Partie I | Chapitre XVI

2 3 0
                                    


Anaïs l'embrassa et lui souhaita bonne chance. Elle en avait marre de vivre sans pouvoir faire ce qu'elle voulait, marre de vivre en mangeant des choses immondes à bas prix, marre de se faire moquer quand les autres apprenaient que son père était mort et que sa mère était au chômage, marre de remplir les feuilles « d'informations » que les professeurs demandent à chaque début d'année et où elle ne remplit ni la case père ni la case métier de la mère, marre de son asociabilité, marre de sa vie.

Elle a espoir, elle a confiance en sa mère, confiance pour qu'elle obtienne le travail, trouve un homme ou une femme et elle a confiance pour que sa vie redevienne normale. Elle est triste, mais ne le montrait que très peu. Elle a honte de sa situation et honte de sa vie. Elle n'a pas confiance en elle. Elle ne se montre pas, reste timide en espérant ne plus jamais devoir étaler sa vie sur un plateau.

Une larme coule sur sajoue, tranquillement, vers les beaux reliefs de son visage, jusqu'à atteindreses lèvres et se glisser dans sa bouche. Elle inspire un grand coup et se rincela bouche, découvrant avec horreur que le lavabo est rempli de sang. Ellerecule, se tapant le dos contre le coin du meuble en bois. Elle se jette àterre en sanglotant. Elle a peur, elle sait qu'aujourd'hui n'est pas un jourcomme un autre. Elle a une mauvaise intuition, une mauvaise boule dans leventre qui lui fait mal.

Jamais seulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant