Partie I | Chapitre VIII

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Alors qu'il accélère sous un froid qui l'engourdit, il a le réflexe de regarder sa montre. Elle annonce sept heures vingt-sept. Il vient de se rappeler que ce matin, ils n'étaient pas censés prendre le bus, mais devaient être amenés par les parents d'Émilie, à sept heures quarante-cinq. Il sait maintenant pourquoi Anaïs ne lui répondait pas, elle avait choisi de dormir un peu plus longtemps contrairement aux autres jours où ils devaient être à sept heures trente précises à l'arrêt de bus.

Il sait qu'il a une chance de s'en sortir. Il ne sait pas s'il doit réellement avoir peur, mais il est sur ses gardes, on n'est jamais trop bien préparé. Il parvient à la maison de Anaïs dont il s'empresse d'ouvrir le petit portail rouillé par la pluie et le temps. Alors qu'il toque et sonne, rien ne se passe. Aucune trace de Anaïs ni de personne d'autre. Il entend un bruit dérangeant, le bruit qu'il redoute le plus, le bruit qu'il a déjà entendu trop de fois aujourd'hui, le crissement de pneu neuf sur le goudron humide. Il n'ose pas se retourner, de peur de revoir cet être qui lui veut sûrement du mal, qui a peut-être même déjà fait du mal à Anaïs.

Il regarde le jardin de Anaïs du coin de l'œil. Il est protégé par une petite clôture qu'il pourrait facilement enjamber. Sans regarder derrière, il court à toute vitesse vers la petite cabane en bois au fond du potager en sautant par-dessus le petit grillage. Mais dans l'élan, son pantalon s'accroche au fil de fer et lui racle la jambe en le faisant tomber. Le petit bout de barrière métallique est enfoncé dans sa jambe, en lui ayant raclé tout le mollet. Il ne peut s'empêcher de crier de douleur malgré tous ses efforts pour le conserver en lui. En essayant de se relever, il remarque que la voiture est garée, moteur éteint, pile devant le grillage de la maison, mais la place conducteur est vide.

Jamais seulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant