Chapitre 33 : Un tout dernier cache-cache

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Alexan

Je jette mon téléphone sur le lit et me propulse en direction de ma table de nuit. Ma main récupère instinctivement mon flingue, froid et familier entre mes doigts. L'adrénaline inonde mes veines, mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine. Une série de pensées se bousculent dans ma tête, mais une seule idée persiste : rejoindre la chambre d'Ivy, là d'où provenait ce cri. 

Dans un geste presque automatique, j'attrape une poignée de balles de mon étui et les insère avec précision dans le chargeur. Chaque mouvement est empreint d'une concentration intense, mon esprit focalisé sur la tâche à accomplir. Une ombre se profile sous mes pieds, Roméo doit lui aussi sentir le danger pour se coller à moi. 

Je lui fais un simple signe de main que je lui ai appris pour qu'il se cache dans un coin de ma chambre sans aboyer. J'ouvre la porte qui donne directement dans le couloir plongé dans l'obscurité totale. Il n'y a plus un seul bruit, pas même une respiration présente à l'étage. Mes sens sont en alerte, captant le moindre frisson dans l'air, la moindre présence inquiétante qui pourrait surgir à tout moment. 

J'ai un instinct pour les mauvaises situations, et il est complètement en alerte depuis quelques secondes. Mes mains se serrent autour de mon arme, mon jean noir et une chemise blanche est loin d'être la tenue idéale pour se battre. Les murmures sournois d'une brise glaciale me parviennent, comme si l'âme de la maison elle-même chuchotait des avertissements funestes. Des images macabres défilent dans mon esprit, des visions d'horreur qui me glacent jusqu'aux os. 

Il devrait y avoir des hommes plantés à l'étage, je devrais entendre des voix depuis l'escalier, mais il n'en est rien. À vrai dire, tout ce que je ressens, c'est l'aura sinistre que renvoie la porte au bout du couloir. En effet, celle d'Ivy est à moitié ouverte et je ne perçois pas un brin de lumière au loin. 

La seule source qui m'éclaire sont les rayons de la lune provenant de ma chambre. Mes mains tremblent, malgré mes efforts pour les maintenir stables. Les souvenirs d'une enfance marquée par la violence ressurgissent, ravivant mes peurs les plus profondes. Je me vois parcourir la maison, ces mêmes couloirs, sans un bruit par peur que mon père m'entende. 

Les secondes s'étirent, interminables, alors que je m'approche lentement de la porte. La froideur de la poignée entre mes doigts est une invitation à l'horreur. Je la pousse doucement, avec précaution, et la porte grince dans une protestation sinistre. J'entends d'étranges murmures, un mélange de mots incompréhensible.

- Je le devais... sang... du sang partout... c'est ce qu'il m'a demandé.

Mes yeux se plissent pour analyser la scène. L'odeur métallique du sang flotte dans l'air, mêlée à une essence de terreur. Je pénètre lentement dans la pièce, et ce que je découvre est bien au-delà de tous mes cauchemars.

- Pas folle...non...non...c'était ce que je voulais.

Le spectacle macabre qui se dévoile devant moi m'arrache un cri étouffé de douleur et d'horreur. Rose gît sur le sol, sa vie éteinte, sa beauté désormais figée dans une expression de terreur éternelle. Ses cheveux blonds sont tachés du rouge de son propre sang, et ses yeux vides ne reflètent plus que le vide glacial de la mort. Un frisson d'effroi parcourt mon être alors que je me précipite à genoux près d'elle. 

Mes mains tremblent violemment, incapables de contenir la rage et la tristesse qui s'emparent de moi. Je caresse tendrement son visage, encore chaud, mais clairement dénué de vie. Les larmes brouillent ma vision. J'ai vu la mort des centaines de fois, elle a même bien souvent frôlé ma propre vie. 

Mais cette image, elle est bien pire que toutes les tortures que l'on aurait pu me faire subir. Ma tête se relève douloureusement en direction d'une silhouette rousse, plantée devant la fenêtre. Elle semble observer l'extérieur, un grand couteau de cuisine sanglant dans sa main.

Born to kill you T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant