Born to kill you T2

Chapitre 31 : Café et normalité

Haven

Nous sommes partis de chez nos parents il y a une heure et le soleil est venu égayer l'après-midi. Je redresse légèrement ma capuche au-dessus de mes cheveux, Tommy tient à ce que l'on respecte toutes précautions lorsqu'on est dehors. Flynn pourrait être absolument partout dans ce pays, ça ne m'étonnerait pas qu'il nous ait déjà retrouvés. Alors nous sortons rarement, seulement pour faire des courses ou prendre un peu l'air. 

La rue est animée, mais nous essayons de nous fondre dans la masse, de passer inaperçus. Les visages anonymes se succèdent, chacun plongé dans sa propre réalité. Les sourires et les rires semblent si lointains, presque étrangers à notre univers troublé. Nous avançons d'un pas mesuré, nos yeux scrutant discrètement chaque recoin, chaque mouvement suspect. La prudence est notre meilleure alliée, et nous savons que nous devons la respecter à tout prix.

- Il y a un café au coin de la rue, on peut s'y poser un moment avant de rentrer ?

Je sais très bien pourquoi mon frère tient à s'arrêter là, on a besoin d'échanger. Après être sortis de chez nos parents, nous sommes restés dans un silence étrange et qui sonnait presque faux. Au son de la clochette d'entrée, nos regards se tournent en symbiose vers une table plutôt cachée par quelques plantes. 

L'endroit est décoré avec goût, mêlant des tons chauds et des accents boisés. Des bougies parfumées parsèment l'espace, diffusant des notes délicates de vanille et de cannelle. L'atmosphère est empreinte d'une douceur apaisante, comme une parenthèse hors du temps et douce, rappelant notre enfance. Les murmures des conversations se mêlent harmonieusement à la musique d'ambiance, créant une symphonie délicate qui caresse nos oreilles. 

Les rires étouffés et les chuchotements complices ajoutent une touche de vie à cet univers suspendu. Un serveur vient à notre rencontre, son sourire chaleureux éclairant son visage. Il nous tend les menus et s'éloigne pour nous laisser choisir. Les pages sont épaisses, imprimées sur un papier de qualité et fleuries, témoignant du soin accordé aux moindres détails.

- Je vais juste prendre un café court.

Tommy lève les yeux du menu et hausse les sourcils avec un sourire au coin des lèvres.

- Tu adorais prendre une crêpe quand je t'emmenais plus jeune après les cours. Même si tu préférais les miennes, et de loin.

Je m'apprête à laisser échapper une remarque acerbe comme j'en ai l'habitude, pour lui rappeler que je ne suis plus cette petite fille. Mais Tommy ne mérite pas ce comportement alors qu'il a déjà tant donné pour moi. Je me contente de lui sourire et il continue à remuer des souvenirs que je pensais avoir éteints.

- Tu rêvais même d'ouvrir un restaurant avec moi, que je cuisine pour toutes les petites filles qui n'avaient pas la chance d'avoir un grand frère. Tu me le répétais tout le temps.

J'avale difficilement la boule qui s'est créée dans ma gorge. Le serveur s'approche à nouveau et sans détacher mon regard de celui de mon frère, je change d'avis.

- Un café et une crêpe s'il vous plaît.

- Et pour vous monsieur ?

- Je prendrais la même chose.

Dans ce moment de complicité retrouvée, je sens la chaleur de nos souvenirs communs ressurgir, se mêlant à la douceur de l'atmosphère environnante. Les mots de Tommy résonnent en moi, éveillant une nostalgie tendre et émouvante. Son sourire en coin est empreint de douceur, d'une affection fraternelle indéfectible. 

Je réalise à quel point il a été présent dans ma vie, même lorsque je pensais être seule. Ses paroles ravivent des fragments de notre passé, des moments de bonheur partagé qui semblaient enfouis. La main du serveur apparaît devant mes yeux pour reprendre nos cartes et je suis soudainement attirée par son visage.