Chapitre 5 : Nous l'avons.

507 20 1
                                    




Alexan

Mes mains se resserrent autour du volant. Nous roulons depuis deux heures sur une autoroute complètement vide. Il est environ une heure du matin et personne ne parle dans la voiture. Orion est à mes côtés à l'avant, il est en communication avec nos autres hommes qui sont déjà sur place.

- Ils ont repéré trois camionnettes au Sud de l'entrepôt, pour le moment aucune trace d'Ivy, mais il y a un peu de mouvement à l'intérieur. Il est possible qu'elle y soit déjà depuis plusieurs heures sans qu'on ne l'ait repérée. 

J'écoute Orion d'une moitié d'oreille, trop concentré dans le rétroviseur. C'est Rose qui prend la parole cette fois, elle a passé des nuits à étudier les plans de l'usine désaffectée où a lieu l'échange.

- Je pencherais sur deux possibilités, ils peuvent la retenir dans des sous-sols qui contiennent trois petites pièces plutôt cachées. Il y a un escalier à l'intérieur qui donne directement dessus. Ou alors, on la trouvera dans une ancienne salle des machines tout au fond. Il n'y a aucune issue dans cette pièce, aucune fenêtre donc c'est idéal pour la cacher.

Je n'ai vraiment pas grand-chose à faire des tournures différentes de notre plan de sauvetage. Tout ce qui compte, c'est que l'on me dise où je peux la trouver. Je vais la ramener à la maison, après huit ans de souffrance, elle va revenir. Je me prépare déjà à la revoir dans un état critique, son esprit complètement bloqué lorsque nous avions dix-huit ans.

Je ne sais pas de quoi j'ai le plus peur : les marques sur son corps et leur origine, ou bien le choc qu'elle aura en comprenant que je n'ai plus rien à voir avec celui qu'elle s'imagine. Je la connaissais par cœur cette fille, elle était particulièrement robuste. Je suis persuadée qu'elle s'est accrochée à mon image pour conserver quelques forces en elle.

- On arrive dans deux minutes.

Mon regard s'égare pendant un instant sur Haven, avec une mélancolie presque palpable, comme si je me souvenais de quelque chose que je n'avais jamais vraiment vécu. Elle est assise à l'arrière de la voiture, ses longs cheveux bruns étalés sur ses épaules, et je ne peux détacher mes yeux de son visage.

Elle regarde par la fenêtre avec un air de tristesse. Il règne désormais un silence total dans l'habitacle, et je me sens submergé par une vague d'émotions contradictoires. Une fois arrivé à destination, je m'extirpe de la voiture en chargeant mon arme, prêt à affronter ce qui m'attend.

Haven reste ici comme prévu, assez éloignée du cœur de l'action. Il est temps pour moi de distribuer mes ordres à l'ensemble de mes équipes. C'est un travail fastidieux et complété par des enjeux qui me pèsent, peu importe la taille de notre intervention.

- Orion et Rose iront au sous-sol accompagnés de deux d'entre-vous. Je me chargerais du rez-de-chaussée seul pour ne pas être repéré. Le reste de notre équipe se postera aux différentes entrées pour être certain que personne ne s'échappe du bâtiment. Flynn souhaite rester discret sur cette action, ils ne seront normalement pas nombreux.

Tout le monde porte une oreillette à utiliser seulement en cas d'urgence ou pour les informations principales, surtout si l'objectif est accompli. Chaque équipe s'arme et se dirige vers leur point de position.

Je laisse un dernier regard à Haven, j'aimerais savoir ce qu'elle ressent à travers la vision de mon visage. Mais je pense lui montrer l'autre part de moi, celle que je lui cachais. Dans ce genre de situation, je me dois d'être sévère et ferme, si une seule trace d'émotion apparaît sur mon visage, n'importe lequel de mes ennemis s'en servira. Mon père m'a bien assez fait la leçon sur le triste pouvoir des sentiments.

Born to kill you T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant