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22 mai 2023
"vaut mieux avoir de sérieux amis que des amis sérieux"

le jour qui a suivi, Raquel et Fleur avaient convenu de manger ensembles, dans un restaurant parisien. après tout, avec les simples quinze minutes qu'elles avaient passés ensembles le jour précédemment, il leur fallait bien plus de temps pour se retrouver entre elles.

c'est ainsi qu'elles s'étaient retrouvés, dans ce petit restaurant italien, où l'ambiance était calme et chaleureuse. l'horloge indiquait une heure de l'après-midi, permettant aux filles de discuter pendant une bonne heure avant que Fleur ne reprenne le travail.

"- t'en penses quoi ?" la belle blonde avait, à son doigt, une magnifique bague de fiançailles qui scintillait. après quatre ans de relation, son petit ami, Oscar, un bel allemand rencontré lors de son semestre d'échange Erasmus à Milan, en Italie, l'avait demandé en fiançailles. ce jour-là, Fleur avait appelé Raquel en pleurant de joie, sautillant partout dans son appartement parisien en affichant sa bague à travers l'écran de téléphone. "- elle est pas magnifique ?" les yeux en cœur, elle répétait ces mots avec le plus beau des sourires sur les lèvres.

"- ouais, bof."

tandis que Raquel affichait une moue faussement indifférente, Fleur répondit : "- ton mec, il t'a offert quoi à toi ?"

touchée. "- mon mec inexistant, il t'emmerde." elle leva les yeux au ciel en prenant une seconde bouchée de ses tagliatelles, ne jetant pas un regard à sa meilleure amie qui, elle le savait très bien, lui adressait un regard qu'elle connaissait par cœur. "- non, en vrai, trêve de plaisanterie, la bague est magnifique. j'avais trop hâte de la voir en vrai ; elle brille vachement, avoua-t-elle en prenant la main de sa meilleure amie pour observer celle-ci. d'ailleurs, j'accepte volontiers d'être ta témoin si un jour tu viens à me poser la question."

un rire s'échappa des lèvres de la blonde : "- à croire tu seras invitée." elle marqua une pause avant de reprendre : "- j'inviterai juste ton père, le grand Gérard De Salces, peut-être qu'il m'offrira un lingot d'or en cadeau." Fleur lui adressa un coup d'œil.

"- connasse."

dégustant leur repas tout en continuant la discussion, le sujet prit une tout autre tournure : "- du coup, en parlant argent, hâte de commencer le travail ? ma petite surdouée." ce petit surnom, elle l'avait gardé depuis le collègue. Raquel Magalhaes avait toujours eu cette réputation aussi bien au collège qu'au lycée : ayant sauté deux classes, elle débordait d'intelligence et avait une mémoire incroyable.

"- oui et non. j'ai hâte de prendre un nouveau départ, le poste a l'air cool et le salaire est vraiment avantageux." quelques secondes de silence prirent place, le temps que la portugaise prenne quelques gorgées de son verre d'eau. "- non parce que je vais encore devoir me faire une place dans une équipe déjà constituée, principalement masculine, en étant sûrement la plus jeune, et c'est pas ce qu'il y a de plus simple." elle grimaça en accompagnant ses mots.

"- tu vas tous les tuer de toute façon." ces paroles, qui paraissaient banales, se voyaient très rassurantes pour la portugaise. "- une magnifique femme qui débarque dans un bureau rempli de bouffon, à bientôt vingt-deux ans."

l'ingénierie n'était pas encore le milieu dans lequel les femmes étaient les mieux accueillis ; le sexisme était resté malheureusement présent, car les bureaux étaient principalement composés d'hommes. encore, dans le milieu de la chimie, cela commençait à se diversifier depuis une dizaine d'années. seulement, malheureusement, le milieu des mathématiques appliquées peinait à obtenir une certaine parité.

"- mais reste sympathique quand même ; on sait pas à quoi ressemblent tes collègues." elle accompagna ses mots d'un clin d'œil exagéré. "- et mini Magalhaes ?"

la brune laissa alors un doux sourire apparaître sur ses lèvres. son petit frère avait toujours été la prunelle de ses yeux, et l'était d'autant plus depuis la mort de leur génitrice. l'avoir vu à son match de football le jour précédent lui avait fait un certain chaud au cœur, voir à quel point il grandissait à une vitesse folle, devenant ce grand et bel homme dont elle était si fière.

"- il va bien, je l'ai vu hier à son match de foot : un vrai champion." elle marqua un temps de pause avant de rajouter : "- normalement, je suis censée le voir ce soir. mais bon, tu connais, il a seize ans, il aura sûrement d'autres plans et va annuler au dernier moment, avoua-t-elle en souriant."

à quinze et seize ans, les deux adolescentes utilisaient la moindre excuse pour se rendre l'une chez l'autre, passant des après-midis à rire, se maquiller ou bien visionner sans relâche les dernières sorties de série sur netflix. ainsi, maintenant de sept ans plus âgées, elles comprenaient parfaitement les agissements quelques fois immatures du jeune Ruben et ses amis.

"- tu penses qu'il a une meuf ?" la brune écarquilla les yeux, comme si cela lui paraissait impossible. "- seize ans Raquel ? j'étais avec Samuel à cet âge là, et Dieu sait que j'étais devenue une femme depuis quelques mois déjà..."

la portugaise leva les yeux au ciel à la remarque de sa meilleure amie. "- c'est encore un enfant." puis, elle prit une nouvelle bouchée de ses pâtes, tentant d'évincer chaque image qui pourrait apparaître de son esprit dessinant son frère et une femme en plein acte sexuel.

"- ma puce, ton frère devient un grand garçon. et ce n'est pas parce que tu es restée sage et tu es toujours sage à vingt-deux ans que lui fera de même, bien au contraire. Ruben a toujours été le petit diable de la famille." en effet, les deux Magalhaes avait toujours été les deux opposés : la petite fille sage, droite et douce et le petit garçon turbulent, actif et casse-cou. cela avait d'ailleurs toujours fait le bonheur de leur mère, heureuse d'avoir des enfants aussi différents, mais aussi complémentaires.

"- mais t'as un problème ou quoi à imaginer mon frère baiser ?" elles vinrent alors rire toutes les deux face à la stupidité de leur conversation.

continuant le repas, les deux jeunes femmes discutèrent de différents sujets de conversations, partant d'une planète à une autre sans transition. après tout, après six mois à discuter uniquement par message ou par téléphone, le simple fait de pouvoir croiser le regard l'une de l'autre, pouvoir rire en chœur... c'était ça, sa bouffée d'air frais.

magalhaes // kylian mbappéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant