Born to kill you T2

Chapitre 15 : Renaissance dans les ténèbres

Haven, 4 mois plus tard

Les bruits des machines du casino animent la grande salle. Je suis vêtue élégamment d'une robe noire comme j'aime, mes cheveux sont coupés au carré. Je suis sur les talons d'un homme depuis une demi-heure, mon attention rivée sur lui tout en parlant à Narcys dans mon oreillette. 

Mon cœur bat la chamade, l'adrénaline circule dans mes veines tandis que je me faufile à travers la foule de joueurs, et j'adore ça. Je ne peux pas me permettre la moindre erreur, je dois suivre ce type et découvrir ce qu'il trame. Je ressens la pression montant à chaque seconde, elle glisse dans mes veines comme une drogue qui stimule mes mouvements.

- Plus que deux minutes Haven.

La voix de Narcys résonne au fond de mon oreille. J'y place mon doigt et je chuchote discrètement pour ne pas paraître suspecte.

- Il est mort dans une, à peine.

Ma voix est froide, bien trop habituée maintenant à ce genre d'escapade. Je n'ai plus peur de la mort depuis que Narcys m'a poussé à y faire face. Le bruit du canon au bout de mes bras est un son mélodieux pour mes oreilles, il sonne la justice. Je me suis peu à peu détaché du sentiment de vengeance qui imprégnait mes pensées pour me concentrer sur l'essence réelle de la mafia en Floride.

- Tu la vois ?

Mes yeux parcourent la silhouette de l'individu que je poursuis. Je slalome entre les différentes tables de jeux. Accrochée sur sa ceinture, je la remarque enfin. C'est le scintillement des clés du coffre.

- Il se dirige vers la salle.

La mission va s'achever maintenant. Je resserre mon emprise sur le flingue que je camoufle sous un manteau de fourrure. Le thème de la soirée est l'extravagance, j'ai pris un plaisir fou à me déguiser en femme miliardaire qui ne sait plus quoi faire de son argent. J'ai pavané quelques heures devant des hommes qui lorgnaient sur mon décolleté. 

Ils ont été assez stupides pour me révéler le détenteur de la clé. Je n'avais qu'à cligner des yeux et à poser des questions idiotes sur l'architecture du lieu. Le bruit de l'agitation est assourdissant, les gens s'agglutinent sans arrêt autour des machines à sous qui ne cessent de sonner. Enfin, dans une discrétion partielle, l'homme emprunte un couloir qui nous mène devant une grande porte. J'observe la combinaison du digicode. 

Je suis camouflée derrière un mur, juste assez loin pour qu'il ne me remarque pas. 8465. Parfait. Je m'avance à mon tour lorsque la porte se referme et je répète la suite de chiffres. Narcys ne parle plus dans mon oreille, il sait que j'aime me concentrer absolument seule durant ce genre de missions. 

Durant les derniers mois, j'ai pris tellement d'initiatives que je me suis sentie libre malgré mon obligation pour cette famille. J'ai l'impression d'avoir un chez-moi, enfin. Personne ne me contient, au contraire, Narcys exploite absolument tout le potentiel qu'il a placé en moi. Plus récemment, il m'a officiellement nommé comme son bras-droit puisque Marco est reparti en Europe pour quelques mois. 

J'ai un pouvoir de décision qui influence le réseau complet, et plus loin, le fonctionnement du pays. J'ai appris à négocier avec les plus puissants mafieux, et Narcys m'a sculpté dans un seul sentiment : la cruauté. Il affirme qu'elle est le seul moyen pour que je m'en sorte seule ici, je n'ai plus aucune peine ni compassion.

- Qui êtes-vous ? Que faites-vous ici ?

J'ai brutalement ouvert la porte pour atterrir dans une salle illuminée par divers écrans de surveillances. Sans perdre une seconde, j'abats ma crosse sur son crâne et il s'effondre au sol. Je décale son corps avec la force de mes bras dans un coin plus reculé, nous devons gagner quelques secondes.