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21 mai 2023
"juste un regard, elle m'a dérouté"

l'air de Paris lui semblait si différent de l'ambiance chaleureuse de son pays natal. chacun de ses pas dans ce nouvel appartement était un mélange d'air hétérogène : une bouffée d'air frais grâce à ce nouveau départ et un souffle brûlant dû à toutes les prochaines épreuves qui l'attendraient ici.

le regard posé sur ses valises, elle avait l'impression qu'elle n'en finirait jamais. déménager d'un pays à l'autre n'était vraiment pas une tâche facile, et Raquel se promit intérieurement de ne plus jamais refaire cette erreur. heureusement, elle s'apprêtait à vivre dans le plus bel appartement qu'elle puisse avoir : un bel appartement, à l'avant dernier étage dans le XIème arrondissement de Paris. son père était certes une belle enflure mais, fort heureusement, il avait un porte-monnaie qui le rendrait bien plus sympathique - quoi que, cela dépensait des semaines.

perdue dans ce tourbillon de pensée, elle fut subitement dérangée par l'ouverture de sa porte. une belle blonde aux yeux bleus, la plus belle qu'il soit d'ailleurs, venait de faire son apparition dans l'appartement :

"- qui revient foutre la merde ? c'est toujours la même, dit-elle en chantonnant."

cette magnifique jeune femme, c'était Fleur : la meilleure-amie qu'elle puisse avoir. elle avait fait sa rencontre au collègue et ne l'avait jamais quitté jusqu'à son entrée à l'Insituto Superior Técnico de Lisbonne, cinq ans plus tôt. ces deux jeunes femmes s'étaient toujours parfaitement complétées : la blonde avait toujours su sortir la brune de son train-train quotidien et l'avait parfaitement soutenu durant le décès de son mère, tandis que la brune avait su aider la blonde à garder la tête sur les épaules durant l'adolescence et l'écouter lors du divorce de ses géniteurs. ces deux femmes, c'était le jour et la nuit, le chaud et le froid ; pourtant, jamais personne n'avait aussi bien compris la jeune Raquel Magalhaes que la belle Fleur Queffel.

"- qu'est-ce que cet appart est bien décoré ; ton architecte d'intérieur a fait un travail d'enfer, a-t-elle reprit en s'installant sur le canapé de façon nonchalante." se jetant des fleurs - sans mauvais jeu de mot, la blonde, bien connue pour être architecte d'intérieur, avait entièrement conçu l'appartement de sa meilleure-amie avant son arrivée pour qu'elle soit accueillie de la meilleure des façons. dès son premier pas dans l'appartement, elle s'y était sentie comme chez elle. "- putain mais répond ? je te préviens, je suis là que pour dix minutes." elle se retourna alors, faisant face à la brune qui la regardait d'un air dépité.

"- comment ça la première chose que tu fais c'est d'aller sur le canapé ?" Raquel vint alors lui sauter dessus pour la prendre dans ses bras. cela faisait six mois, un semestre qu'elle ne s'étaient pas vu, pour noël à vrai dire. elles se serrèrent l'une contre l'autre durant quelques secondes avant de stopper leur étreinte. la portugaise vint s'affaler à son tour : "- j'ai l'impression que je n'en finirai jamais avec ces bagages..." un soupir vint s'échapper d'entre ses lèvres.

Fleur se permit de prendre la parole : "- t'avais qu'à pas m'abandonner pour retourner au pays." Raquel lui adressa une tape sur l'épaule. "- tout ça pour finir par trouver ton premier taf sur Paris en plus." un rire s'échappa de sa bouche. "- d'ailleurs, il commence quand ?"

"- mercredi. je me suis laissée trois jours pour m'installer et prendre quelques repères." elle souffle avant de reprendre : "- pourquoi tu dois partir ? tu me laisses déjà pour ton mec ?"

le regard condescendant que lui laissa Fleur suffit à la faire rire. "- j'ai rendez-vous avec un client très riche et très pointilleux, je vais me remplir les poches en pleurant." elle marqua une pause avant de reprendre : "- et parle pas mal de mon mec."

la brune se leva subitement, mettant ses mains en l'air comme un signe de défense : "- genre j'ai dit quoi ?" elles se jetèrent un regard faussement noir. "- ça se voit que ça fait longtemps que tu l'as pas vu, t'as l'air tendue ma sœur."

se moquer l'une de l'autre était un peu leur mode de fonctionnement, une provocation douce et constante finalement liée à la preuve du lien si fort qu'elles entretenaient. bien sûr, elles ne touchaient jamais aux points sensibles de l'autre, venant piquer sur des points qui importaient peu ou du moins dont elles avaient toutes les deux connaissances sans être impactées, comme deux sœurs jumelles finalement.

"- ça fait vingt deux ans t'es tendue toi. t'es sûre de vouloir rentrer sur ce terrain ?"

après une bonne dizaine de minutes à se charrier sans cesse, Fleur jeta un œil sur sa montre pour s'exclamer : "- oh putain merde, je dois y aller." elle se leva précipitamment pour venir ramener son sac, se dirigeant vers la porte en courant.  "- on se voit vite ma puce !" et elle disparut aussi vite qu'elle était arrivée, tel un courant d'air.

un sourire radiant apparut sur les lèvres de la jolie Magalhaes ; ces moments lui avaient manqués. alors seule dans son grand appartement, elle reprit paisiblement son rangement, certes à contre cœur mais bien plus apaisée qu'elle ne l'était avant l'arrivée de sa blonde.

après avoir tenté de faire son maximum, elle fut surprise de voir qu'il était déjà seize heures. "-  fodes." enfilant son manteau, elle se précipita dehors en courant.

seize heures, c'était l'heure à laquelle débutait le match de son petit frère : Ruben. après six mois sans le revoir, et l'ayant revu durant la trêve hivernale, cela faisait bien deux ans qu'elle n'avait pas vu son frère jouer. et Dieu sait combien cela comptait pour lui et combien cela rendait fière sa sœur aînée. alors aujourd'hui, elle s'y rendait avec joie, sautillant à l'idée de le revoir pratiquer sa passion.

elle arriva au stade avec presque une heure de retard, le temps de s'y rendre. elle avait oublié à quel point les déplacements dans paris étaient longs. au moins, elle serait là pour la seconde mi-temps.

les yeux pétillants, elle se plaça enfin face au terrain ; déçue que le match ait déjà commencé, mais bien heureuse de voir que son frère était dans les cages, comme à son habitude. dans ces moments là, elle le voyait vraiment heureux - et ces moments se faisaient rares depuis la perte de leur mère.

dans un coin du stade, avec vue sur son frère, elle affichait sur son visage un sourire paisible, comme une mère regardant son fils jouer. après tout, leur relation n'avait rien de commun. ils avaient développés, avec le temps, une relation étrange : elle avait ce côté maternel, cette envie de le protéger comme si c'était son propre fils, et pourtant ils avaient gardé cette relation fraternelle et fusionnelle malgré tout.

raté. elle fut sortie de ses pensées par son frère, se projetant à travers les cages pour arrêter un ballon de l'équipe adverse. "- muito bem !", qui se traduirait ici par "bien joué !" ne put-elle s'empêcher de dire, voir crier.

c'est à ce moment là qu'il la vit pour la première fois.

c'est la première fois que Kylian Mbappé vit de ses propres yeux la belle et douce Raquel Magalhaes.

magalhaes // kylian mbappéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant