« Sib. »
Non. Pas encore. Je tire la couette pour m'enrouler dedans et signifier à Murdock que je ne vais pas me lever. Je grommèle que j'ai besoin de cinq minutes encore. Sa main ébouriffe mes cheveux, caresse doucement mon cou.
« C'est l'heure de la raclette !
- Déjà ? Marmonné-je.
- Il est presque huit heures, s'esclaffe-t-il.
- Quoi ? »
La lumière de la lampe éclaire à peine la chambre, je papillonne un instant des paupières et discerne les contours flous du visage de Murdock. L'instant d'avant j'étais en pleine de lecture de Ravage après la sortie de ski de fond.J'ai dormi combien de temps ?
« Presque deux heures ! Tu t'es endormie sur ton livre, c'était drôle, m'apprend-t-il rieur, Bon, j'crois qu'ils attendent par contre.
- ça m'étonnerait, je m'étire, Nialh quand il a faim n'a pas de principe de politesse.
- Alors va falloir te bouger les miches si t'veux qu'il reste un truc à bouffer !
- J'ai trop mal aux jambes, gémissé-je.
- On s'demande bien pourquoi ! Ce truc, c'est encore pire que le ski de descente ! Tu serai pas un peu sado Sib ?
- J'commence à me poser la question, rié-je. »
Me voyant probablement tâtonner maladroitement à la recherche de mes lunettes, il me les tend et je retrouve un semblant d'éveil en croisant son regard brun amusé. Il est déjà douché et habillé pour descendre rejoindre les autres, je me sens encore barbouillé de sommeil. Son odeur de savon me donne envie de me lover contre lui et de commencer ma nuit. Je ferme les yeux, le nez contre son torse, un petit soupir m'échappe. Et un gargouillement sonore aussi.
« Bon, vas-y. J'arrive. ».
Ses lèvres déposent un léger baiser sur les miennes, lorsque sa main quitte ma joue et qu'il sort de la chambre, je roule sur le côté pour m'extraire de la chaleur des draps et me doucher. Dix minutes plus tard, dans mon pull jacquard et mes chaussettes en laine, je claque la porte de la chambre pour retrouver le couloir de curiosités picturales. Chacune montre l'histoire du clan des Pourfendeurs de Rocs et arbore des têtes d'animaux magiques empaillés à donner sérieusement froid dans le dos. Un léger malaise me prend en croisant ses yeux vitreux figés dans l'éternité, heureusement je tombe sur Valérian tout aussi barbouillé de sommeil que moi. Il a pris un énorme coup de soleil sur le nez. Cette tâche rouge au milieu de son parfait visage m'arrache un sourire.
« Tu as fait une petite sieste ?
- C'était beaucoup plus intense que prévu, acquiesce-t-il un peu crispé.
- C'est les cuisses ? m'esclaffé-je.
- En effet... »
Il a une démarche peu naturelle qui m'amuse assez, il semble ne pas se vexer clairement conscient du ridicule de la situation. Je lui promets qu'on peut trouver un onguent à la réception pour les courbatures et lui avoue que moi-même j'en aurai bien besoin. Il acquiesce, se demandant sûrement pourquoi il s'est infligé des vacances d'hiver à la montagne à subir ça. J'ajoute avec gentillesse.
« C'est normal la première fois, si tu veux on pourra recommencer et tu verras ça ira mieux. Tu te débrouillais vraiment pas mal !
- Sibéal, je suis également professeur.
- Et... ?
- Je reconnais le ton de la bienveillance mensongère. »
Sa remarque déclenche un petit rire, alors qu'on arrive à la réception où trône cette monstruosité de gnome empaillé. Ce n'est pas l'habituel nain qui nous accueille mais une naine penché sur un gros livre couvert de chiffres qui lève à peine la tête pour nous qu'elle n'a pas toute la soirée et surtout qu'on a intérêt à faire vite. Le service client nain dans toute son authenticité. Je commande alors la lotion magique, elle me demande brusquement le numéro de notre chambre. J'échange un coup d'œil avec le vélane, il pousse un soupir avant de répondre poliment.
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Au fait, il se passe quoi en salle des profs ?
ChickLitVous vous êtes toujours demandés ce qu'il se passer en coulisse ? Dans la salle des profs des écoles de magies ? Si on invente quelques diableries pour faire pleurer les élèves ou si on paresse devant des copies ? La réponse à cette question est sûr...