Prologue

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Londres, 30 septembre 1814

Il s'obligeait à respirer calmement. Vingt mètres se trouvaient en-dessous de lui. S'il lâchait par mégarde la corde à laquelle il s'agrippait, c'était un membre cassé voire le crâne fracassé. Il releva la tête et plissa les yeux, maudissant la pluie fine qui tombait sur son visage, réduisant sa visibilité. Il arriva à apercevoir le balcon de la pièce tant convoitée. La maison était dure à escalader et il grimaça de la difficulté à se hisser jusqu'en haut.

Il se remit alors à grimper, presque tranquillement, sûr qu'on ne le verrait pas à cette heure tardive de la nuit. Non, le policier qui faisait des rondes depuis quelques heures était déjà en train de profondément ronfler sous un massif de fleur.

Ses mains commencèrent à s'irriter alors qu'il continuait toujours à monter. Malgré ses gants, le cuir lui frottait la peau et il devina qu'il devra justifier ses ampoules le lendemain. Mais tout en s'exhortant à patience, il arriva enfin devant la fenêtre entrebâillée. Un sourire étira ses lèvres. Heureusement, la lady qui dormait sans doute à poings fermés en ce moment lui avait naïvement renseigné qu'elle laissait toujours sa fenêtre légèrement ouverte qu'il pleuve ou qu'il vente pour un peu d'air frais.

L'inconnu se félicita intérieurement de sa montée et sa prudence et il retira prudemment la corde du balcon où il avait atterri. Sans perdre de temps, il poussa la porte-fenêtre et pria le ciel qu'elle soit bien graissée pour éviter tout grincement. Il devait avoir de la chance cette nuit car il entra sans aucun bruit, souple et furtif comme un chat noir dans la chambre, plongée dans l'obscurité, de sa victime.

Il jeta un coup d'oeil au lit. La forme d'un corps respirant légèrement le rassura du sommeil profond de la vieille femme. Un mince rayon de lune l'aidait à se repérer dans la chambre. Il s'avança alors près de la couchette de l'endormie et se baissa pour observer sa table de chevet. Un sourire mi-réjoui mi-ironique étira les coins de sa bouche quand il découvrit, conforme aux aveux de sa victime, un bout de papier soigneusement plié et posé sur la petite table.

Vivement, il s'en empara et le déplia, ses yeux parcourant de gauche à droite l'écriture fine et tremblante de son auteure. Sa tête pivota alors vers la petite caisse en bois qui se situait près de la porte. Il haussa un sourcil, comme doutant de la facilité de l'affaire mais reposa tout de même le papier à son endroit d'origine et s'avança précautionneusement vers la caisse.

Arrivée devant elle, il jugea qu'elle avait plutôt des allures de coffre. Rejouant dans sa tête les mots qu'il avait lus sur la petite feuille de papier, il ouvrit le coffre en veillant à débloquer les attaches qui entravaient son ouverture. Des vêtements étaient entassés pêle-mêles à l'intérieur mais il ne s'y trompa pas et les envoya valser d'un coup de main. Ses yeux avides parcoururent vite le contenu qui restait : une clé, rouillée sur les bords et, les pupilles de l'homme brillèrent de convoitise, un coffre-fort.

Sans plus attendre il s'empara de la clé et l'inséra dans la serrure centrale du coffre-fort. Il tourna deux fois à droite jusqu'à entendre un cliquetis ; puis il répéta la même opération pour les deux autres serrures qui encadraient la première. Et il put alors enfin l'ouvrir.

En son for intérieur, il remercia les troubles de mémoires de la vieille femme qui lui avait permis de lire son aide-mémoire pour ouvrir correctement ce coffre qui contenait son trésor.

Ce trésor qui était à lui dès à présent.

Des bijoux scintillèrent doucement à la faible clarté qui berçait la pièce. Le jeune voleur en analysa quelques-uns et se décida pour deux bagues et un collier qu'il jugea être les plus précieux : des pierres précieuses, sans nul doute des diamants, ornaient ces parures et il savait bien que ce nétaient pas des faux. Il avait ses propres sources, jamais il ne se serait risqué dans ce vol s'il navait pas été sûr de la vraie valeur de son butin.

Après avoir tout remis en place, il posa rapidement sur le coffre un lys et une plume dun oiseau avec sa carte de visite bien connue du public puis fit le chemin inverse pour sortir de la chambre. La vieille femme n'avait même pas remué. Avec un sourire et après avoir glissé soigneusement les bijoux dans une pochette qu'il rangea dans une de ses poches de son habit, le voleur reprit la corde et s'élança du balcon accomplissant son énième méfait sans avoir été attrapé.

La police allait l'avoir dans l'os quand elle découvrira le vol.

Et il en était plus que ravi.

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Coucou! Merci d'avoir pris le temps de commencer cette histoire! J'espère que le prologue vous a plu et que la suite vous plaira encore plus!

<3

AshtonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant