II

540 33 28
                                    

Baptiste reprit connaissance dans une pièce sombre. Tous ses muscles se raidirent et il se releva de sa position allongée, prêt à en découdre. Mais c'était sans compter sur le martèlement qui se réveilla derrière son crâne au même moment et le fit vaciller à genoux. Il prit son visage entre les mains et grimaça lorsque sa propre main droite le toucha. Bien sûr, il avait oublié l'hématome qui devait joliment décorer sa peau.

De toute manière, il n'y avait plus d'ennemi. Son agresseur avait disparu et l'environnement avait changé. Où était-il ? Il devait sortir de là, rentrer chez lui et prendre un ibuprofen pour son mal de tête.

Après quelques minutes, sa vision redevint nette et il put tenter de se redresser à nouveau. En s'appuyant contre un mur qu'il avait trouvé en tâtonnant, il parvint enfin à surplomber la pièce. Ses yeux avaient eu le temps de s'habituer à l'obscurité et il parcourut l'endroit du regard.

A première vue, Baptiste pensait être dans un chalet. Le sol en parquet et les murs en bois lui rappelait des vacances dans les Alpes. Il pouvait distinguer un lit en dessous d'une fenêtre étroite et un bureau sur lequel un livre reposait. C'était quoi ce bordel ? Est-ce qu'un fan fou furieux l'avait kidnappé et emmené loin de la civilisation pour le séquestrer ?

Il aperçut enfin une porte en bois, cachée dans l'ombre. Il chercha d'abord quelque chose pour la défoncer, mais, faute du matériel nécessaire, il se résolut à abaisser la poignée avec peu d'espoir. Par quel miracle, il ne le saurait jamais, la porte s'ouvrit.

Une vaste forêt se tenait devant lui, engloutissant la petite cabane entre ses immenses arbres. La nuit arrivait à pas de loup, montrant ses vraies couleurs et noyant doucement la forêt dans l'obscurité.

Il fallait qu'il se casse d'ici sur le champ, avant que quelqu'un ne revienne. Entre la maison en bois qui devait le retenir prisonnier et la forêt sombre et silencieuse, son choix était vite fait. Il ne supporterait pas une minute de plus d'être un rat enfermé dans ce laboratoire de bûcheron. Il prit son élan et s'élança dans la gueule de la forêt.

Après quelques pas déjà, il lui semblait avoir trouver un chemin. Le genre de chemin crée par le passage répété de plusieurs personnes, la terre aplatie et les plantes piétinées. Un sentier désiré. Il continua sa fuite sur ce chemin et, bientôt, il pouvait entendre des voix en face de lui. Une lumière orangée réchauffait la forêt et peignait les troncs.

Son instinct lui cria de s'arrêter et Baptiste obéit. Cela devait être un camp. Est-ce que son agresseur était là-bas, assis autour d'un bon feu avec ses complices ? Ou était-ce une lueur d'espoir pour Baptiste de sortir d'ici en un seul morceau et avec tous ses organes ?

Il attendit, observant autour de lui un endroit d'où il pourrait apercevoir le camp sans être vu, lorsqu'il reconnut une voix. Bien sûr, cela pouvait être un de ses ravisseurs qui partageait la même voix que son ami, mais ensuite il en reconnut une autre, et même plusieurs. Est-ce qu'on lui faisait une blague ? Un prank ? Pourquoi ses amis étaient-ils réunis au milieu d'une forêt à la tombée de la nuit alors que lui essayait d'échapper à son agresseur ?

« Les gars ? Lucas ?
- Oh putain, Baptiste ! »

A peine eut-il le temps de rencontrer quelques regards familiers que Lucas se précipita vers lui et le prit dans ses bras. Baptiste était complètement écrasé contre le corps de Lucas, le torse encerclé par ses bras. Il s'était mis sur la pointe des pieds pour enfouir sa tête dans son épaule. Surpris par l'intensité de ce contact, il se figea et peina à retourner son embrassade.

Quand il leva le regard vers les autres, il croisa des expressions ternes ou pétrifiées. Il croisa le visage abattu de Corentin et lui fit un signe de tête pour lui demander d'éclaircir sa confusion. Qu'est-ce qu'il se passait, bordel ? Comment pouvait-il se retrouver au même endroit que ses amis alors que le matin même — si c'était ne serait-ce encore que la même journée — il était dans un autre pays ?

Le Jeu du Loup Rouge - LOCKZIEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant