Chapitre 18

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"Oh tu crois ?! Non..."

Nialh penche un peu la tête, avec un regard qui a l'air de me dire "mais si tu sais, réféchis bien, Nanak..." et il me fait signe de regarder de l'autre côté de la table où Murdok et Sib parlent tous les deux. C'est vrai que ces deux-là sont plus proches l'un envers l'autre qu'ils ne le sont avec les autres professeurs, à part peut-être moi et Sib, mais je veux dire, c'est normal ! Ils sont tous les deux profs d'Histoire, ça doit forcément créer des liens ! A réfléchir ensemble aux sujets des examens, à discuter des leçons... et tout ça, quoi !

"Non, franchement, j'crois pas... Murdok est sympa avec tout le monde ! -Oui mais quand même, y'a un truc !"

J'observe en plissant les yeux Murdok et Sib qui s'échangent un regard complice, et je tapote mon menton de mon index... c'est vrai que...

"Ah, tu trouves aussi ! comprend Nialh. 

-Après tout, c'est ta sœur...
-Et oui, je la connais !
-Huhum. C'est intéressant...

-Ils formeraient un beau couple, non ?
-Leurs personnalités sont pas mal compatibles, maintenant que j'y réfléchis..."

Dans mon adolescence, j'écrivais des petites histoires à l'eau de rose et je sais pas... ouais, sans me vanter, j'ai un œil pour la compatibilité sentimentale ! C'est dur à croire, bien sûr, étant donné que je sors toujours avec des blaireaux... Mais il est bien connu que même les plus grands psy consultent d'autres psy ! C'est dans l'ordre des choses, notre propre expertise nous dépasse souvent nous-mêmes...

"J'ai essayé d'en parler à Sib mais...
-Ouhlà, non, malheureux !! me scandalisé-je en battant l'air des mains. 

-Non ?"

Il fronce les sourcils en s'accoudant à la table et je confrme :

"NON ! Va pas la brusquer ! S'il doit se passer quelque chose, ça arrivera... 

-On peut vraiment rien faire ?!
-Si... mais avec subtilité, tu vois ?
-Du genre ?"

D'une manière qui se veut très certainement discrète, il lance un coup d'oeil par-dessus son épaule pour vérifer que Sib ne peut pas nous entendre mais... il voit ce que moi aussi je vois. Kenneth et Hanabi s'embrassant un peu trop passionnément pour le contexte, installés au bar, juste sous notre nez. Comment... osent-ils ?!

Ma bouche s'est ouverte de stupeur et mon cœur, ou mes tripes, ou d'autres organes que je situe mal, me font soudainement mal. Je connais bien ce sentiment. Une bonne dose de déception avec un relan de trahison et un certain goût d'humiliation.

Nialh se lève de la banquette, et marche déjà vers eux pour aller... taper Kenneth, ou hurler sur Hanabi, ou peut-être sortir du bar, je ne sais pas mais d'instinct, je l'attrape par le coude et le fait s'arrêter. Il est tellement énervé qu'il en tremble mais il se laisse faire, et se retourne vers moi, tout en baissant les yeux sur nos chaussures. Me forçant à ne pas regarder davantage la scène ridicule qui se déroule au comptoir, je frotte le bras de Nialh pour le réconforter et me retourne vers Sib toute aussi choquée que moi, à côté de qui Murdok lâche juron sur juron.

De mon côté, je ne sais même pas quoi dire. 

OoOoOo

"Et ben, quelle soirée ! lâché-je en soupirant.
-Elle avait pourtant bien commencé...
-C'est vrai.
-Tu as l'air vraiment déprimée par ce qui vient de se passer..., remarque Sib."

Je soupire à nouveau avant d'hocher la tête. Appuyée contre le mur qui encadre la porte des toilettes, je lance un coup d'oeil à la table où nos collègues continuent de boire puisque, bon, c'est quand même pour ça qu'on est venus. Kenneth et Hanabi ne sont plus au comptoir, Murdok et Valerian sont allés les engueuler, et je pense que ça les a motivé à aller se trouver un endroit plus tranquille pour fnir ce qu'ils ont commencé.

Au fait, il se passe quoi en salle des profs ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant