Chapitre 19

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L'air frais du début d'après-midi la contraint de s'emmitoufler plus fermement contre son manteau et Abigail accéléra le pas pour se réchauffer. Les rues sont pleines de monde, et l'animation joyeuse qui flotte dans l'air la fit sourire.

Elle avait proposé à James de sortir un peu pour se balader, dans le but de mettre à exécution son plan mais il avait refusé d'un geste sec et s'était enfermé dans sa chambre.

Soupirant profondément, la jeune femme continua sa petite promenade et s'entêta à éviter les regards de compassion autour d'elle. Il semblerait que ses relations avec le marquis aient été révélés au grand jour mais elle ne voulait pas de leur pitié. Oui, elle se promenait seule, sans un homme à ses côtés, mais elle préférait mille fois sa solitude.

Son regard s'égara sur le ciel bleu et pur, absent de tout nuage avec le soleil brillant et jaune pâle, aveuglant. Malgré l'approche du printemps, les jours continuaient d'être froids et inconstants, pouvant surprendre avec tantôt un soleil bienvenu, tantôt des averses traitresses.

Mais les fleurs continuaient de s'épanouir tranquillement, plusieurs amandiers arboraient à présent de jolis couleurs rose pâle, égayant ainsi la monotonie et sévérité de Londres.

-Abigail !

Elle sursauta à l'entente de son prénom et se retourna juste à temps pour apercevoir les gestes frénétiques de Milicent, de l'autre côté de la rue.

Un large sourire s'imprima sur son visage et elle la rejoignit rapidement. Elles s'enlacèrent joyeusement, et la cadette observa un long moment les traits de sa sœur.

Elle lui avait manqué...

-Cela fait si longtemps que l'on ne s'est pas vu, dis-moi ! commenta allègrement Milicent en lui serrant le bras. Que deviens-tu ? Rien de nouveau sous le soleil ? Ton mari ressemble toujours à un glaçon ?

Abigail rit timidement sans pouvoir s'empêcher de jeter quelques regards autour d'elle. Il ne faudrait pas qu'elle ait la réputation de médire de son mari derrière son dos...

-Tout va bien. Comme d'habitude.

Elle haussa les épaules. Milicent la contempla un instant mais un raclement de gorge les interrompit.

-Hum... tu me présentes Milicent ?

Abigail ne remarqua que maintenant la ravissante jeune femme à côté de sa sœur. Elle portait une jolie robe à pois blanc et une veste de fourrure noire qui rehaussaient son teint mat et ses yeux noirs et brillants. Elle lui sourit timidement.

-Oh ! Mais où avais-je la tête ! Abigail je te présente mon amie Maria. Je l'ai croisé à une soirée mondaine il y a quelques semaines. Maria, voici ma petite sœur Abigail ! Enfin...

Elle s'interrompit et sourit narquoisement.

-La très célèbre Abigail Ashton, femme du marquis Ashton, déclara-t-elle avec emphase au grand dam de la jeune femme.

Maria ouvrit de grands yeux effarés et s'inclina aussitôt. Embarrassée, Abigail murmura de salutations et fusilla du regard sa sœur, morte de rire.

-C'est un honneur de vous rencontrer, mylady. J'ai beaucoup entendu parler de vous, j'ai même été présente à votre mariage ! Je... je ne sais pas si vous vous souvenez...

Abigail se sentit attendrit par les grands yeux de Maria et se rappela soudain une silhouette timide et émerveillée dans ses souvenirs.

-Oui, je me souviens, confia-t-elle à la grande joie de la jeune femme qui rosit de plaisir. Et c'est un plaisir de refaire votre connaissance.

AshtonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant