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We will turn our luck around
Nous allons inverser notre chanceFind the other side of down
Trouver l'autre côté du basTake a step into the light
Faire un pas dans la lumièreUp We Go – IMAGINARY FUTURE
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Dix ans plus tard...
L'alarme de la grille résonne dans tout mon être. Je l'ai tellement entendu depuis ces dix dernières années que j'arrive à savoir avec précision le moment où elle va s'arrêter, comme mon signal pour pouvoir bouger.
Serrant mon paquetage entre mes bras, je piétine devant la porte en ajustant la veste, trop grande pour moi, qu'ils m'ont donnée. Ma main droite agrippant mon poignet gauche, je laisse mon pouce retracer cette ligne en relief que je connais désormais par cœur. Finalement, quand cette infernale sonnerie prend fin, la grille s'ouvre automatiquement. Je reste figée en voyant l'allée de sortie s'étendre sous mes yeux.Derrière moi, le gardien s'impatiente et finit par me pousser vers l'extérieur. Mes pieds foulent le béton du trottoir, une matière que je n'avais plus senti sous mes chaussures depuis des années. Mes semelles ne reconnaissent pas le carrelage de la cour, ou le lino des dortoirs. C'est comme quelque chose de nouveau, tout en sachant que ma mémoire peut en discerner chaque aspect.
Un pas après l'autre, je progresse dans l'allée, le souffle court. En sortant de sous le préau, le soleil sort de sa cachette pour venir caresser mon visage. Je m'arrête un instant pour lever les yeux vers lui. Il me brûle instantanément, mais je m'en fiche. Je le regarde, sans grille pour nous séparer. Je ferme les yeux pour profiter de son doux effleurement. Je le laisse glisser sur moi, me réchauffer sous mes vêtements prêtés par l'agence correctionnelle de la région. Avec cette douce sensation, celle qui me vient aux oreilles quand je reconnais le gargouillis des oiseaux, et la légère brise qui vient faire danser mes cheveux, devenus beaucoup trop long. Ils viennent recouvrir mon visage – je ne les avais plus sentis ainsi depuis l'âge de vingt ans.C'est le bruit de la grille, qui se ferme derrière moi, qui me sort de ma torpeur. Je fais volte-face juste pour avoir le temps de voir la voir se verrouiller. Et moi, je suis de l'autre côté. Les gardiens me font un signe de tête entendu, et celui qui se chargeait de mon bloc me fait ce sourire qui signifie : « ne reviens jamais ». Je le lui retourne immédiatement, puis le regarde disparaître dans le bâtiment.
Je lève les yeux pour le regarder. En gros, au-dessus de la grille, il y a le panneau d'inscription de la prison fédérale, suivi de son logo. Des fils barbelés en font le tour pour dissuader les curieux de l'intérieur de regarder à l'extérieur. Pendant dix ans, j'en ai fait partie. Je me demandais quelle tête avait la prison de l'extérieur... Je n'avais jamais vraiment pris le temps, à mon arrivée, de la détailler. Finalement, elle n'est pas aussi impressionnante. Ce n'est qu'un gros bloc de béton qui vient mettre votre vie entre parenthèse, puis qui, selon les cas, fini par vous rendre votre liberté.
Je me tourne vers l'allée comme si elle pouvait la représenter. Là, j'aperçois une voiture garée devant, et une femme sortie du côté passager me fait signe.
— Ley ! appelle-t-elle.
La seconde d'après, le conducteur ouvre la portière pour sortir à son tour.
Un large sourire se fend sur mon visage, et soudainement, mes pieds trouvent tout seul le chemin de la liberté. Elle n'a pas la tête d'une allée, elle a la tête de mon frère, qui ouvre ses bras en grand pour m'accueillir à l'intérieur. Je me jette à son cou, et le serre sans aucune crainte. Mon corps ne brûle plus, ma peau n'entre plus dans cette combustion douloureuse qui me détruit encore et toujours. Cette fois, je ne ressens que ses bras qui se referment sur moi, sa tête qui se fourre dans mon cou alors qu'il me fait tourner en l'air.
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Le monstre c'était toi
No FicciónNous avons tous un monstre à l'intérieur de nous. Et nous sommes tous responsables de ce qu'il fait quand on le laisse sortir. Je pensais que le mien avait un regard noisette, un sourire bienveillant, et des dents de requins autour du cou... Mais p...