-Je... qu'est-ce que vous faites là ? demanda stupidement Abigail en sentant ses battements de cœur s'accélérer de manière affolante.
-Eh bien, c'est évident, répondit-il en se massant la nuque. Je fais mes courses.
Son ton ironique n'échappa point à la jeune femme qui grogna et déposa la paire de ciseaux là où elle l'avait trouvé. A pas de loup et sous les yeux attentifs du voleur, elle se dirigea vers la porte et colla son oreille au battant dans l'attente d'un bruit qui signifierait que lady Shiloh revenait. Mais rien.
En soupirant, elle tira machinalement le verrou. Et se tourna vers le cambrioleur qui n'avait pas bougé de sa place.
-Vous allez me dire qu'il y a quelque chose d'intéressant à voler dans cette misérable salle de couture ?
Son ton calme parut l'ébranler mais il se ressaisit rapidement.
-Si j'étais vous, je ne me moquerais pas trop. Vous n'avez aucune idée de ce que l'on peut trouver dans des cachettes incongrues. Cependant je dois avouer...
Il se passa une main dans ses cheveux noirs tout en lançant un regard circulaire à la pièce.
-Je dois avouer que l'on a essayé de me duper. J'étais portant sûr que c'était le bureau de Lord Shiloh.
A ces mots, Abigail senti un frisson lui parcourir la nuque. Et il n'était ni désagréable ni déplaisant. Plutôt l'inverse...
-Et si je vous disais que je sais où se trouve ce bureau ?
Le voleur fit volte-face et la dévisagea ouvertement, complètement ahurie. Abigail ne savait pas non plus quelle mouche l'avait piquée. Mais les mots se bousculaient dans sa tête, s'accumulaient sur sa langue et sortaient sans qu'elle ne puisse les contrôler.
Avant que le voleur ait pu ajouter quoi que ce soit, Abigail se mit à faire les cents pas dans la pièce. Son cœur débordait, ses émotions étaient toutes entremêlées et elle lança avant d'avoir pu s'arrêter:
-Ecoutez, j'ai besoin de votre aide.
Et cette phrase tomba dans un silence profond. Un silence qui fut brisé par le hoquet de surprise du jeune homme.
-Comment ? articula le voleur encore abasourdi mais la jeune femme ne le laissa pas poursuivre.
-Je sais que ce que je m'apprête à dire est complètement idiot et doit vous paraitre ridicule mais... voilà je me suis mariée il y a quelques jours et...
Abigail s'arrêta, se mordit la lèvre, inspira un bon coup cherchant ses mots.
-.. et cela ne se passe pas très bien. Oh, rien de bien extravagant mais l'homme que j'ai épousé est l'être le plus abject et infame que je n'ai jamais rencontré. Malgré tous mes efforts pour instaurer une ambiance chaleureuse entre lui et moi, il rejette toutes mes tentatives et il se comporte si grossièrement et... je ne veux pas passer le restant de mes jours dans cette situation mais je sais que je ne peur rien y faire alors...
A bout de souffle, elle s'interrompit et jeta un coup d'œil au voleur qui la fixait, yeux écarquillés et bouche entrouverte. Elle rougit. Peut-être s'était-elle trop emportée. Cela ne lui ressemblait pas de s'épancher ainsi surtout devant un inconnu.
-Pardonnez-moi je... je ne sais pas ce qu'il m'a pris, balbutia-t-elle mais le jeune homme secoua lentement la tête de droite à gauche comme s'il n'en revenait pas de ce qu'elle lui avait dit.
-Reprenons depuis le début, voulez-vous, murmura-t-il d'un ton si bas qu'elle se rapprocha pour pouvoir l'entendre. Vous avez fait un mauvais mariage, vous détestez votre mari, vous n'en pouvez plus de cette situation et vous me demandez mon...aide ?
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Ashton
Historical FictionLondres, 1815. Un voleur sévit dans la région depuis plus d'un an au grand désespoir de la police anglaise. Personne n'a réussi encore à l'attraper. ** Abigail Winnifred est une jeune aristocrate en âge de se marier. A un bal, où elle doit rencontre...