Chapitre 22 : Un aller simple aux enfers

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Haven

Mes muscles sont engourdis et ma tête me fait affreusement mal, mais je suis vivante. Mes doigts frôlent un sol de pierre, humide et froid. Mon corps est recroquevillé sur lui-même, je ne sens plus rien. Je me réveille difficilement, la somnolence laisse place à la douleur. J'ai la gorge sèche et les yeux irrités, je parviens à peine à les ouvrir. 

L'obscurité est quasiment totale dans cette pièce. J'observe d'abord mon corps, je n'ai aucune marque apparente. Mes doigts glissent à l'arrière de ma tête et frôlent un amas de sang coagulé. Mes souvenirs reviennent peu à peu, mais la situation est encore floue. Je n'ai que des flashs de mon voyage interrompu, Oren m'a retrouvé dans cette station essence et un de ses hommes m'a assommée. 

Je m'assois doucement, mes dents grincent à cause de la douleur. Je porte encore mon sweat, mais ils m'ont retiré mon pantalon. Il fait affreusement froid ici. Ma main se déplace autour de mon cou et j'étouffe un sanglot. Ils ont pris mon collier. Mon regard se balade dans la pièce, il n'y a rien à part une porte sûrement verrouillée. 

Je sais pertinemment où je suis, mais je tente de ne pas y penser. Cette pièce ressemble à la photo que Alexan avait reçue sur son téléphone. Mon cœur commence à s'accélérer, je suis au bord de la crise d'angoisse. La solitude va me détruire, mais j'ai peur d'entendre un seul pas survenir depuis l'extérieur.

Une vieille ampoule éclaire à peine la salle, je perçois une silhouette dans un coin. C'est un corps qui bouge à peine, presque en décomposition. Je lui ai dit d'aller crever, il semble m'avoir écoutée. L'ombre de mon frère ne parle pas pour une fois, pourtant, j'aimerais entendre sa voix, aussi embêtante soit elle.

- Tommy ?

Je n'ose pas m'approcher, je reste dans le coin le plus éloigné.

- Tommy, s'il te plaît.

Ma voix se brise complètement. Je colle mon dos contre le mur et je ne lâche pas sa silhouette du regard. Je regrette tellement de ne pas l'avoir écouté, cette partie de mon cerveau à laquelle j'ai donné la forme de mon frère. Elle m'a tant de fois prévenue, et je ne l'ai jamais écouté. Je n'aurais pas dû lui dire de mourir, j'ai peur que son corps ne disparaisse jamais. Je ne sais pas combien de temps, je vais devoir rester dans cet endroit, combien de temps, je vais vivre avant de mourir, que ce soit à l'intérieur ou physiquement.

- Je suis tellement désolée...

Je rapproche mes deux jambes de mon corps. Son cou est brûlé, son visage déformé et couvert de bleu. C'est une vision d'horreur que je subis.

- Pardonne-moi.

Je répète sans cesse des excuses qu'il ne semble pas écouter. J'aurais dû me soigner, faire confiance à Narcys qui m'a conseillé différents psychiatres. Je n'ai jamais traité les failles de mon deuil inachevé. Je me retrouve avec un esprit brisé par les scènes infâmes que je m'inflige moi-même. C'est de ma faute, mon propre malheur repose sur mes épaules. 

Je n'aurais jamais dû chercher à le retrouver. C'est moi qui ai provoqué cet incendie en ouvrant la porte aux espions de Flynn. Les garçons seraient sûrement restés cachés et vivants bien plus longtemps si ma curiosité ne prenait pas tout le temps le dessus.

- J'ai menti, je ne voulais pas que tu meures.

Quelques larmes inondent mes joues et ma respiration est fractionnée. J'aurais préféré qu'il disparaisse complètement de mon esprit au lieu d'être torturé par son fantôme.


Alexan

Elle a disparu depuis deux jours et je n'ai pas dormi depuis autant de temps. J'observe l'extérieur depuis mon bureau, sachant pertinemment qu'elle est quelque part, dehors. Flynn l'a peut-être déjà tué. Non. Il est bien plus cruel que ça. Il va la briser, chaque minute plus encore et par les pires des moyens.

Born to kill you T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant