Comment dire « te quiero » ?

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Yanis 15h05
Lundi 2 septembre

Nous ne nous étions pas éternisés en cours.
Une fois quinze heures sonnées, Kilian et moi n'avions pas demandé notre reste et avions pris la direction de chez lui.
Cette fois nous étions rentrés à pieds, mais des fois nous préférions prendre le bus. En fait c'était surtout en fonction de notre humeur.
Et de la météo.

Nous rentrions souvent chez l'un de nous deux après les cours, cela pouvait s'éterniser jusqu'à le diner. C'est une habitude que nous avions prise dès l'année dernière, même si nous n'étions pas dans les mêmes classes ou même niveau ça nous motivait de ne pas travailler seuls.

Je déverrouillais mon téléphone, n'ayant pas eu le temps de le faire plus tôt et répondis aux quelques messages que j'avais reçus.
À ma sœur, Sharon qui me demandait si je mangerais avec eux ce soir – je n'en savais rien pour le moment, mais sûrement – puis à un pote de ma classe, qui m'envoyait une connerie, et enfin consultais les e-mails que j'avais sans en lire un seul en constatant que ce n'était que des pubs.

- Alors cette fin de journée ? lui demandais-je en relavant la tête de mon téléphone.

Je le rangeais dans ma poche et remerciais un automobiliste qui s'arrêta pour nous laisser traverser.

- Mieux que la matinée. Je ne l'ai pas recroisé.

- C'est une bonne nouvelle, crois-moi.

J'avais été dans la même classe que Rafael l'an dernier, et ça ne me surprendrait pas de me retrouver avec lui en option cette année. Et ce que je pouvais affirmer sans peur de me tromper, c'était bien que c'était un briseur de cœurs, arrogant. Il n'hésitait pas quand il s'agissait de se battre et ce n'était une simple rumeur ses problème de colère, même si j'avais voulu édulcorer la vérité pour Kilian tout à l'heure.

Quant aux personnes avec qui il trainait, je préférais ne pas en parler. Et tout ce que j'espérais maintenant, c'était qu'ils trouvent une autre cible avant que Kilian le devienne. Je pense que leur petite altercation de ce matin ne leur a pas échappée et le fait qu'il s'en soit sorti sans aucune conséquence me parait plus que bizarre. Mais, je me faisais peut-être seulement des idées, et je préférais ne pas l'inquiéter inutilement. Dieu savait à quel point sa vie était devenue compliquée depuis que sa mère était tombée malade, il avait déjà tant de responsabilités que je n'aurais pu pour rien au monde lui rajouter un sujet d'inquiétude.

Si quoi que ce soit tournait mal j'en ferais mon affaire. Que ces merdeux essayent quoi que ce soit et ils auraient affaire à moi. Je n'hésiterais pas à leur passer le message aussi.

- Yanis ?

La voix de mon ami me tira de mes pensées et je me rendis compte qu'il me parlait depuis tout à l'heure mais que, trop plongé dans mes pensées, à discuter avec moi-même, je ne l'avais même pas entendu.
Je sentis une vague de colère refluer également.

- Ouais, s'cuze je pensais à autre chose. Tu disais ?

- Je te demandais si tu voulais qu'on passe chercher à manger avant de rentrer.

Il pointa une petite superette de l'autre côté du trottoir.

- Nan t'inquiètes.

- Okay, on rentre alors.

J'opinais en signe d'assentiment, et nous coupâmes par le parc. Le temps était agréable et les rayons du soleil étaient adoucis par la canopée des arbres. Le bruit des voitures nous parvenait jusqu'ici, mais les chants des cigales et des oiseaux prenaient aisément le dessus.