Chapitre 10

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Non, non... Non... j'veux plus... plus d'asticot, pitié, pitié, PITIEEEE, NOOON !!

Quand j'ouvre subitement les yeux, je suis au bord de la nausée et j'en ai des sueurs froides. Enfin, froides, façon de parler, je suis bien en eau mais c'est surtout parce que je boue dans cette fournaise ! Comment on respire dans ce gouffre de l'enfer ?! Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? J'ai été sage toute la vie, s'il y a bien quelqu'un qui mérite d'aller au paradis, c'est moi ! Bon, c'est vrai que Mrs Pieters vous dirait que j'ai triché à quelques devoirs mais je le jure, c'étaient des cas de forces majeures...

Je me redresse et rejette cet affreux drap qui m'étouffait, et enfin je reprends un peu mes esprits. Tout est sombre, gris et un peu bleuté, autour de moi, et je me souviens que je ne suis pas du tout en Enfer, Merlin soit loué, mais seulement en Afrique. La main sur mon cœur, je le sens battre à tout rompre mais mon état de panique s'est dissipé. Le souvenir de mon cauchemar me fait frissonner.

Valérian m'obligeait à manger tout un plat d'asticots en me disant que si je refusais alors il me ferait la gueule pour l'éternité. Il osait même utiliser ses sordides pouvoirs de vélane sur mon esprit faible... je le revois enchaîner les poses de mannequin en me tendant une énorme cuillère d'asticot en disant « une cuillère pour Chaaaad, une cuillère pour Sibéaaaal, une cuillère pour Mamiiiie... ».

Je me lève du lit et me traîne, encore fébrile, vers le balcon qui donne sur le désert. La lune me paraît énorme dans le velours noir du ciel et le vent frais me fait un bien fou. J'ai l'impression de revivre un moment, le ragoût d'asticot grouillant toujours bien présent dans ma tête avec le regard de psychopathe de Valérian.

Tout à coup, déchirant la nuit, un affreux rugissement me fait sursauter et je reste interdite, l'oeil aux aguets, en reculant d'un seul pas. Non... quand même pas un... léopod ? Non... pas jusqu'à ma chambre, quand...

Une ombre tombe juste devant moi. Avec des oreilles pointues et une queue gigantesque, et je bondis en arrière.

« SIBYYYY ! » tonitrué-je en détalant. Je m'éclate le gros orteil sur la petite marche du balcon mais je suis bien trop effrayée pour me laisser arrêter. « REVEILLE-TOI ! DEBOUT ! »

Je bondis sur le lit pour la secouer et elle se redresse tandis que je la tiens par les épaules pour m'assurer qu'elle reprenne ses esprits. Elle me détaille de ses yeux endormis.

« Qu'est-ce...

-Il faut qu'on parte ! la pressé-je, ll y a encore l'un de ces trucs sur le balc-AAAAAHAAAAH !! »

Quelque chose vient de surgir juste à côté de nous sur le lit et j'en tombe à la renverse sur le parquet. Ca a toujours des oreilles pointues et une queue, mais pas si grande que ça, en fin de compte...

« C'est un chat, m'apprend Siby avec perplexité.

-Ca rugissait, me défendé-je en me massant le coccys. et son ombre était... plus grande...

-Mais c'est quand même un chat... »

Je grogne de douleur quand celle-ci se réveille vraiment au niveau de mes fesses et je me relève. Le chat ronronne tout en tournant sur les genoux de Sibéal pour se coucher, et je sais, je sais qu'il se fout de moi.

« J'ai aussi fait un horrible cauchemar, me justifié-je en revenant sur le lit à côté de Siby. C'était ignoble ! Valérian me gavait d'asticots et tout ça, juste pour son plaisir! Il faisait des ronds avec la cuillère comme si c'était un avion et il me l'enfonçait de force dans la bouche ! »

Je plisse les yeux avec un mélange de colère et de dégoût, et mes doigts se serrent sur les draps tandis que le chat frotte sa tête contre mon genou. Je le fusille des yeux. Après Valérian, c'est le second être vivant le moins apprécié de ma nuit.

Au fait, il se passe quoi en salle des profs ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant