𝕊𝕔è𝕟𝕖 𝟠 : 𝕃𝕦𝕞𝕚è𝕣𝕖𝕤, 𝕔𝕒𝕞é𝕣𝕒, 𝕒𝕔𝕥𝕚𝕠𝕟 !
Kenza
Le tintement de la cuillère contre la porcelaine rebondit sur les murs de la pièce à mesure qu'elle touille le thé dans sa jolie et très probablement antique tasse aux motifs floraux et aux fioritures dorées. Elle la porte ensuite à ses lèvres rouge grenat aux babines légèrement fripées en tenant l'anse comme le requiert l'étiquette. Après avoir siroté le breuvage chaud et parfumé, les yeux fermés comme dans une publicité de yaourt, elle nous regarde enfin.
— Eh bien ? Vous ne buvez pas ? grésille sa voix nasillarde.
Hannah, Levi et moi échangeons un regard. Il faut dire qu'on ne s'attendait pas à se retrouver à devoir jouer à la dînette en venant au domicile ancestral des Ridgers. On croyait leur poser notre problème, qu'ils acceptent, passent un coup de film et qu'on soit partis dans l'heure.
Au lieu de ça, Susan Ridgers, la cadette, ravie d'avoir de la visite, de la jeune visite qui plus est, nous a pris en otage. Elle connaît un peu Hannah et s'est lancé dans des éloges sur son travail alors que nous nous dirigions vers le salon. Quand Hannah a essayé de ramener le sujet de conversation à la raison de notre venue, moi, Susan l'a immédiatement arrêtée. Pour elle, pas question de discuter sans qu'elle ne reçoive convenablement ses invités. Comme on est le week-end, les domestiques ne sont pas présents, elle est donc elle-même allée préparer à goûter. Près d'une demi-heure plus tard, elle revenait avec du thé, des gâteaux et biscuits assortis ainsi qu'un arrangement de fruits secs.
Moi ça ne me dérange pas tant que ça. Être prise en otage pour discuter autour d'un thé et des gâteaux j'ai connu, ça fait partie de ma culture. Mais j'ai bien senti qu'Hannah et Levi ont été un peu désorientés par cet accueil excessif de notre hôte.
La première, je me penche pour saisir le petit plat sur lequel repose ma tasse. Quand la fumée vient chatouiller mon visage, j'en hume le parfum et décèle une note fruitée et sauvage.
— Myrtilles ?
À son sourire, je vois que le fait d'être en présence d'une amatrice la réjouit. Ça m'arrange. Je suis venue pour la séduire.
— Presque, bleuets.
Il s'agit en fait du même fruit avec deux appellations différentes, seulement je me garde de rouspéter sa correction superflue. Je bois le thé tel qu'il est, fumant, imite sa mimique ridicule de fermer les yeux.
— Il est exquis.
— N'est-ce pas ?
— Vous devriez goûter, encouragé-je Hannah et l'autre parasite.
Levi et Hannah s'empressent de m'imiter et de complimenter un thé dont ils ne savent probablement pas faire l'appréciation, Levi se brule la langue, ce qui nous fait rire moi et Susan.
— Alors. Vous disiez être venus concernant le film. Comment avance-t-il ?
Vu son âge avancé, sa question n'est pas vraiment étrange. Elle ne doit pas passer beaucoup de temps sur internet, sinon elle aurait su, pour moi.
— Nous sommes encore en train de procéder aux auditions pour différents rôles. Seuls les personnages principaux ont été sélectionnés.
— Oh... je vois ! J'espère qu'ils seront à la hauteur.
Elle reprend sa dégustation, sans poser plus de questions sur la raison de notre présence à tous les trois.
— En fait... ils sont devant vous. Je vous présente Levi von Neumann qui incarnera Henry et Kenza Belbachir qui doit jouer le rôle d'Alice.
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Lights, Camera, Action!
RomanceQu'êtes-vous prêtes à faire pour votre idole? Suivre le moindre de ses gestes? Façonner votre vie autour de la sienne? Participer à une audition sans y avoir été conviée dans l'espoir qu'il vous remarque enfin? Obtenir le rôle? Pour Blake Donovan...
