Chapitre 14 : les braises du destin

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Haven

Le jet privé a décollé il y a quelques heures, et personne n'a souhaité me dire au revoir. Je suis anéantie, détruite par la rapidité et la violence avec lesquelles j'ai été évincée. J'ai beau réfléchir sur la question, je ne comprends pas pourquoi Ivy a agi de cette manière. 

Ce n'est pas une simple crise de jalousie qui pousse une femme à se tirer dans la main, risquer de mourir concrètement, juste pour un homme. Je ne peux pas y croire. Le paysage de la Floride se dessine à travers mon hublot. Mon regard n'a pas quitté l'extérieur, je n'arrive pas à réaliser que j'ai quitté la Californie d'une heure à l'autre. 

Je commençais à m'y faire, à construire une routine et un entraînement qui m'auraient permis de faire mes preuves. Je les déteste tous pour ne pas m'avoir cru, et encore plus cette femme complètement folle. Elle a retourné la situation contre moi à la perfection. Si seulement Alexan avait accepté de m'écouter, rien que quelques secondes. J'aurais pu tenter ma chance, le convaincre peut-être, mais je vois ça comme une peine perdue. Je m'enfonce dans mon siège et ferme les yeux, épuisée par les événements de ces derniers jours. 

J'entends à nouveau les mots d'Alexan quand il a annoncé que je partais, sans aucune négociation. J'ai l'impression d'être un poids, comme l'a si bien dit Ivy. J'aurais dû comprendre que quelque chose ne tournait pas rond chez elle, mais je n'ai rien vu venir. J'étais tellement aveuglée par mon amour pour lui. 

Et maintenant, je suis seule, sans réponses à mes questions. Les larmes commencent à couler sur mes joues, sans que je puisse les retenir. Je ne sais pas où je vais, ni ce que je vais faire. Tout ce que je sais, c'est que je dois tourner la page sur cette histoire et recommencer à zéro. Je prends une profonde inspiration, essuie mes larmes et décide de me concentrer sur le futur, quel qu'il soit. 

Je m'assoupis quelques dizaines de minutes puis une hôtesse me tapote l'épaule. L'avion est enfin au sol, la porte ouverte vers ma nouvelle vie. Je récupère le peu d'affaires que j'ai amené avec moi, un simple sac. Le soleil se lève à peine à l'horizon, la piste d'atterrissage est particulièrement bruyante et me réveille sans grande délicatesse. 

Je descends les marches lentement en profitant de l'air extérieur. La silhouette de Narcys se dévoile en bas des escaliers, une scène étrangement familière.

- Madame.

Je suis surprise que le grand patron en personne ait pris la peine de venir chercher le colis d'Alexan. Il me tend sa main, mais je passe devant lui sans un regard pour rejoindre la voiture. C'est fou ce que la richesse peut faire gagner comme temps, je ne m'y habituerais sûrement jamais. J'entends ses pas me suivre.

- Tu étais plus enthousiaste lors de notre dernière rencontre.

- J'étais un appât, rien d'autre. 

Maintenant, je me rends compte à quel point cette famille se servait de moi. Je regroupe mes cheveux dans un chignon avant d'ouvrir le coffre. Mon allure est catastrophique, je porte un jogging et un sweat confortable. La moitié de mon mascara a coulé sur mes joues durant le vol et je n'ai plus aucun goût pour sourire. 

En contraste total, j'ai eu le temps d'apercevoir sa chemise parfaitement repassée et son pantalon tailleur. Néanmoins, il est resté identique. Ses cheveux sont plutôt courts et ses yeux particulièrement noirs.

- C'est pas parce que ton chéri t'a puni que tu dois m'en vouloir.

Je me retourne indigné de cette réplique, il ose l'humour dans ce genre de situation.

- Exactement. Je ne suis pas d'humeur pour ton sarcasme. Je ne suis pas un jouet avec lequel on s'amuse. J'ai été utilisée, manipulée et maintenant rejetée. Alors, non, je ne suis pas d'humeur pour les plaisanteries.

Born to kill you T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant