8- Coups de fil

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Rafael, 14h37

Jeudi 5 Septembre

Qu'est-ce qu'il y a de plus chiant qu'un cours sur la bienséance et le savoir vivre en communauté ? Moi je vous demande.

Encore qu'on nous fasse ce genre de trucs quand on est au collège, pour les gamins de 11 ou 12 ans, ça a encore un minimum de sens, mais à notre âge il faut bien s'avouer que pour certains c'est fichu. Enfin pour certains même à 11 piges c'est foutu, alors...

Si mon quatre couleur avait été une personne, je crois bien qu'il aurait eu le tournis. Ça faisait approximativement 40 minutes que je le faisais tourner entre mes doigts. Et à peu près le même temps que je me retenais de sortir de cette salle de classe en défonçant la porte s'il le fallait.

Tout le monde avait l'air soit hyper intéressés parce que l'intervenante racontait – à se demander si on écoutait bien le même discours redondant et ennuyant à crever – soit étaient dans la même situation que moi à savoir à se demander ce qu'on pourrait bien faire pour rendre les 20 dernières minutes un peu plus amusantes pour toute la classe.

Tiago s'était déjà fait expédier à l'autre bout de la classe parce qu'il « perturbait la bonne écoute et compréhension de l'intervention, et qu'apparemment ça ne vous ferez pas de mal d'écouter un peu, messieurs ». Et depuis la prof nous gardait tous les deux à l'œil, alors nous ne pouvions plus compter que sur Esteban et Adrian pour mettre un peu d'ambiance avant que l'un de nous ne s'endorme réellement. Quoique je crois que le mec tout au fond de la classe, était déjà en train de ronfler...

Bon je reformule, pour mettre un peu l'ambiance avant qu'on ne s'endorme tous réellement. Je levais les yeux au ciel quand je vis Esteban écrire quelque chose qui avait très certainement à voir avec la petite dame en tailleurs rouge trop serré qui s'agitait tellement en nous donnant des règles du savoir-vivre en communauté depuis 45 minutes maintenant que son front commençait à se recouvrir d'une pellicule de transpiration.

J'appréciais Esteban, hein je n'avais aucun souci avec lui, il était très sympa mais des fois j'avais vraiment du mal à le suivre. Comment pouvait-il la prendre au sérieux ?

Je ressenti la vibration de mon téléphone dans ma poche arrière comme une délivrance. Je sortis le sortis sans aucunement songer à le cacher et quand je vis qui m'appelait mon sang ne fit qu'un tour. Cette fois c'était la bonne.

Je me levais sans gêne et me dirigeais vers la porte. Sur mon passage toutes les têtes se tournèrent vers moi, et même l'intervenante se tu. Ils auraient intérêt à me remercier demain, j'étais le premier à avoir réussi à la faire taire. Et ça faisait du bien ! Sa voix était bien trop aigue à mon gout.

- Monsieur Romer...

La prof ne termina même pas sa phrase sachant que c'était déjà voué à l'échec et que dans tous les cas je ne reviendrais pas m'asseoir. Je faisais ce que je voulais et elle le savait aussi bien que tout le monde dans ce bahut.

A la place elle poussa un long soupir. Soupir qui ne fit qu'étirer mes lèvres dans un sourire moqueur.

La porte claqua derrière moi et je laissais mes camarades à leur triste sort, heureux d'en être libéré.

- Salut Maman ! dis-je en décrochant enfin mon téléphone.

- Bonjour mon chéri, répondit-elle de sa voix douce et cristalline. Comment ça va ?

- Tu viens de m'éviter un cours très très très ennuyant, alors ça va plutôt bien. Et vous comment ça va ?

- Rose finit les cours à quinze heures alors t'imagines bien qu'elle est ravie. Et Alban vient de repartir pour la caserne.

Comment dire « te quiero » ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant