Je suis incapable de bouger, tétanisée. Je n'ai pas souvent peur mais là... Je fais un pas en arrière mais trébuche et tombe sur le dos. Ma tête heurte violemment le sol et il me faut quelques secondes pour reprendre mes esprits. Je me redresse lentement. Le dragon est toujours endormi. Je me relève en douceur. Alors que je m'apprête à fuir, mon regard est attiré par une chaine jonchant le sol. Elles est attachée à une des pattes du dragon. Ladite patte est en sang et plusieurs écailles sont arrachées, révélant une chair rougeâtre. Mes yeux se brouillèrent de larmes. Des Crets ont dû essayer de le capturer. Je déteste ces personnes. Je soupire et m'avance à pas de loup vers la créature étoilée. Je ne suis plus qu'à quelques centimètres de la bête. J'hésite un instant avant de me baisser au niveau de sa patte. Je vérifie une dernière fois que le dragon est toujours endormi puis examine la chaine. J'en ai déjà vu des semblables auparavant sur des dragons capturés. Il suffit d'appuyer sur un minuscule bouton caché. Je presse ledit bouton mais rien ne se passe. La chaine est tellement enfoncée dans la chair qu'elle ne se retire pas. Je soupire, agrippe l'objet métallique et tire de toutes mes forces. La chaine se détache et je tombe à la renverse. Le dragon ouvre subitement les yeux, révélant de magnifiques pupilles bleues turquoises. La bête me regarde et se relève prudemment. Elle se penche au dessus de moi. Mon visage est à quelques centimètres du sien. Sur son front, il y a un symbole formé par des écailles blanches. Il ressemble à une spirale enfermée dans un losange. Je n'ai pas le temps de plus l'observer que le dragon grogne et ouvre la bouche, révélant deux magnifiques rangées de dents blanches et tranchantes. Il lui suffit d'un mouvement et je suis morte. Je tremble comme une feuille et ma robe me colle à la peau tellement je transpire.
Il se penche sur moi, le bout de son museau touche mon nez. Il est tellement proche de moi que je peux sentir son souffle brûlant me roussir la nuque. Je ferme les yeux en espérant ne pas trop souffrir. La chaleur finit par s'atténuer petit à petit jusqu'à disparaitre, laissant la fraicheur m'emplir les narines. La pluie reprend et les gouttes viennent s'écraser sur mon visage. Je réouvre les yeux et constate que le dragon a disparu. Je me relève lentement, les jambes flageolantes. Mes genoux se cognent l'un à l'autre. Je reste un instant seule au milieu de la pelouse, puis repars. Je passe devant la cabane de Cyriel. Il s'est endormi sur le canapé. Je continue de marcher le plus silencieusement possible pour ne pas le réveiller. J'arrive à l'orphelinat. Tous sont paisiblement endormis. Je pose mon arc et mon carquois que j'ai pensé à récupérer avant de quitter la clairière du dragon et vais me coucher. Je n'arrive pas à fermer l'oeil. Les écailles nocturnes du dragon ne veulent pas quitter mon esprit. La conversation avec Cyriel aussi me trotte dans la tête. Je sens que la nuit va être longue...
***
Les rayons du soleil filtrent sous la tente des plus grands. Je me lève en baillant. Je n'ai pas dormi, mon cerveau ne trouvait plus le bouton off. J'attrape mon arc et mes flèches et sors. Je pars chasser tous les matins avant que les autres ne se réveillent. Je suis assez fatiguée et j'ai environ deux heures. Je peux me permettre une petite sieste avant de rentrer. Je m'enfouis dans la forêt.
Une heure et quart plus tard, j'ai déjà attrapé trois lapins, un chevreuil et deux biches. Ce sera largement suffisant. Je me dirige vers un gros buisson touffu et tire de dessous un traineau. Il est vieux et un peu abimé mais tient encore le coup. Je l'avait trouvé plus jeune en allant en ville.
Je pose mes proies sur ledit traineau, attrape la corde et le tire. C'est un peu lourd mais j'ai de la force ! J'arrive rapidement à l'orphelinat, tous sont encore endormis, aussi je décide de les imiter. Je m'installe au pied d'un arbre, le traineau à côté de moi. Mais comme cette nuit, mes paupières refusent de faire leur travail. Je soupire. Tant que cette affaire de dragon ne sera pas réglée, je pense pas réussir à dormir. Et je n'ai aucune envie de faire des insomnies jusqu'à la fin de mes jours. Je me lève et attrape la corde du traineau quand je m'immobilise, le regard fixé sur l'un des cadavres de lapin. Le dragon était quand même gravement blessé. Il n'a pas pû aller bien loin. Et sa patte risque de s'infecter. Je fronce les sourcils. Je ne suis pas obligée de faire ça. Après tout c'est un dragon. Et c'est dangereux les dragons. Mais surtout, je ne lui dois rien. Je tire mon butin vers l'orphelinat. Je m'arrête et ferme les yeux pour réfléchir. Qu'est-ce que ça me coûte d'aller le voir ? Je peux prendre un lapin pour éviter de me faire dévorer et voir comment va sa patte. Et la soigner en fonction. Je devrais peut-être prendre une trousse de secours au cas où. J'arrête mon traineau devant la tente qui sert de réserve. J'attrape l'un des lapins par les oreilles et me dirige vers l'infirmerie. A l'intérieur, il y a plusieurs meubles en mauvais états. Je fouille rapidement dans les tiroirs pas très garnis et en sors du désinfectant et du bandage. Je cours jusqu'à la clairière de la veille. Personne. Je pose mon arc et mes flèches à côté des affaires de secours. Je m'avance, le lapin à la main. Toujours rien.
-Eh ! Le dragon ! je cris.
Seul le silence répondit à mon appel. J'attends encore quelques minutes puis soupire. Il ne viendra pas. Je soupire une nouvelle fois et fait demi-tour alors que j'ai la sensation que quelque chose ne va pas. Mes mains me semblent légères. Je regarde et sursaute. Le lapin a disparu. Je me retourne et parcours la clairière du regard. Aucune traces du rongeur. Un mouvement à la lisière de la forêt attire mon attention. Le dragon. Il me fonce dessus ! Au moment où il s'apprête à me percuter, j'esquive sur le côté en une roulade. J'attrape mon arc et mon carquois et bande mon arme dans sa direction. Le dragon s'immobilise, le regard emplit de peur et de surprise. De la peur ? Il est bien plus fort et rapide que moi. Je n'ai que peu de chance de survie, même avec une arme. Mais la bête a plus l'air terrorisé que moi. Je soupire. Si je veux qu'elle me fasse confiance, il va falloir que je me débarrasse de mon arme. J'abaisse lentement mon arc et retire doucement ma flèche, sans quitter le dragon du regard. Je la jette le plus loin possible ainsi que mon arc. Je lève les mains en l'air en signe de prosternation. Il s'avance lentement vers moi. Je ne bouge pas. Je ferme les yeux. D'abord rien, puis je sens quelque chose de caleux me toucher la main. Je rouvre les yeux. Le dragon a posé son museau contre la paume de ma main. son regard océan se plante dans le mien. Il est détendu, un lueur amusée dans le regard. Je pense qu'on est partis sur de bonnes bases.
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Dragonslay -Tome 1 : Le grand concours- EN PAUSE
FantasyÀ Dragonslay les dragons sont capturés, dressés et utilisés dans des compétitions. Ceux qui font ça sont appelés les Crets. Sarkany est la fille de deux célèbres Crets. Mais elle n'est pas prête à suivre cette voie. Sa vie va basculer quand elle va...