chapitre 1

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Charline

Tokyo
Début décembre

   Ce froid me brûle les lèvres, je ne peux plus attendre.

Déjà 20minutes que je marche, dans ce froid qui m'irrite les jambes au point de les faire rougir.
Dans ma petite tenue, J'ai hâte! mais j'appréhende...

Hâte,d'être au chaud et de ressentir à nouveau tout mes membres gelés mais ...je soupire à l'idée d'être encore un soir dans le lit d'un inconnu.

Oui mon métier consiste à m'appeler et j'assouvirai tous vos désirs.

Je suis comme ça et ça me va !

Enfin ai-je le choix? ...pas vraiment...mais je me dit que c'est mieux que de mourir gelée dehors ensevelie par l'alcool.

                                 ...

Devant ce grand portail noir cuivré magnifiquement orné de doré, je sonne à cette minuscule sonnette.

   Seul dans le noir je murmure intérieurement .

-dépêche toi ,je caille!

  Dans cette grande allée, derrière ce portail un homme vient m'ouvrir.

   Il est admirablement bien habillé d'un costard d'un noir intense, allant parfaitement bien avec son teint blanchâtre.
Il s'approche et m'invite à entrer.

Je découvre ainsi, ce que je n'aurai jamais.
Le jardin fait 100 fois l'endroit où je vis.

Des arbres immenses enveloppent la cour.

Perdue, dans l'architecture incroyable du manoir , je contemple avec obsession le papillon sculpté dans la fontaine.
Ce papillon masqué par la douceur cache une grande haine.

Ce n'est pas la première fois, que je viens chez des particuliers aisés pour accomplir mon devoir ,mais c'est bien la première fois que je rentre dans une si grande forteresse.

A l'intérieur, je tombe devant mon rendez-vous.

Alors, je me remet à ma place, le charme jusqu'à ce qu'il bande et la nuit continue .

                                  *

Ce matin, je me réveille dans ce grand lit, comme toujours eux, ils n'y sont jamais .

Ils ont honte, alors que c'est eux qui me paient ...Je suis là, nue, allongée sur le ventre. Je regarde le réveil.
11h00.
Sur la commode une liasse de billets .

Je soupire ...

-Encore seule.

Ma vie ne sort pas d'un conte, et encore moins maintenant.

C'est toujours comme ça .
Ils me baisent ,me paient et s'en vont .

Je suis un jouet, une poupée, leur chose ...Mais c'est le métier qui veut ça.

Je pris la liasse de billets et je compte le total.

-le fils de pute. Il a oublié 12 768,80 yens ! Putain fait chier! (12 768,80yens=92,50€)

J'ai besoin de cet argent...déjà 1mois de retard pour mon loyer.

j'ai la haine !

Assise sur le bord du lit face à la fenêtre immense.
Le soleil transperce le froid de la vitre, doucement et chaleureusement.
Perdue, dans mes pensées, une lueur m'aveugle au loin.
Dérangée, je cherche d'où elle provient .

En observant bien, je remarque un petit verrou sur le côté d'un tableau qui se reflétait avec les rayons du soleil.

Je m'approche, je le touche, je le force et je l'ouvre.

Je ne devrais pas, je le sais mais une force m'oblige à le faire .

J'entrouve le tableau, devant moi une boîte énorme peinte d'un noir vif.
Cette boîte, est à peine plus grande que ma main .
Elle est en forme de papillon, le même que sur la fontaine devant le manoir. Curieuse, je tente de l'ouvrir mais rien.

Quelqu'un approche !

J'emporte avec moi l'objet ,et je pars en direction la porte de sortie.

Je sens que, je fais quelque chose qui ne fallait pas, quelque chose que je vais payer!

Je n'aurais pas dû mais trop tard ,déjà dehors je baisse la tête , traversant le jardin somptueux sans le regarder ne faisant même pas attention .
Je viens de faire une bêtise,je le sens mais tant pis.

Et puis il avait qu'a mieux me payer ce connard !

...

13h, dans mon appartement de 20 m2 . Assise par terre face à mon matelas, je reste dans le silence à regarder cette boîte.

Elle m'intrigue, elle m'effraie.

Je la touche, je la retourne.
Comment l'ouvre t-on ?

Soudain mes doigts effleurent un mécanisme. J'appuie dessus...rien .

Je le tourne, la boîte s'ouvre. Un petit clac s'échappe de la boîte une fois ouverte. Mon coeur s'accélère, mes yeux s'écarquillent ...

Une fiole transparente, en forme de coeur aussi large que mon pouce apparaît.
Je la prends délicatement ne sachant pas ce que c'est.

Je l'observe ....

Un liquide bleuâtre est à l'intérieur.
Plus j'observe la fiole, et plus j'ai la sensation d'être à mon tour observée...

J'ai des sueurs froides, j'avale difficilement ma salive, je regarde par la fenêtre de mon balcon à gauche de mon lit .

Je me penche et regarde dans la rue où la neige s'étale sur le goudron froid et où un homme se tient debout sur cette même neige .

On se regarde dans les yeux. Effrayée je me baisse.

Je ne vois même pas son visage, juste ses yeux.

Capuché et cagoulé, il disparaît lorsque je me relève.

Prise par de l'inquiétude, je me dépêche de vérifier la porte d'entrée et je me couche, me cache en dessous de la couette comme si elle allait me protéger de quoi que ce soit .

J'essaie de dormir.

Après un long moment, je ferme les yeux...














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