Born to kill you T2

Chapitre 30 : Le poids de la famille

Haven

J'inspire longuement devant les quelques marches à franchir. Le vent s'est réchauffé en cette après-midi californienne, mais pas assez pour que je lâche ma veste en cuir. Tommy se trouve à un mètre devant moi juste devant la porte de notre maison familiale. J'entends déjà leurs voix se mêler derrière celle-ci, un simple bout de bois qui sépare nos vies aujourd'hui. Ils ont continué leurs activités sans jamais imaginer que leur fille se soit immiscée dans les plus sombres mafias du pays. Mais la vérité est que j'ai perdu toute trace de ma réelle identité ces derniers temps.

Les quelques jours dans le coma m'ont beaucoup fait réfléchir, à vrai dire, je suis surtout perdue. Je ne suis plus la Haven d'Olympia, et encore moins celle qui est arrivée à San Francisco à la recherche de son frère. Je suis partagée entre les Wilkins et les Jones en Floride, pas même certaine que cette vie-là me corresponde encore.

La sensation d'une balle me transperçant, la douleur fulgurante, et le goût amer de la mort effleurant ma conscience... C'était une expérience terrifiante, une épreuve qui a chamboulé ma vie à jamais. La peur, telle une créature insaisissable, s'est glissée dans chaque fibre de mon être, me laissant frissonnante et vulnérable. J'ai eu véritablement peur de perdre les deux garçons que j'aimais le plus au monde.

Je les sentais entourant mon corps, pleurant et tentant d'arrêter tout ce sang qui s'échappait de mon corps. Dans ces moments de noirceur absolue, j'ai senti l'angoisse m'envahir, étouffant mon souffle et engourdissant mes membres. Les battements de mon cœur résonnaient dans mes oreilles, comme un compte à rebours funeste qui ralentissait beaucoup trop rapidement. J'ai été confrontée à la réalité de ma fragilité, à quel point la vie peut être éphémère et incertaine.

L'idée de perdre ma propre existence, de laisser derrière moi mes espoirs, mes rêves et mes regrets, a été un cauchemar épouvantable. La mort de Tommy avait déjà été une perte déchirante qui avait ravagé mon cœur. Mais sentir l'ombre de la fin planer si près de moi, me toucher presque du bout des doigts, a été une expérience qui a frappé mon esprit de terreur. Et pourtant, malgré la peur qui m'a paralysée, j'ai trouvé une force intérieure pour survivre, pour me battre contre cette sombre menace.

Je me suis accrochée à des mains qui entouraient et réchauffaient mon corps, à des mots glissés contre mon oreille me suppliant de rester. J'ai puisé dans mes ressources les plus profondes, me raccrochant à chaque lueur d'espoir pour échapper à ce destin funeste. Mais cette lutte a pris quelque chose en moi, me laissant comme une coquille vide qui a besoin d'être remplie à nouveau.

- On peut encore faire demi-tour si tu ne le sens pas.

Tommy attend juste devant la porte, il attend un seul signe de ma part pour franchir le pas. Mes bras se croisent devant ma poitrine et quelques mèches de mes cheveux se glissent entre mes lèvres. Il faut que j'affronte cette partie de mon passé, je n'ai pas le choix. Alors d'un léger signe de tête, je l'autorise à frapper contre la porte.

Il recule immédiatement et se place à mes côtés, sa main frôle la mienne et je sais que c'est son moyen de me soutenir. Il ne faut que quelques secondes pour voir apparaître la silhouette de ma mère et sa chevelure brune parfaitement remontée dans un chignon plaqué.

- Ça fait trois fois cette semaine, vos tupperwares bon marché ne nous interressent p...

Elle s'arrête immédiatement sous le choc. Son regard oscille entre mon frère et moi, cherchant désespérément des réponses à cette scène impensable. Les années d'absence ont creusé des rides profondes sur son visage, témoins muets de l'inquiétude et de la peine qu'elle a endurées. Mais maintenant, face à cette réalité inattendue, ses traits se mêlent de surprise, d'incrédulité et d'une lueur d'espoir naissante.