-Bon dieu, mademoiselle, je m'inquiétais !
Abigail grimaça sous l'exclamation affolée de son chaperon. Elle lui offrit un maigre sourire.
-Je m'excuse. Mais je crois que j'ai bu trop de champagne. J'aimerai rentrer.
Millie hocha immédiatement la tête sans poser de question. Alors qu'elles se dirigèrent vers le salon, Abigail vacillante, son chaperon l'informa que la marquise était partie depuis cinq minutes.
-Votre entretien avec elle s'est bien passé ? Je crois que vous lui plaisez mademoiselle.
Abigail l'écoutait à peine, son esprit alcoolisé répétant en boucle sa deuxième rencontre avec le voleur et se fichait bien de la marquise. Bon sang, elle n'arrivait même pas à réaliser...
Millie sembla comprendre que la jeune fille ne voulait pas parler. En silence, elles rejoignirent leur voiture qui les conduisit tranquillement jusqu'à chez elles.
**
Abigail se réfugia dans sa chambre sitôt rentrée. Elle ignorait si sa mère l'attendait pour discuter avec elle de sa soirée et elle voulait l'éviter. Premièrement, Abigail ne voulait pas montrer qu'elle avait bu et deuxièmement, elle voulait tranquillement penser à sa deuxième rencontre avec le voleur.
Les mêmes femmes de chambre qui l'avaient habillées et coiffées pour la soirée l'aidèrent à se dévêtirent et enfiler une chemise de nuit avant de prendre congé.
La jeune fille s'allongea sur son lit avec un soupir d'aise. Elle ne doutait pas que sa tête lui fera mal le lendemain mais pour l'instant elle n'avait qu'une légère nausée et une sensation de légèreté.
Elle se tourna et retourna dans son lit, à la recherche d'une position confortable mais sa discussion avec le voleur lui revenait sans cesse à l'esprit. Elle se remémorait ses actions, quand il farfouillait d'un coin à un autre de la pièce pour trouver ce qu'il cherchait, quand il l'avait menacée, une main sur sa bouche, et ses remarques nonchalantes alors qu'elle aurait pu à tout moment crier.
Mais elle ne l'avait pas fait. Et elle n'avait pas compté le faire. Ce qu'il avait bien compris.
Abigail se retourna une énième fois en grimaçant. Elle-même ne comprenait pas son inaction. Mais elle avait éprouvé une sorte de fascination à être proche du risque d'être avec un voleur sans être menacée expressément. Il n'y avait plus de doute permis, Abigail pouvait bien être considérée comme une complice maintenant.
Mais c'était exaltant de narguer la bienséance et d'avoir un secret à elle que personne d'autre ne savait. Oui elle avait été effrayée lors de sa première rencontre mais qui ne le serait pas ? Flirtait-elle avec le crime ? Abigail devait le reconnaitre c'était aussi bien enivrant que troublant.
Aussi enivrant que l'abus de champagne. Et aussi troublant que le regard du voleur.
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-Dieu merci vous n'avez pas fait de bêtise.
Abigail prenait le thé tranquillement en compagnie de sa famille. Tous s'étaient réunis pour entendre le récit de sa soirée. Abigail leur raconta sa discussion avec la marquise ainsi que ce qu'elle lui avait dit sur James. Bien sûr, elle passa sous silence son autre discussion avec un « gentleman » cambrioleur. Un cambrioleur moqueur, effronté, suffisant, irrespectueux, charmant, ...
-Abigail ? Tout va bien ?
La jeune fille sursauta et lança un sourire gêné à sa mère. Ne pas se laisser envahir par ces pensées...
-Je suis heureux de voir que tout s'est bien déroulé, déclara le comte. Nous fixerons la date d'une rencontre officielle prochainement.
-Déjà ? ne put s'empêcher de remarquer Abigail.
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Ashton
Historical FictionLondres, 1815. Un voleur sévit dans la région depuis plus d'un an au grand désespoir de la police anglaise. Personne n'a réussi encore à l'attraper. ** Abigail Winnifred est une jeune aristocrate en âge de se marier. A un bal, où elle doit rencontre...