Chapitre 34

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"Nous avons pensé vendre deux types de roses plutôt qu'un, m'expose Lydia, Les roses rouges, bien sûr, le classique à offrir à notre crush ou à notre copain ou copine, mais aussi des roses comme celle-ci."

Lydia lève vers moi une rose d'une jolie couleur jaune orangée d'une teinte particulièrement chaleureuse et elle me la tend pour que je m'en empare. Je remarque que sur les extrémités des pétales la couleur se fait plus intense, avant de la monter à mon nez pour en sentir le doux parfum.

"Elles sentent si bon..., complimenté-je.

-N'est-ce pas ?" sourit Lydia.

Lydia est une préfète de Sixième Année et bien qu'elle ne soit pas mon élève, puisqu'elle n'a pas choisi Astronomie dans ses options, je n'en ai entendu que du bien de la part de mes collègues. C'est elle qui se charge du plus gros de l'organisation pour l'évènement de la Saint-Valentin, et son professionnalisme est admirable.

"Ces roses-ci seront les roses de l'Amitié, m'informe-t-elle avec fierté, à offrir pour remercier nos amis d'être là pour nous."

Sottement, je sens des larmes me monter rien qu'à l'entente de cette phrase et je dois papillonner précipitamment des paupières pour les chasser. Merlin, qu'est-ce qu'il m'arrive encore ! Depuis hier matin, je suis à fleur de peau et sous tension, je ne fais que me cacher et sursauter pour un rien. J'ai l'impression d'entendre mon prénom et celui de Valérian chuchoter partout où je vais. Ce n'est pas tant l'humiliation que je ressens en sachant que, si tout sorcier d'Ilvermony, prof, élèves et personnel confondu, n'est pas déjà au courant de cette stupide histoire de lettres, ce sera bientôt le cas, ce n'est pas non plus leurs diverses hypothèses qui ne sont pas vraiment en mon avantage. C'est surtout savoir que, maintenant, même Valérian a tout appris. Je ne sais qui de nous deux est vraiment le dindon de la farce, mais je suis morte de honte, et je n'ose imaginer ce qu'il peut bien penser de tout ça... en tout cas, je pense qu'il en a fini de me considérer comme son amie.

"C'est fantastique comme idée ! salué-je en lui rendant la rose. J'en aurai beaucoup à offrir, alors.

-Merci, fait Lydia, tout sourire, mais on sait pas encore combien on va devoir en commander... on va essayer de calculer ça pour ne pas ni en prendre trop, ni pas assez.

-Oui, pas évident. Lorsque tu connaîtras le nombre, tu pourras me le dire et avec Miss O'Callaghan, nous irons les chercher chez le fleuriste. Bon, je vais y aller et vous laisser continuer alors. Tu sais où me trouver si vous avez besoin d'aide."

Je pars donc et quitte le bureau du CVE. Je n'ai pas fait trois pas dans le couloir que je vois Valérian se profiler au loin, et je recule aussitôt, partant en trottinant dans l'autre sens avant qu'il n'ait pu lui aussi me voir. J'expire soulagée, une fois éloignée, et je lance un coup d'œil derrière moi pour être sûre qu'il n'y est plus. Enfin, la chance me sourit et je me retrouve en sécurité, je reprends donc ma route, encore plus déprimée.

Je me rends compte que je me suis plus attachée à lui que je ne le croyais. Il n'est pas la personne froide, coincée et pleine de jugement que j'avais imaginé au début de l'année, il est au contraire bien plus ouvert d'esprit et conciliant que la plupart des gens. Il est bienveillant, et doux, respectueux. Ça me serre le cœur en pensant que rien ne sera plus jamais comme avant maintenant. Il doit avoir entendu les mêmes choses que moi. Certaines fausses, comme ceux qui prétendent que je voulais seulement me l'approprier et le garder pour moi toute seule. Certaines vraies, comme le fait que je ne me suis intéressée à lui pour la seule raison que je pensais qu'il m'écrivait des lettres à l'eau de rose. Il doit se sentir utilisé, et je suis bien placée pour connaître l'effet d'une telle sensation.

Au fait, il se passe quoi en salle des profs ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant