Le ciel diffuse des teintes délavées, comme une aquarelle délicate. Un beau dégradé de rose théière vers le pervenche, où fleurissent les derniers nuages venus du nord de la saison.
La pilier de l'amour a décidé de s'accorder un peu de temps pour elle en ce début de soirée. Sa dernière mission s'est accompli sans complications et désormais, elle veut pouvoir enfin se reposer avant de répartir pour un autre combat. Et quoi de mieux pour cela que de savourer de délicieux botchan dangos tout en contemplant les cerisiers en fleurs, qu'elle sait magnifiques sous la lumière du soleil couchant ?
Cela tombe bien : elle est sur la route de son café-pâtisserie préféré ! Ici, de petites douceurs sont servis accompagnées d'une boisson chaude que l'on peut apprécier assis sur la terrasse, à l'ombre des grands arbres. Avec toutes ses missions, elle n'a pas encore eu le temps de faire son hanami, pourtant une des traditions qu'elle aime le plus... Le faire ici sera parfait ! En plus, elle aurait bien besoin d'un thé vert brûlant car l'air est encore étonnamment frais en ce début de printemps...
Arrivée devant le commerce à la façade de bois laqué vermillon, Mitsuri s'approche d'un pas léger puis s'arrête devant la porte. Elle vient tout juste de rentrer de son combat, et porte encore ses vêtements de pourfendeuse, déchirés par endroits et maculé de minuscules éclaboussures de sang. Peut-être que ça ne serait pas poli de s'installer à une table pour le hanami dans cette tenue ? Et que dire de son sabre, porté à son côté ? Les armes ne sont pas autorisées dans les commerces...
Mitsuri étouffe une plainte de déception et tourne les talons, s'apprêtant à partir. Le problème est que son domaine n'est pas tout prêt et qu'elle n'aura jamais le temps de rentrer chez elle, de se changer, puis de revenir avant la nuit ! Finalement, elle pousse la porte du café avec assurance en se souvenant qu'elle a une fois sauvé la gérante d'un démon et qu'avec un peu de chance, celle-ci ne lui fera pas de remarque sur sa tenue.
Le carillon de bambou à l'entrée grelotte quand elle rentre à l'intérieur, en apportant avec elle la froideur du soir. Le café, lui, résonne de chaleur et de tranquillité. Une femme d'une cinquantaine d'année de l'autre côté du comptoir sourit en apercevant la jeune pourfendeuse. C'est un sourire aimable et serein, nullement fatigué :
« Ah, dame Kanroji ! Cela faisait longtemps que nous n'avions plus le plaisir de vos visites... Vos missions se passent-elles bien ?
- Oui ! Nous n'avons pas eu vent pour l'instant d'agissement de démons qui seraient véritablement préoccupants. Mais comme on ne sait jamais quand ils vont frapper, nous devons rester concentrés. »
Son sourire lumineux devient calme, à l'instar de celui de la gérante :
« Ce soir, j'ai envie de faire une pause...
- Ravie de vous l'entendre dire, dame Kanroji. » réagit la dame d'une voix compatissante. « Votre travail doit être épuisant et nous sommes tous très rassurés de nous savoir sous votre protection.
- Merci. »
Voir que des gens l'apprécient autant lui rempli le cœur de joie. Discuter avec eux tout autant.
« Et vous, est-ce que vos affaires se passent bien ? S'enquit-elle. Je suis très attachée à ce lieu et je ne souhaite pas qu'il disparaisse !
- Haha, moi aussi ! Mais vous n'avez pas à vous inquiéter. Tant que nous aurons des clients fidèles tels que vous, nous n'aurons pas à craindre de devoir fermer. Où souhaitez-vous vous installer ? »
Mitsuri croise les mains devant son bassin :
« J'aimerais m'asseoir sur la terrasse à l'arrière, si cela est possible.
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Passés et mémoires, Mitsuri Kanroji
Hayran KurguAttablée à une terrasse de café, sous les arbres en fleurs, Mitsuri compte bien prendre du temps pour elle en cette agréable soirée de printemps. Mais le parfum des cerisiers lui rappellent inexorablement des souvenirs de son passé parfois douloureu...