Chapitre 21 : Un tournant inattendu

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Haven

Je range mes affaires à toute vitesse, je n'ai pas grand-chose qui me tient réellement à cœur de toute manière. Je jette un dernier coup d'œil autour de la pièce, sentant la peine et la confusion m'envahir. Pourquoi les choses ont-elles tourné ainsi ? Je ne sais plus qui je suis, ni où est ma place dans ce monde. Je me sens trompée par une famille entière qui se sert de moi comme d'un objet. 

On m'emmène de droite à gauche sans arrêt, on ne me croit pas et surtout, on me ment. Maintenant, je vais faire mes propres choix et retourner en Floride. Je m'empare de mon téléphone et envoie un message à Narcys, je suis certain qu'il a dû parier sur le temps que je mettrais à revenir vers lui. Mes gestes s'activent en refermant mon sac à dos, je m'énerve sur la fermeture qui bloque sur un de mes sweats.

- Putain, allez.

- Tu vas le regretter Haven.

L'ombre de mon frère m'observe déjà depuis un moment dans le coin de la pièce, j'ai tenté de l'ignorer, mais sa présence devient tellement oppressante. Son regard paraît presque réel, c'est dingue ce que mon cerveau est capable d'imaginer.

- Ce n'est pas une bonne idée.

Je force encore un peu et ce maudit sac se ferme enfin.

- Haven.

Son ton devient réprobateur et mon cœur se met à battre encore plus vite. Je suis tétanisée par la situation incertaine de mes choix et cette imitation ridicule de Thomas m'empêche de réfléchir. Je marque une pause rapide en m'appuyant contre le lit. J'ai besoin de me dépêcher avant que quelqu'un ne vienne. Je me dirige vers la fenêtre. Merde. 

Il a mis des gardes absolument partout, mais il y a une espèce de forêt à l'arrière de la maison qui n'est pas tout le temps surveillée. J'ai longuement observé et écouté leurs heures de rondes, je devrai bientôt avoir un espace de deux minutes pour m'échapper. Si jamais il me surprend en train de m'échapper, je ne doute pas qu'il essaie à tout prix de me retenir, quitte à m'enfermer ici.

- Tu ne sais pas ce qui t'attend.

Je n'en peux plus de l'entendre, de le voir et de subir ses injonctions. Il n'est là que pour me torturer l'esprit.

- Ferme-la.

C'est une des rares fois où je lui réponds les yeux dans les yeux. Mais les siens ne sont que deux billes complètement vides. Il tente encore une fois d'ouvrir la bouche pour me parler, mais je l'arrête.

- Je n'en peux plus de ta présence, va crever Thomas. Retourne d'où tu viens et arrête de me torturer. Tu es mort. Tu es mort...

Mes lèvres tremblent lorsque je le vois s'effacer dans l'ombre. Je sais à quel point prononcer ces mots m'a fait souffrir, mais au moins, il a disparu. Il semble s'éteindre dans une fumée imaginaire et me laisse, avec ma solitude, dans ma chambre au beau milieu de la nuit. Mon oreille se glisse contre la porte, je n'entends personne dans le couloir. 

Je tourne doucement la clé de ma porte et la referme derrière moi. Mes pas font glisser mon corps contre le mur jusqu'à l'escalier. Je passe devant la porte d'entrée sans m'arrêter, sachant que je ne pourrais jamais l'ouvrir sans faire de bruit. L'adrénaline augmente lorsque j'aperçois la silhouette de Louisa sur un fauteuil du salon. Je marque une pause, mais sa respiration m'indique qu'elle semble dormir profondément. 

Ce qui m'inquiète le plus est certainement la boule de poil qui me suit sans un bruit. Je me faufile dans la salle la plus au fond de la maison, c'est un garage que je n'ai pas l'habitude de côtoyer. Mon regard se pose sur des motos, celles d'Alexan, ce sera parfait. Chaque pas que je place en direction de la porte de sortie arrière me rappelle tout ce que je laisse derrière moi. 

Born to kill you T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant