ma chambre, je constate qu'en effet, il vient de lancer une partie de FIFA et que je viens de me prendre trois buts. Je lâche un soupir avant de me redresser pour reprendre les choses en main, mais il met immédiatement le jeu en pause.

— Tu penses toujours à–

— J'avais juste l'esprit ailleurs.

— Elle est comme Voldemort, maintenant ? On ne peut plus jamais prononcer son nom ?

Je hausse les épaules.

— Aucune idée de qui tu fais allusion.

Mon ami soupire.

— Aaron, allez. On va devoir en parler un jour ou l'autre.

— Non, pas du tout.

Sans plus attendre, nous reprenons donc notre partie. Je sais que si Jayden s'est permis de me laisser avec autant de points en retard, c'est parce qu'il sait que je le battrai quoi qu'il arrive. Il est mexicain et je suis français : je crois qu'il est clair que nous avons plus d'esprit footballistique qu'eux. À cette simple pensée, une brunette vient dans mon esprit, celle qui ne cessait de me reprocher ma passion pour le football américain. Je me secoue immédiatement la tête, faisant en sorte qu'elle disparaisse. Après ça, je parviens rapidement à rattraper son score et – bien sûr – à le dépasser. Jayden n'en est même pas surpris. Ensemble, nous ne jouons jamais à FIFA parce qu'on sait toujours comment ça termine : ma victoire. Cette fois-ci, Jayden veut seulement m'aider à ne plus penser à la veille. Je dois dire que si Aria voulait rendre sa soirée mémorable, elle a bien réussi son coup.

Sensitive Love II : SubmersionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant