Chapitre 6

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Would you love me more
Est-ce que tu m'aimerais davantage

If I killed someone for you ?
Si j'avais tué quelqu'un pour toi ?

If I Killed Someone for You – ALEC BENJAMIN

***

               Les visages sont tellement collés au grillage que j'ai l'impression que le public est avec moi, dans la cage. Ils hurlent mon nom, certains essaient de passer les mains à travers la ferraille pour me toucher, comme pour me souhaiter bonne chance. J'essaye de m'en détacher le plus possible en roulant des épaules, étirant mon cou et mes muscles déjà douloureux après le premier combat.

Mon regard se perd dans la cage, encore souillé de la couleur de ceux qui m'ont précédé. Je frissonne et tente de me concentrer ailleurs en ancrant mes talons dans le sol pour ne pas glisser.

Je vois les lumières aveuglantes, le public affolé... et un peu plus haut, les plateformes VIP au sommet desquelles je discerne Tommy, accoudé à la rambarde, qui m'observe avec un demi sourire.

Mon cœur rate un battement.

N'oublie pas de respirer.

Je ne détache pas mon regard alors que le présentateur entre dans la cage pour faire ses annonces :

— Mesdames et messieurs, ce soir, en exclusivité, vous aller voir la petite nouvelle se faire un nom dans sa nouvelle catégorie !

Des cris hystériques percent la barrière de silence qui chante dans mes oreilles. Je baisse alors la tête, puis ferme les yeux.

Ne me déçois pas.

J'entends encore sa voix dans mon oreille, son souffle contre ma mâchoire...

Je secoue la tête.

— Vous l'aimez ! Votre terreur du ring... Ley !

Il traîne théâtralement sur la fin de mon nom, agrandissant mon calvaire dans une grimace que je tente de retenir.

— Et pour son premier adversaire... Je vous demande d'accueillir l'outsider, Hush !

Hush.

Je lève les yeux pour découvrir un regard félin fixé sur moi. Le choc prend possession de mon estomac agité dans un hoquet de surprise.

Hush.

Je fais un pas en arrière, mais je ne peux aller nulle part. Les grilles de la cage m'emprisonnent comme un animal sauvage, un monstre dangereux qu'il faudrait contrôler. Les gens m'observent et hurlent comme des bêtes curieuses devant un atroce spectacle.

Le seul à ne pas prendre plaisir à ce carnage, c'est mon adversaire. Il a baissé sa garde et me sonde avec une surprise qu'il ne peut cacher. Il ne savait pas que ce serait moi.

Qu'est-ce que je fais là...

Je fais encore un pas en arrière. Je ne peux pas rester ici. Je prends une seconde pour l'analyser... Je devine déjà la forme de son torse puissant, de ses muscles trop bien dessinés... du tatouage qui prend une bonne partie de son épaule, glisse le long de son bras tendu de veines saillantes, et avale une bonne moitié de son torse qui se soulève au rythme de sa respiration animale.

Je vais me faire bouffer.

Je lève les yeux vers la mezzanine et découvre le partenaire de Tommy, accroché à son bras, qui ricane avec lui comme deux vautours devant leur charogne.

Elle va se faire bouffer.

Je reconcentre mon attention sur Hush. Il est à moitié caché par le présentateur, qui tend les bras vers nous avant de hurler à pleins poumons :

— Que le combat commence !

Le ring sonne, et aussitôt, mon adversaire monte timidement sa garde en me regardant avec une hésitation que je n'expliquerai pas. Ses muscles se contractent... Ils luisent tellement que je peux presque y voir mon reflet. Je discerne mon air apeuré, l'horreur dans mon propre regard...

Je vais me faire bouffer.

Il fait un pas vers moi.

Je ne peux pas.

Quand il arrive à seulement un mètre, je fais un pas en arrière, me collant contre le grillage de la cage, et lève les mains en signe d'abandon.

Le ring sonne à nouveau. Il devrait être le symbole de ma libération. Mais au moment où la porte de la cage s'ouvre pour me laisser sortir, je sens un regard fixé sur moi avec une telle haine que je me retrouve figée... Mise à terre.

N'oublie pas de respirer.

Mais j'ai laissé mon souffle entre les mains de mon adversaire.

Le monstre c'était toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant