Born to kill you T2

Chapitre 3 : Un pied dans la famille

Haven

J'ouvre difficilement mes yeux ce matin, la nuit fût courte et agitée, comme prévue. Je n'ai pas réussi à trouver le sommeil. J'ai entendu Alexan s'enfermer dans son bureau quelques instants après avoir quitté sa chambre. J'ai finalement sombré dans le sommeil après des dizaines de minutes tumultueuses à tourner dans mon lit et à penser à la situation. 

C'est dur de se dire que pour la deuxième fois de ma vie, je quitte absolument tout ce que j'avais construit. Mes membres s'étirent un par un. Cette journée est la première au cœur de ce monde encore inconnu pour moi, je n'ai qu'une hâte, commencer à chercher des réponses supplémentaires parce que je suis persuadée qu'il y en a. 

Ma main fouille sur ma table de nuit pour trouver mon téléphone, mais elle tombe sur un objet en métal qui a le don de me réveiller pour de bon au moins. Le Colt est soigneusement laissé, le canon opposé à moi, avec un bout de papier déchiré.

"Tu es la seule que je peux encore protéger. Je t'en prie Haven."

Je vais le tuer. Je froisse la feuille et range l'arme dans mon tiroir. Je n'avais jamais rencontré quelqu'un de plus têtu que moi, je pense être servie. Mes pieds rencontrent le sol et se heurtent à une énorme valise que je n'avais pas encore remarquée. Elle ressemble étrangement à celle que j'ai laissée à San Francisco. 

En l'ouvrant, la plupart de mes vêtements et de mes produits y sont présentés, complètement lavés et rangés. C'est parfois un avantage d'être millionnaire finalement, des hommes ont dû aller les chercher pendant la nuit. Je suis ravie de les ranger soigneusement dans mon placard et d'enfiler un de mes pulls préférés. 

Je respire longuement devant le miroir, il faut que je franchisse cette porte parce que la fin me gagne. Le couloir est complètement vide, je crois me rappeler à peu près du chemin qui mène à la cuisine, alors j'emprunte l'escalier principal. Il me semble que c'était à droite ensuite, je parcours deux pièces encore avant d'atterrir dans le salon.

- Tu es perdu petite ?

Alors que j'avançais un peu plus vers la cuisine, cette voix féminine me coupe dans ma lancée. Je me retourne dans un sursaut, cette dame a choisi le seul coin d'ombre pour se cacher.

- Non, j'allais juste chercher à manger.
Sa silhouette se dévoile, elle s'approche un peu plus de moi et je peux la détailler. Ses cheveux sont gris mais plaqués dans un chignon bas. Elle semble avoir la cinquantaine pourtant les traits de son visage sont parfaitement lisses.

- Haven, je suppose ?

J'avale doucement ma salive en reculant d'un pas, je me colle littéralement au canapé. Rose m'avait dit de ne parler à personne ici, je ne sais pas de quoi ces gens sont capables.

- Ou...oui.

Je bafouille pour une réponse aussi simple. Je n'aperçois pas un semblant de sourire, seulement une expression sévère et intriguée. Elle n'est pas très grande et très bien habillée, un foulard particulièrement luxueux et une coupe de mimosa à la main. Ses yeux bleus me percent à travers ses lunettes de marque.

- J'aimerais que tu t'assoies un instant avec moi.

Je ne pense pas avoir le choix, cette femme a une aura terrifiante et une allure imposante. Elle se place dans un large fauteuil et m'indique avec son verre le canapé juste en face d'elle. Je regarde autour de moi, mais il n'y a personne, j'aurais tellement aimé avoir le soutien de Rose ou Orion dans cette situation. 

Je m'assois discrètement sur un bout de coussin et croise mes jambes entre elles. Je ne sais pas comment paraître plus sûre de moi, je dois avoir l'air d'une enfant tombée dans un monde qu'elle ne comprend pas. Pourtant, c'est en quelques sortes le cas. J'ai toujours connu une vie universitaire assez classique, le plus grand drame dans ma vie était ma séparation avec Cole. C'est presque drôle de constater à quel point mes problèmes étaient particulièrement moindres par rapport à aujourd'hui.