Mi-démons, mi-anges

19. La patience récompensée

Le tentacule du kraken se durcit autour de la cheville de Belphegor tandis que la créature le soulève à l'envers pour l'examiner d'un œil peu amène.

— Levi, je te rappelle que mon temps d'apnée est bien plus limité que le tien, grogne le démon de la convoitise qui perd patience.

— T'inquiète pas, c'est sa manière de faire connaissance.

D'une petite tape, Leviathan enjoint sa monture de lâcher son jouet. La pieuvre géante s'exécute et projette Bel contre une colonne du palais sous-marin. Après avoir gourmandé et congédié la bête, Levi s'avance vers Bel :

— Rien de cassé ?

— Je ne crois pas. À part un morceau d'ego...

— Il est jaloux, explique Levi en fier papa gâteau. Ça lui passera.

— Tiens, peut-être que ça l'amadouera, dit Bel en tendant un paquet à son ami.

Le démon des Abysses s'extasie devant la selle sur mesure qu'il dépaquette.

— Elle peut accueillir deux cavaliers, commente Bel. Au cas où, heu...

Le rouge lui monte aux joues. Quand à Levi, il passe une main sur sa crête pour se donner une contenance. Les deux démons se dirigent machinalement vers le grand salon.

— Tiens, où est ton secrétaire ? s'étonne Bel.

Changer de sujet apaise un peu sa nervosité.

— Dip ? Je lui ai refourgué mes responsabilités de divinité. Je l'ai nommé Grand Prêtre, comme ça je ne l'ai plus dans les pattes et il s'occupe des corvées les plus pénibles.

— Cet arrangement te convient ? s'inquiète Bel. Tu semblais bien t'amuser avec ton culte.

— Bah, c'est moi la divinité, donc je fais ce que je veux quand ça me chante. J'avais besoin de temps pour moi. Je reprendrai mes activités divines quand j'en aurai envie.

De sa main palmée, Levi presse l'épaule de son ami, puis caresse son bras jusqu'au poignet, d'un geste bien trop doux pour être amical.

— Tu m'as manqué, tu sais.

— Tu m'as manqué aussi.

Un ange passe.

— On continue notre partie de Subnautica ? suggère Levi.

Bel n'y tient plus.

— D'accord, mais d'abord, par pitié, est-ce que je peux t'embrasser ?

L'étreinte qui suit n'a rien de très catholique.