Tensions, Mission Et Altercations

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La nuit a été courte. Mouvementée et courte, mais pas de la façon dont je rêverai... Comme souvent, Bucky n'a fait que des cauchemars et comme souvent, nous n'avons dormi que deux petites heures, blottis l'un contre l'autre sur le petit canapé de notre salon. À chaque fois c'est la même histoire ; mon ami hurle et sanglote, les yeux hantés par ses souvenirs. Je déteste le voir comme ça, mais en même temps c'est un des rares moments où je me sens utile, où j'ai l'impression que ma présence fait la différence. J'ouvre la porte de sa chambre et je le retrouve invariablement en sueurs, empêtré dans ses draps qu'il a disposés directement au sol, à peine une heure plus tôt. Je ne sais pas si c'est par habitude ou parce qu'il se sent indigne de dormir dans un lit comme un être humain lambda, mais Bucky se couche systématiquement à même le parquet. Celà fait partie des questions restées sans réponse...
Je m'assois en principe quelques longues minutes silencieuses à ses côtés, puis lui demande s'il veut me parler de ses mauvais rêves, la réponse est toujours négative. Alors je me redresse et lui tends une main qu'il agrippe toujours de sa main droite, il ne me touche jamais avec sa main métallique, puis il se lève et nous allons nous recoucher sur le BZ du salon. Les cauchemars recommencent quasiment à chaque nouveau cycle de sommeil, mais ils sont moins violents car je le serre contre moi et lui murmure qu'il n'est pas seul, qu'il ne le sera plus jamais.

J'ouvre un œil en sentant Bucky se retourner dans son sommeil et c'est comme si Friday, l'IA de Tony, n'attendait que ça pour parler :

- Bonjour Nomad ! Me dit la voix féminine robotisée.
- Friday ! que puis-je faire pour toi ? Lui demandè-je à voix basse, bien que je me doute de sa réponse.
- Tony réuni l'équipe dans trente minutes pour un staff. M'informe Friday, d'une voix hésitante.
- Tony ? mmmm... avec Ross, je suppose pour que ça ait l'air de t'embêter de me le dire ? Demandè-je, toujours surprit par les réactions si humaines que peut parfois montrer l'IA.
- Le Secrétaire d'État a une information de Niveau 1 à transmettre aux Avengers. Poursuit l'IA, l'air soulagé que j'ai compris.
- C'est quoi une information de Niveau 1 ?
- Une alerte de sécurité mondiale, Nomad. Me répond posément Friday.
- Ah... pour une fois on va peut-être faire autre chose que le boulot du FBI ou du SWAT... Soupirè-je.
- Salle de meeting dans vingt-sept minutes, Monsieur Rogers... le sergent Barnes est également convoqué... Rajoute l'IA, toujours hésitante.
- On y sera, Friday ! Répondè-je, un peu sèchement.

L'IA coupe la transmission et je soupire bruyamment. Je ferme les yeux et compte jusqu'à dix pour me calmer. Puis je recompte encore. Et encore.
J'essaye de me rappeler que je ne supporte cette comédie que parce qu'elle me permet de vivre auprès de Bucky et non pas enfermé au RAFT pendant que mon ami serait disséqué par les scientifiques du Shield ou Dieu-sait-qui d'autre.
Ross... En principe, c'est Tony qui assigne les missions confiées par les Nations Unies ou le Pentagone ; le Secrétaire n'intervient directement qu'en de rares occasions et elles ne sont jamais plaisantes. Nous sommes ses marionnettes, complètement soumis à son bon-vouloir, il est notre épée de Damoclès. D'un claquement de doigts il peut décider de notre sort ; c'est un peu notre bracelet électronique, il peut réduire notre périmètre de liberté de l'intégralité du Complexe à la porte des toilettes...
À nouveau, j'ai l'impression d'étouffer, c'est comme si l'oxygène restait bloqué dans ma trachée ; mon pouls s'accélère et mon cœur se serre dans ma poitrine. Une crise d'angoisse. Une de plus. Je me reprends, je n'ai pas le droit de flancher ! Ce n'est pas moi qui aie été torturé pendant soixante-dix-ans, je n'ai pas le droit de me sentir mal.
Je caresse doucement le dos de mon ami :

- Buck ! Bucky, réveille-toi, Tony nous débriefe dans une demi-heure. Lui dis-je, à voix basse pour ne pas le brusquer.
J'entends mon ami soupirer avant de tourner son visage vers moi :

- J'ai entendu Friday, te fatigue pas... Répond-il, d'une voix éraillée.
Il se redresse et s'éloigne de mon étreinte pour s'asseoir au bord du canapé, les bras tendus de part et d'autres de ses jambes et la tête légèrement penchée en avant. Ses longs cheveux me cachent l'expression de son visage que je devine préoccupée. Celui qui encourt le plus de risques des changements d'humeur de Ross et de Tony, c'est lui. C'est toujours lui.
Je m'assois à mon tour et pose une main sur son épaule droite :

Les Vestiges d'Hydra Où les histoires vivent. Découvrez maintenant